22 septembre (Reuters) - Le moment tant attendu des investisseurs semble enfin arrivé : les principales banques centrales ont signalé ce mois-ci qu'elles approchaient de la fin de leur cycle de hausses de taux d'intérêt.

Dans ce contexte, ils seront attentifs aux données sur l'inflation dans les économies développées attendues dans les prochains jours.

Côté émergents, l'Inde s'apprête à intégrer des indices obligataires et plusieurs banques centrales doivent trancher entre stabilité de la devise et ralentissement économique.

Tour d'horizon des perspectives de marché:

1/ PRESSION SUR LES PRIX

L'indice PCE d'inflation, l'indicateur préféré de la Réserve fédérale sur l'évolution des prix, sera publié vendredi prochain, un peu plus d'une semaine après les dernières annonces de politique monétaire de la banque centrale.

La Fed a signalé mercredi qu'elle prévoyait de maintenir les taux d'intérêt à un niveau élevé pendant une période prolongée afin de maîtriser les pressions sur les prix.

En juillet, l'indice PCE a augmenté de 3,3% sur un an alors que la Fed a un objectif d'inflation de 2%.

Les investisseurs suivront également les événements à Washington, où les législateurs américains doivent s'accorder sur les dépenses du gouvernement avant le 30 septembre, au risque sinon de déclencher un "shutdown" gouvernemental.

2/ PAUSE

La Banque centrale européenne (BCE) n'a pas encore terminé sa lutte contre l'inflation mais les marchés commencent déjà à anticiper le moment où le combat sera gagné.

Les prix à la consommation dans la zone euro en septembre, attendus aussi vendredi prochain, seront donc suivis avec une grande attention.

L'inflation globale dans la zone euro reste bien supérieure à l'objectif de 2% fixé par la BCE, mais elle évolue dans la bonne direction : les prix à la consommation ont augmenté de 5,2% sur un an en août et les économistes interrogés par Reuters tablent sur un affaiblissement à 4,6% ce mois-ci.

Plus tôt en septembre, la BCE a relevé son taux directeur à un niveau record de 4% et a revu à la hausse ses prévisions d'inflation pour 2024 et 2025.

Mais face à l'affaiblissement de l'économie du bloc monétaire, confirmé par les indices PMI publiés vendredi, la banque centrale a également laissé entendre que son cycle de resserrement monétaire, le plus agressif depuis la création de l'institution, touchait probablement à sa fin.

Une nouvelle baisse de l'inflation ne manquera pas de susciter d'intenses spéculations sur le calendrier de la première baisse des taux.

3 / REBOND DU BARIL

Le prix du pétrole, un composant majeur de l'inflation qui échappe au contrôle de tout décideur politique, a dépassé les 90 dollars le baril pour atteindre son plus haut niveau en dix mois, rappelant de manière désagréable que ce qui baisse peut aussi facilement remonter.

L'Arabie saoudite et la Russie, qui représentent plus de 20% de la production mondiale, ont prolongé les réductions de production jusqu'à la fin de l'année, afin d'aligner l'offre sur la demande.

La plupart des analystes s'accordent à dire que le prix du pétrole devrait croître plus longtemps pour que l'inflation globale augmente réellement, en théorie. Mais les prédictions d'un baril à 100 dollars se font de plus en plus crédibles.

De quoi encourager les banques centrales à rester très prudentes et ne pas déclarer - encore - la fin de leur lutte contre l'inflation.

4 / BIENVENUE AU CLUB

L'Inde a enfin obtenu le feu vert de JPMorgan pour rejoindre son indice obligataire de référence GBI-EM, composé de souverains en devises locales et sur lequel est investi un volume total de 236 milliards de dollars.

Cette inclusion devrait attirer des milliards de dollars sur les marchés obligataires indiens.

L'intégration officielle se fera par paliers à partir de juillet 2024, jusqu'à ce que l'Inde représente 10% de l'indice.

L'Inde a entamé des discussions sur l'inclusion de sa dette dans les indices mondiaux en 2019 mais cette ambition a été retardée par un certain nombre de facteurs, notamment sa position sur les taxes sur les plus-values et les règlementations locales.

Ses marchés d'obligations d'État, sur lesquels les étrangers détiennent actuellement moins de 2% de l'encours, pourraient bénéficier d'un nouveau coup de pouce lorsque le fournisseur d'indices FTSE Russell décidera, jeudi, d'intégrer ou non l'Inde à son indice de référence des obligations émergentes.

5/ DILEMME DES DEVISES

Les banques centrales asiatiques sont confrontées à un dilemme : comment gérer l'affaiblissement de la croissance économique et une inflation qui a atteint son pic tout en limitant la chute des devises locales?

Jeudi, la Banque d'Indonésie a maintenu ses taux inchangés pour le huitième mois d'affilée. La faible inflation plaidait en faveur d'une baisse, mais le gouverneur Perry Warjiyo a souligné que la stabilité de la monnaie était un facteur décisif. La roupie est à son plus bas niveau depuis six mois et sa prime de rendement par rapport au dollar américain a diminué.

Le même jour, la banque centrale philippine a préféré soutenir le peso à travers une pause restrictive plutôt que la croissance économique, progressant pourtant à son rythme le plus bas en presque 12 ans.

La Banque de Thaïlande se réunira mercredi et devrait rester ferme, le baht étant sous forte pression, malgré des déficits jumeaux (budgétaire et commercial) importants et une économie en difficulté.

Des interventions sur les marchés de changes peuvent avoir lieu, mais les décisions d'autres banques centrales, et surtout de la Fed, jouent un rôle déterminant.

(Compilé par Amanda Cooper, version française Corentin Chappron, édité par Blandine Hénault)