Paris (awp/afp) - Le secteur bancaire mondial, ébranlé depuis dix jours par la faillite de l'établissement américain Silicon Valley Bank (SVB), reste très chahuté en Bourse lundi au lendemain du rachat précipité de la banque Credit Suisse par sa rivale UBS, qui n'a pas suffi à rassurer les investisseurs.

En Europe, l'indice sectoriel des banques, le Stoxx Europe 600/Banks, reculait de 2,12% à 11H20 (10H20 GMT). Les places boursières européennes restaient hésitantes malgré les différentes actions menées par les banques centrales pour améliorer l'accès aux liquidités, mesure exceptionnelle pour rétablir la confiance dans le système financier.

Le problème Credit Suisse est-il réglé?

A l'issue d'intenses tractations ce week-end, le premier groupe bancaire suisse UBS a consenti dimanche à racheter pour une bouchée de pain son rival en difficulté Credit Suisse, avec d'importantes garanties du gouvernement de Berne.

Le montant du rachat de Credit Suisse, qui traversait une intense phase de turbulences depuis le début de la semaine dernière, s'élève à 3 milliards de francs suisses suisses (3,02 milliards d'euros), payables en actions UBS, pour une banque qui en valait près du triple vendredi à la clôture de la Bourse.

Lundi matin, l'action Credit Suisse a chuté en dessous du prix de l'offre d'UBS, s'effondrant dans un premier temps de plus de 62% avant de remonter au-dessus du prix de l'offre. De son côté, le titre UBS a perdu jusqu'à 15% de sa valeur avant de se reprendre.

Le rachat de Credit Suisse par UBS va par ailleurs faire perdre 16 milliards de francs suisses suisses à des détenteurs d'obligations à risques.

Cette opération de rachat "n'est pas seulement décisive pour la Suisse (...) mais pour la stabilité de l'ensemble du système financier" mondial, a affirmé le président de la Confédération helvétique, Alain Berset.

Le système bancaire de la zone euro est "résilient", avec de solides niveaux de capitaux et de liquidités", a assuré lundi en fin de matinée la Banque centrale européenne.

Saluant un "bon accord", le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire a cependant indiqué que la France restait "extrêmement vigilante sur la réaction des marchés" car Credit Suisse "pèse lourd dans le contexte européen".

Les banques centrales s'attaquent au problème des liquidités

Pour éviter tout risque de contagion, les plus puissantes banques centrales mondiales ont annoncé dimanche soir, dans la foulée du rachat de Credit Suisse, une action concertée pour faciliter l'accès aux liquidités en dollars.

Avec cette mesure exceptionnelle, la banque centrale européenne (BCE), la Réserve fédérale des Etats-Unis ainsi que les banques centrales d'Angleterre, du Canada ou encore du Japon vont renforcer les "lignes de swaps", un réseau qui sert de "filet de sécurité de liquidités pour apaiser les tensions sur les marchés de financement internationaux et contribuer ainsi à atténuer les effets de ces tensions sur l'offre de prêts aux ménages et aux entreprises".

En 2020 la Fed avait mis en place et étendu des accords similaires face à l'avancée de la pandémie de Covid-19, et ceux-ci avaient été déjà prolongés

Encore des incertitudes aux Etats-Unis

Aux Etats-Unis, le secteur bancaire reste sous tension après une semaine noire consécutive aux faillites de la Silicon Valley Bank et de Signature Bank.

Dimanche, l'agence de notation financière S&P a abaissé de BB+ à B+ la note de la banque First Republic, basée à San Francisco et qui a vu sa valorisation en Bourse fondre de 80%.

First Republic a assuré qu'elle était "bien placée pour gérer" les retraits à court terme", grâce à ses propres réserves et au fait que onze banques américaines se sont engagées à déposer 30 milliards de dollars sur ses comptes.

"Le système bancaire américain est solide en termes de capitalisation et de liquidités et le système financier américain est résilient", ont affirmé dimanche la ministre de l'Economie américaine Janet Yellen et le président de la banque centrale Jerome Powell.

Pour le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau, également membre du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE), "un problème" se situe aux Etats-Unis où "nombre de banques moyennes n'ont pas été soumises aux règles de sécurité qui ont été adoptées" après la crise de 2008.

afp/ol