Paul J. Davies,

THE WALL STREET JOURNAL

Dans le domaine bancaire, mieux vaut privilégier la simplicité par les temps qui courent.

Virgin Money, l'un des petits acteurs ambitieux du secteur au Royaume-Uni, a fait part mercredi d'un bond de son bénéfice et d'un dividende plus important que prévu, ce qui a plu aux investisseurs. Comme Lloyds, le groupe a extrait des flux de trésorerie et des dividendes généreux d'un modèle d'activité simplifié, centré dans son cas sur les prêts hypothécaires et les cartes de crédit.

Cela répond parfaitement aux besoins des investisseurs. Barclays devrait en prendre note, dont le titre a été durement affecté cette semaine par sa décision de réduire ses dividendes afin de poursuivre une activité de banque d'investissement au plan mondial tout en se concentrant sur la banque de détail et les services aux entreprises au Royaume-Uni.

Des actifs qui suscitent des craintes

Mais des dangers se profilent à l'horizon pour les banques britanniques: une surchauffe du marché immobilier et le risque de sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne ("Brexit") après le référendum qui aura lieu en juin.

Dans les prêts hypothécaires, la menace vient des achats à but locatif ("buy-to-let"). Lloyds en a restreint la croissance en 2015 en soulignant que la demande de prêts provenait surtout de logeurs, qui s'adjugent une part croissante du marché. La Banque d'Angleterre est concernée car en tant qu'investisseurs financiers, ces emprunteurs sont plus sensibles aux taux d'intérêt et aux prix des logements.

Chez Virgin Money, ces prêts ont crû de 40% en 2015, soit à un rythme plus soutenu que l'ensemble du marché, apportant 1,3 milliard de livres de créances supplémentaires nettes.

Lloyds n'a enregistré qu'une hausse de 4% mais, compte tenu de sa taille, cela s'est traduit par 2,3 milliards de livres de nouveaux prêts nets et a augmenté sa part de marché. Les deux groupes détiennent maintenant une part comparable de ces créances "buy-to-let" dans leurs comptes: 17% pour Virgin Money, 18% pour Lloyds.

Un Brexit aurait un lourd impact

Les changements fiscaux à venir devraient refroidir le marché, même si Virgin Money ne prévoit pas d'impact sur la demande. Mais ces prêts hypothécaires pourraient pâtir d'un Brexit.

Le gérant de fonds BlackRock a averti qu'un Brexit affaiblirait sévèrement la livre et affecterait la capacité du Royaume-Uni à financer son déficit courant et à écouler des obligations souveraines à l'étranger. Cela pourrait entrainer une forte hausse des taux d'intérêt alors que l'économie ralentit, ce qui aurait un lourd impact sur les logeurs et propriétaires très endettés.

Compte tenu de sa capacité à gagner des parts de marché et à augmenter son dividende, Virgin Money mérite sa prime actuelle de 1,2 fois la valeur comptable attendue. Mais en attendant l'issue du référendum, les titres de Virgin Money et d'autres groupes seront sous pression.

-Paul J. Davies, The Wall Street Journal

(Version française Patrick Ramamonjisoa) ed: ECH