Un mauvais timing
Peter Thiel, fondateur du système de paiement en ligne Paypal et qui fait partie des premiers actionnaires de Facebook, a expliqué dans les colonnes de BusinessWeek pourquoi la reprise de Twitter par Facebook avait échoué. Les dirigeants de Facebook ont fait une offre à leurs homologues de Twitter en se basant sur une valorisation de Facebook à 9 milliards de dollars. Ils proposaient alors 500 millions de dollars en actions Facebook. Or, au même moment, des employés de Facebook choisissaient de réaliser leurs stock-options en se basant sur une valorisation comprise seulement entre 2 et 4 milliards de dollars.

Facebook choisit la croissance externe
Mais les négociations ne se sont pas arrêtées là. Facebook est revenu peu après à la charge avec une nouvelle offre de 500 millions, intégrant cette fois 100 millions en cash. D'après Peter Thiel, les patrons de Twitter ont alors « prétexté » un manque de motivation de la part des dirigeants de Facebook pour refuser l'accord. Chez Twitter, on indique que l'offre aurait pu être acceptée sous une condition : que les titres Facebook soient cédés selon une valorisation correspondant à son prix de marché.

Cependant, Peter Thiel indique que les discussions continuent et ajoute que Facebook reste à l'affût de toutes les opportunités de croissance externes qui se présenteront. Mais l'actionnaire reste prudent quand il s'agit d'évaluer le bien-fondé de cette stratégie. En pleine crise économique généralisée, il peut sembler en effet risqué d'investir dans la croissance externe. Et cette stratégie peut aussi bien s'avérer géniale que catastrophique, résume Peter Thiel.

Des stratégies à mettre au point
Facebook doit encore apprendre à négocier plus subtilement ses prochaines tentatives d'acquisitions. Plusieurs dirigeants de Twitter étaient séduits par le chiffre de 500 millions de dollars, mais selon l'un des patrons de Twitter, ils ont eu le sentiment d'être « pris pour des enfants » en apprenant que Facebook se valorisait à 9 milliards quand ses employés vendaient leurs titres sur une base inférieure à 4 milliards.

D'autant que, semble-t-il, Mark Zuckerberg semblait fermement décidé à reprendre Twitter, dont il admire l'inventivité du service de microblogs. D'ailleurs, les dernières modifications apportées sur Facebook vont dans le sens d'un rapprochement vers le modèle de site participatif développé par Twitter.

La stratégie de Twitter soulève aussi quelques questions. Une valorisation à 500 millions de dollars semblait en effet bien généreuse pour un site qui ne revendique à l'heure actuelle que 6 millions de visiteurs uniques, contre 220 millions pour Facebook. Et certains analystes estiment que le site pourrait ne pas revoir de si tôt une offre aussi avantageuse.