Depuis notre dernier point mensuel, les places financières ont connu une période de très forte volatilité après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, engendrant des dégagements brutaux sur la plupart des secteurs et parallèlement l'envolée des matières premières et des cours pétroliers. Voilà maintenant plusieurs semaines que les affrontements s'intensifient, l'occident a riposté en annonçant une kyrielle de sanctions financières à l'encontre de la Russie. Les indices continuent d'évoluer de manière très erratique au gré des annonces contradictoires sur l'évolution des pourparlers. Pour autant, la nervosité est récemment redescendue d'un cran, les marchés reprenant de la hauteur même si les derniers signaux géopolitiques ne sont pourtant pas plus encourageants.

Malgré les espoirs de cessez-le-feu, les incertitudes au sujet de la croissance persistent, en raison des boycotts, des craintes d'approvisionnement qui pourraient de nouveau peser sur l'activité des sociétés et surtout des tensions inflationnistes visibles depuis de nombreux mois. Le premier tour de vis du nouveau cycle de resserrement monétaire de la banque centrale américaine a néanmoins été bien accueilli. Cette inflexion majeure, destinée à réduire la liquidité disponible pour répondre à la flambée des prix, ne devrait constituer que la première d'une longue série puisque la Fed envisage des hausses équivalentes à chaque réunion d'ici la fin de l'année. Elle prévoit ainsi de porter son taux directeur entre 1.75% et 2% après avoir largement revu ses prévisions d'inflation, laquelle devrait atteindre 4.3% cette année (contre une précédente anticipation de 2.8% en décembre). Elle avait même atteint un pic de 40 ans en février à +7.9%.

Dans la lignée, la banque centrale d'Angleterre a procédé à une troisième hausse de taux d'intérêt, à 0.75%, se montrant néanmoins plus prudente sur la nécessité d'une poursuite du resserrement monétaire dans les prochains mois.
A contre-courant, bien qu'ayant elle aussi relevé ses prévisions d'inflation à 5.1% pour 2022 (après un record à 5.8% en février), la BCE devrait accélérer la réduction de ses achats nets d'actif mais semble disposer d'autres outils supplémentaires avant d'envisager de relever ses taux. 

La situation ukrainienne devrait continuer de focaliser l'attention dans les semaines à venir, en attendant la nouvelle saison des résultats pour le premier trimestre 2022, qui débutera mi-avril. Le quatrième trimestre, bien que peu salué, s'était soldé par un bilan qualitatif, avec 76% des sociétés du S&P500 qui ont dépassé les attentes en termes de bénéfices, ces derniers ayant progressé en moyenne de 31%.
Le consensus table actuellement sur des bénéfices en hausse de 3.7% au premier trimestre et les prévisions des sociétés sont suivies avec attention, avec l’inflation, les défis de la chaîne d’approvisionnement et les inquiétudes actuelles liées à la crise ukrainienne.
Le rebond en cours des places financières restent donc fragiles et invite à la prudence. 

D’un point de vue technique, le CAC40 a connu un violent mouvement de correction depuis mi-février, en raison des tensions géopolitiques en Ukraine. Le mouvement a ramené l'indice à proximité des 5750 points, occasionnant ainsi une perte passagère de 19.5% depuis le début de l'année. Quelques achats à bon compte ont rapidement permis à l'indice parisien de reprendre de la hauteur sur fond d'espoirs d'avancées dans les négociations diplomatiques.
En données hebdomadaires, le CAC40 est désormais en phase de consolidation. Seul l'enfoncement des 5990 points en clôture dégraderait davantage la configuration. A plus court terme, la volatilité reste importante. Le rebond en cours pourrait se poursuivre avec les 6750 points comme principal objectif. Un retour sous les 6400 points mettra à mal ce scénario, suggérant de nouveaux dégagements plus marqués en direction des 6200 points voire 5960 points par extension.