Nick Read a déclaré que la décision de réduire le dividende, une première pour le groupe, était mûrement réfléchie et qu'elle répondait à la nécessité de réduire la dette et d'investir dans de nouvelles technologies pour assurer le retour à la croissance.

Il a ajouté que cette décision permettrait à Vodafone de préserver le dividende à l'avenir.

L'action Vodafone, dans le rouge à l'ouverture, a ensuite effacé ses pertes avant de basculer à nouveau en territoire négatif. Elle cédait 0,9% à 11h30 GMT en Bourse de Londres.

L'opérateur télécoms a ramené son dividende annuel à neuf centimes par action, soit une baisse de 40%. Il était de 15,07 centimes en 2018 et les analystes anticipaient 14,55 centimes.

Nick Read, qui a pris ses fonctions de directeur général en octobre, a fait état d'une détérioration des perspectives du groupe depuis ses propos rassurants en novembre sur la préservation du dividende.

    "La croissance de nos revenus de services a été soumise à de nouvelles pressions - l'Espagne reste un marché difficile, l'Afrique du Sud a connu des vents contraires - et de toute évidence les enchères pour les fréquences en Allemagne ont atteint des niveaux supérieurs aux attentes, sans compter les obligations extensives en matière de couverture, qui nécessitent des investissements", a-t-il déclaré à la presse.

MINIMUM NÉCESSAIRE

Plus généralement, l'environnement macro-économique n'est pas favorable, avec un manque de visibilité sur les principaux marchés du groupe en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique, a-t-il ajouté.

    "Nous avions une bonne marge de sécurité il y a douze mois. En novembre, elle était encore suffisante et sur les derniers mois elle a été réduite", a-t-il dit.

Le titre Vodafone a perdu 37% de sa valeur sur les 12 derniers mois en raison notamment d'inquiétudes sur le coût d'acquisition d'actifs de Liberty Global en Allemagne et en Europe de l'Est, des dépenses liées à l'attribution des fréquences pour la nouvelle génération mobile (5G) et des conditions difficiles sur certains marchés en Europe.

Avant cette décision, le rendement de dividende de l'action Vodafone était de plus 9%. Nick Read a souligné que le nouveau rendement de 5,9% restait supérieur au rendement moyen de l'indice FTSE 100 <.FTSE> de la Bourse de Londres, d'environ 5%.

Les analystes de Jefferies estiment qu'une baisse de 40% du dividende constitue le minimum nécessaire pour dissiper les inquiétudes sur la dette. "La direction doit maintenant convaincre que Vodafone est capable de renouer avec la croissance pour soutenir la politique progressive de dividende", ont-ils déclaré.

RELANCER LA CROISSANCE

Nick Read veut stimuler la croissance du groupe en misant sur les réseaux 5G et en partageant si possible les infrastructures avec ses concurrents.

Le groupe britannique, deuxième opérateur au monde en nombre d'abonnés derrière le chinois China Mobile, fait face à de lourdes dépenses pour les fréquences 5G et le haut débit fixe alors que ses ventes souffrent parallèlement d'une intensification de la concurrence sur des marchés comme l'Espagne et l'Italie.

    Les différents tours d'enchères pour la 5G en Allemagne ont déjà permis à Berlin de récolter environ 5,4 milliards d'euros auprès des quatre principaux opérateurs.

Vodafone a en outre signé un accord avec le câblo-opérateur américain Liberty Global pour des actifs en Allemagne et en Europe de l'Est d'une valeur d'entreprise de 18,4 milliards d'euros, qui vont gonfler une dette de 27 milliards d'euros.

    Moody's a abaissé en février la note de crédit de Vodafone, en prévision d'une aggravation de l'endettement du groupe, avant même la finalisation de l'accord avec Liberty.

    Nick Read a déclaré que les marges de manoeuvre dégagées par la baisse du dividende permettraient au groupe de réduire son endettement tout en améliorant la croissance des résultats du groupe à compter du deuxième trimestre.

Sur l'exercice annuel clos fin mars, le groupe a dégagé un chiffre d'affaires total en baisse de 6,2% à 43,7 milliards d'euros et une perte d'exploitation de 951 millions d'euros. Les charges pour dépréciations déjà comptabilisées au cours de l'exercice ont contribué à une perte nette de 7,6 milliards d'euros.

Pour l'exercice en cours, Vodafone table sur un bénéfice ajusté compris entre 13,8 et 14,2 milliards d'euros, ce qui correspond à une croissance organique dans le bas d'une fourchette à un chiffre, et un flux de trésorerie disponible, hors impact des fréquences, d'au moins 5,4 milliards d'euros.

(Claude Chendjou pour le service français, édité par Bertrand Boucey)

par Paul Sandle