Cédric O

ajoute Mélenchon, Ruffin, Bertrand, suspension du compte de Son-Forget

PARIS (awp/afp) - La suspension permanente du compte Twitter du président américain Donald Trump est justifiable mais "pose des questions fondamentales" sur la "régulation du débat public", a estimé samedi le secrétaire d'Etat au numérique Cédric O, alors que la décision suscite de nombreuses réactions dans la classe politique française.

"La fermeture du compte de Donald Trump par Twitter, si elle peut se justifier par une forme de prophylaxie d'urgence, n'en pose pas moins des questions fondamentales", affirme M. O dans un tweet.

"La régulation du débat public par les principaux réseaux sociaux au regard de leurs seuls CGU (conditions générales d'utilisation), alors qu'ils sont devenus de véritables espaces publics et rassemblent des milliards de citoyens, cela semble pour le moins un peu court d'un point de vue démocratique", poursuit le ministre.

Pour Cédric O, "au-delà de la haine en ligne, nous avons besoin d'inventer une nouvelle forme de supervision démocratique".

La décision de Twitter, prise au nom d'un "risque de nouvelles incitations à la violence" de la part du président américain sortant, après l'attaque de centaines de ses partisans contre le Congrès à Washington, suscite de nombreuses réactions dans la classe politique française.

Jean-Luc Mélenchon, chef de file de la France insoumise, a estimé que "le comportement de Trump ne peut servir de prétexte pour que les GAFA s'arrogent le pouvoir de contrôler le débat public", accusant "les lois Macron" d'avoir "légalisé cette censure privée". Le député LFI François Ruffin a dénoncé une décision "scandaleuse".

"Dans les années qui viennent, nous aurons la question essentielle de la régulation, et peut-être du démantèlement, des GAFAM. Ils font planer une menace sur nos démocraties", a souligné le président des Hauts-de-France, Xavier Bertrand (ex-LR), sur BFMTV.

Marine Le Pen y a vu, en marge d'un déplacement au Portugal, un "véritable coup de force démocratique de la part de grands groupes privés qui considèrent aujourd'hui qu'ils ont plus de pouvoir, et c'est probablement vrai, qu'un État".

"On ne peut pas d'un côté, et à juste titre, condamner les atteintes à la démocratie qui ont lieu dans le cadre de l'intrusion au Capitole (...) et en même temps ne pas (...) condamner très fermement ces géants du numérique qui en réalité veulent directement influer sur la démocratie en décidant qui a le droit de parler", et portent une "responsabilité" "dans une "forme d'effondrement annoncé de la liberté d'expression", a ajouté la présidente du Rassemblement national.

Pour la député LREM Aurore Bergé, "on peut combattre Trump et le chaos qu'il a entraîné mais refuser de se réjouir de voir les Gafa décider seuls, sans contrôle du juge, sans recours possible".

Le député ex-LREM Joachim Son-Forget, au coeur de plusieurs polémiques ces derniers mois, a lui vu son compte Twitter suspendu, comme celui de Donald Trump, après avoir usurpé l'identité du président américain à des fins humoristiques.

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