Francfort (awp/afp) - La justice allemande a mis fin, contre un paiement de 9 millions d'euros, à une procédure pour manipulation des marchés financiers lié au "dieselgate", qui visait le directeur de Volkswagen, Herbert Diess, et le président du conseil de surveillance, Hans Dieter Pötsch, a annoncé mardi le constructeur allemand.

"Le conseil de surveillance salue la fin de la procédure" du parquet de Brunswick (Nord) visant les deux plus hauts dirigeants du groupe Volkswagen, qui étaient depuis septembre 2019 dans l'antichambre d'un procès dans le cadre du scandale des moteurs diesels truqués, a indiqué un porte-parole.

Le groupe a accepté de prendre en charge la paiement car il n'a pas identifié de "manquements aux devoirs envers l'entreprise" de la part de M. Diess ou M. Pötsch, qui étaient accusés d'avoir informé trop tard les investisseurs de la fraude sur les voitures diesel.

"Les conseillers juridiques et les représentants de l'entreprise sont de l'avis que les accusations contre M. Pötsch et M. Diess sont sans fondement", précise le groupe.

"Il est dans l'intérêt du groupe de mettre fin à ces procédures", a ajouté le porte-parole.

Fin septembre dernier, le parquet avait renvoyé les deux dirigeants pour "manipulation de cours boursier", aux côtés de l'ancien patron Martin Winterkorn, déjà renvoyé pour "fraude aggravée".

L'accord ne couvre pas l'ex-PDG, dont les avocats, sollicités par l'AFP, n'ont pas répondu dans l'immédiat.

M. Pötsch reste visé par une enquête du parquet de Stuttgart pour manipulation des marchés. L'ancien patron de la marque Audi, Rupert Stadler, attend aussi un procès.

Le scandale a éclaté en septembre 2015, quand, après des accusations de l'agence environnementale américaine (EPA), Volkswagen a reconnu avoir truqué 11 millions de véhicules avec un logiciel capable de les faire apparaître moins polluants lors de tests en laboratoire que sur les routes.

Le cours de Bourse avait alors plongé en quelques jours.

Herbert Diess, actuel PDG du groupe, était alors directeur de la marque VW. M. Pötsch était directeur financier du groupe sous M. Winterkorn.

Le "dieselgate" a déjà coûté plus de 30 milliards d'euros au constructeur allemand, qui tente depuis de redorer son image en misant sur la voiture électrique.

L'essentiel de cette somme -- frais juridiques, amendes et dédommagements -- a pour l'heure été déboursé aux Etats-Unis, notamment pour généreusement indemniser les clients pour la reprise de leurs véhicules.

En Allemagne, la constructeur a payé trois amendes d'un total de 2,3 milliards d'euros.

Fin avril, un autre volet judiciaire de ce scandale tentaculaire s'est refermé: dans le cadre d'un accord à l'amiable, Volkswagen va débourser au moins 750 millions d'euros pour rembourser 235.000 clients regroupés dans un procès sans précédent en Allemagne, similaire à une "class action" à l'américaine.

Des investisseurs réclament toutefois encore dédommagement dans le cadre d'une procédure groupée ouverte en septembre 2018 et qui doit encore durer plusieurs mois.

afp/rp