Londres (awp/afp) - L'opérateur britannique Vodafone et la holding de Hong Kong CK Hutchison fusionnent leurs opérations au Royaume-Uni pour créer le leader des télécommunications outre-Manche et un champion de la 5G, qu'ils espèrent valoriser à 16,5 milliards de livres (19,3 milliards d'euros).

Vodafone, qui affiche une performance en berne depuis plusieurs années, détiendra 51% de l'entreprise combinée et CK Hutchison 49%, selon un communiqué publié mercredi. La transaction devrait être finalisée avant la fin de 2024.

L'opération était dans les tuyaux depuis des mois, alors que Vodafone avait indiqué dès octobre être en discussion pour fusionner ses activités dans le pays avec Three UK, l'opérateur de télécoms d'Hutchison au Royaume-Uni, afin d'allier leurs forces dans la 5G.

"Le rapprochement créerait le plus grand opérateur de télécommunications du Royaume-Uni avec 27 millions de clients, dépassant EE, filiale de BT", selon Victoria Scholar, analyste de Interactive Investor.

Mais "la fusion doit d'abord être approuvée" par les régulateurs, "ce qui pourrait s'avérer une tâche difficile étant donné les inquiétudes probables concernant la diminution de la concurrence", poursuit l'analyste, rappelant qu'une prise de contrôle d'O2 par Three avait ainsi été retoquée en 2016.

Pour l'association de consommateurs britannique Which?, "réduire le nombre de fournisseurs de réseau de quatre à trois risque de réduire les choix offerts aux consommateurs, d'augmenter les prix et de réduire la qualité des services disponibles".

Le britannique aura l'option d'acquérir les 49% qu'il ne détient pas dans l'entreprise "après trois années complètes suivant la réalisation de la transaction" et sous réserve notamment "d'une valeur d'entreprise minimale de 16,5 milliards de livres".

L'annonce dopait le titre de Vodafone à la Bourse de Londres, qui gagnait 2,68% à 74,37 pence mercredi vers 12H15 GMT.

"Pour Vodafone, cette transaction change la donne sur notre marché national", a fait valoir la nouvelle directrice générale du britannique Margherita Della Valle. "Il s'agit d'un vote de confiance envers le Royaume-Uni et ses ambitions d'être un centre pour les technologies du futur."

Synergies

Vodafone affirme que la nouvelle entreprise "touchera plus de 99 % de la population britannique" avec son propre maillage 5G et "investira 11 milliards de livres au Royaume-Uni sur dix ans pour créer l'un des réseaux (...) les plus avancés d'Europe".

Les deux entreprises espèrent des synergies de coûts de 700 millions de livres par an à partir de la cinquième année complète suivant la conclusion de la transaction.

Le syndicat Unite s'inquiète toutefois que la fusion n'entraîne encore plus de suppressions de postes, après l'annonce de Vodafone le mois dernier de 11.000 suppressions d'emplois sur trois ans pour tenter de relancer sa compétitivité.

Et "cet accord donnera à une entreprise ayant des liens étroits avec l'État chinois une place encore plus importante au coeur de l'infrastructure de télécommunications du Royaume-Uni", s'inquiète le syndicat, appelant le gouvernement britannique à bloquer l'opération.

"Three UK et Vodafone UK n'ont pas l'échelle nécessaire" à eux seuls et "cela a longtemps été un défi pour la capacité de Three UK à investir et à être compétitif", indique Canning Fok, co-directeur général du groupe CK Hutchison. "Ensemble, nous aurons l'échelle nécessaire pour fournir un réseau 5G de premier ordre au Royaume-Uni."

Vodafone, poids lourd du secteur en Europe, mène depuis plusieurs années une restructuration qui l'a notamment conduit à se recentrer sur l'Europe et l'Afrique.

Le groupe a vu ses recettes stagner pour l'exercice 2022/2023, avec de bonnes ventes en Afrique mais de mauvaises recettes en Europe, son principal marché.

Vodafone avait annoncé début décembre le départ du précédent dirigeant Nick Read, après quatre ans à sa tête. Mme Della Valle, jusqu'alors directrice financière, avait alors pris le relai par intérim avant d'être confirmée à son poste en avril.

L'opérateur et Emirates Telecommunications (e&), devenu il y a un an premier actionnaire du groupe de téléphonie britannique, ont par ailleurs récemment annoncé un accord de "partenariat stratégique".

La fusion rendue publique mercredi n'implique pas de contrepartie pécuniaire des deux groupes mais un partage de l'endettement de la nouvelle entité, qui affichera à sa création une dette totale d'environ 6 milliards de livres, selon le communiqué.

afp/rp