13 octobre (Reuters) - La géopolitique demeure au premier plan des préoccupations et les marchés sont pour le moins nerveux.

La semaine prochaine pourrait néanmoins rassurer les investisseurs sur la résistance des ménages et des entreprises à l'incertitude macroéconomique: certaines des plus grandes entreprises mondiales publient leurs résultats et des données sur la croissance, les salaires et les dépenses de consommation sont attendues aux États-Unis, en Chine et en Grande-Bretagne.

Tour d'horizon des perspectives de marché pour les prochains jours:

1/ SAISON DES RESULTATS

La saison des résultats débute vendredi aux Etats-Unis et devrait être marquée par une reprise de la croissance des bénéfices après un premier semestre en demi-teinte.

Tesla donnera mercredi le coup d'envoi pour les plus grandes capitalisations, principaux moteurs de la hausse des actions en 2023.

Bank of America et Goldman Sachs publient leurs résultats mardi. Parmi les autres grandes capitalisations figurent le géant de la santé Johnson & Johnson (lundi), Netflix (mardi) et Philip Morris International (mercredi).

Les ventes au détail américaines pour le mois de septembre, attendues mardi, donneront un aperçu de la santé des consommateurs, alors que les investisseurs cherchent à savoir si l'économie peut éviter un atterrissage brutal. En août, les ventes au détail aux Etats-Unis ont augmenté plus que prévu, la hausse des prix de l'essence ayant soutenu les recettes des stations-service.

2/ CHÂTEAUX DE SABLE

L'horloge tourne: Country Garden a jusqu'à mardi pour honorer le paiement de coupons sur sa dette détenue à l'étranger, au risque sinon de voir l'ensemble de sa dette offshore de près de 11 milliards de dollars considérée comme en défaut.

Il ne s'agirait pas du premier groupe dans cette situation: des promoteurs totalisant 40% des ventes de logements en Chine sont en défaut de paiement depuis 2021, date à laquelle une crise de liquidité a frappé le secteur, qui représente environ un quart de l'économie chinoise.

Pékin a récemment mis en place une série de mesures, mais elles n'ont eu que peu d'impact sur les ventes de logements.

Selon certaines informations, le gouvernement chercherait à augmenter son déficit budgétaire pour atteindre son objectif de croissance de 5% fixé pour cette année.

Des données récentes suggèrent déjà que le pire est peut-être passé pour certaines parties de l'économie. La publication mercredi du PIB, de la production industrielle et des ventes au détail viendront confirmer ou non cette impression.

3/ LES POLONAIS AUX URNES

Les Polonais voteront dimanche pour élire leur nouveau gouvernement, à l'issue d'une course serrée et imprévisible. Le coût de la vie et l'immigration sont des questions essentielles, mais le vote déterminera aussi quels liens -aujourd'hui distendus- la Pologne entretiendra avec Bruxelles, et aura des conséquences importantes pour les élections européennes de 2024.

Les sondages indiquent une victoire du parti nationaliste au pouvoir, Droit et Justice (PiS), mais sans majorité absolue, ce qui pourrait fragiliser le gouvernement, voire conduire à un vide politique qui pèserait sur le zloty, les souverains polonais et le marché boursier du pays.

Le cycle électoral s'accélère dans d'autres marchés émergents, les Équatoriens votant dimanche pour un nouveau président et les Argentins se rendant aux urnes le 22 octobre.

4/ OPTIMISME SUR LES BANQUES

Les valeurs bancaires européennes sont sous pression, alors que la hausse des taux d'intérêt approche de sa fin et que les risques de récession augmentent, mais certains grands investisseurs continuent de parier sur le secteur.

Les banques ont longtemps sous-performé le principal indice européen, le Stoxx 600. À la veille de la publication de leurs résultats trimestriels la semaine prochaine, les actions des banques européennes atteignent un rendement du dividende d'environ 8%, supérieur à celui atteint pendant la crise de 2008.

Les banques ont profité de l'augmentation du coût de leurs prêts, alignée sur les taux de la banque centrale.

Les prévisions des analystes recueillies par le gérant d'actifs européen Amundi montrent que les banques européennes devraient augmenter leurs bénéfices ajustés de 25% cette année, puis de 6% en 2024.

5/ LE DILEMME DE LA BOE

Depuis des mois, la Banque d'Angleterre (BoE) est constamment surprise par la dynamique d'inflation, supérieure aux attentes et aux prévisions de la banque centrale pendant la majeure partie de l'année, avant de ralentir plus que prévu en août - ce qui a pu pousser la BoE à laisser ses taux inchangés lors de sa dernière réunion.

L'inflation reste toutefois plus de trois fois supérieure à l'objectif de 2% de la BoE et la croissance est à la peine. Le marché du travail commence à se refroidir, mais le salaire de base a augmenté à son rythme le plus rapide jamais enregistré, ce qui rend la tâche de la BoE encore plus ardue.

Les données sur l'emploi et l'inflation, attendues respectivement mardi et mercredi, pourraient surprendre de nouveau la banque centrale et mener à une situation délicate pour la réunion de novembre de la BoE, un peu plus de deux semaines plus tard.

(Compilé par Amanda Cooper; graphes Sumanta Sen, Prinz Magtulis, Vineet Sachdev, Pasit Kongkunakornkul, Kripa Jayaram, Corentin Chapron pour la version française, édité par Blandine Hénault)