(Répétition sans changement d'une dépêche transmise vendredi soir)

par Sinead Carew

29 décembre (Reuters) - Wall Street a, d'une manière générale, été moins agitée en 2014 que les années précédentes mais sans que la situation boursière ait pour autant tourné au calme plat.

De gros dégagements sur les biotechnologiques et les médias sociaux avaient amené les stratèges à prévoir le pire au printemps, tandis que la chute des cours pétroliers plombe quelque peu l'horizon pour l'année à venir.

Ce fut une année où Cynk Technology, une société au stade du développement sans le moindre revenu, a brièvement valu six milliards de dollars, tandis qu'un fonds obscur axé sur Cuba appelé Herzfeld Caribbean Basin Fund a suscité plus de transactions en une séance de décembre qu'en six ans.

En ayant cela présent à l'esprit, Reuters a posé à des stratèges de Wall Street quelques questions sur les particularités à surveiller l'an prochain.

THE BIG APPLE

Apple, première capitalisation boursière américaine, terminera en hausse pour la sixième année d'affilée. Avec 663 milliards de dollars de capitalisation, s'il fallait choisir la société qui, la première, atteindra les 1.000 milliards de dollars de capitalisation, Apple viendrait en tête de liste. Mais ce ne sera pas pour l'année prochaine, de l'avis des investisseurs. L'iWatch, dernier produit de la firme à la pomme, ne sera peut-être pas suffisant pour la propulser à de nouveaux sommets.

"Je ne vois vraiment pas cette société faire la différence avec une nouvelle catégorie de produits. La montre ne semble pas être une très bonne idée; je ne fais pas trop dans la mystique Apple", commente Kim Forrest (Fort Pitt Capital Group).

NASDAQ 5000

En comptant les gains de vendredi, l'indice Nasdaq Composite est à moins de 200 points de la barre des 5.000, qu'il n'a plus visitée depuis près de 15 ans. Son record de séance de 5.132,52 atteint le 10 mars 2000 semble aussi à portée de main.

"Je pense que le Nasdaq éprouvera et atteindra des sommets plus élevés que ceux de 2000 parce que je pense que nous sommes dans un marché 'bull' (haussier) bien ancré qui en a encore pour huit à 10 ans", estime Jeffrey Saut (Raymond James & Associates).

A 5.000, le Nasdaq enregistrerait un gain de 4% et à son record de séance, la hausse serait de l'ordre de 7%.

Tous les investisseurs ne considèrent pas cela comme acquis.

"Ce qu'il nous faut à présent, ce sont des fondamentaux comme les chiffres d'affaires et les résultats qui rattrapent les valorisations du moment", affirme Jack Ablin (BMO Private Bank).

DAVANTAGE DE PÉRIPÉTIES HORS TRADING

Les marchés financiers ont été sujets à divers incidents opérationnels qui ont affecté les transactions ces dernières années et l'avenir devrait reproduire le passé et le présent en cette matière, estiment les investisseurs.

Rien qu'en 2014, Market Vectors Gold Miners ETF, un fonds indiciel sur l'or, a plongé de 10% dans les toutes dernières secondes de trading d'une séance du début décembre. La firme de trading haute fréquence Virtu Financial a du elle renoncer à s'introduire en Bourse en raison de la publicité désastreuse du livre de Michael Lewis "Flash Boys".

Aucun de ces incidents n'a eu des conséquences aussi fâcheuses que le "flash crash" de mai 2010. Le coup de tabac le plus sérieux de 2014 a touché le marché obligataire à la mi-octobre, lorsque le rendement de l'emprunt du Trésor américain à 10 ans a perdu plus de 0,3 point sans prévenir.

"Il y aura un incident c'est sûr, au moins un, sans doute plus", prédit Joe Saluzzi (Themis Trading). "Les investisseurs veulent payer moins, en échange de cela, il y a aussi des risques, lesquels sont habituellement liés à la technologie et souvent, ils ne s'en tirent pas sans dommage".

"Chaque fois que tous ces systèmes communiquent entre eux, des problèmes surviennent. Ils sont rigoureusement testés mais pas pour toutes les circonstances extrêmes", observe Forrest, de Fort Pitt Capital.

SALE TEMPS POUR LES BIOTECHS?

Les investisseurs craignent que le début d'année soit rude pour les biotechnologiques, du fait que le gestionnaire des régimes de couverture des médicaments Express Scripts a mis en terme, le 22 décembre, à celle du traitement de l'hépatite C de Gilead Sciences.

L'actualité des biotechs a été chargée en 2014: elles étaient au coeur de la tourmente au printemps et ont encore subi un avis de tempête en décembre à la suite de la déconvenue de Gilead.

"Je pense que les biotechs, en tant que catégorie d'actifs, sont plutôt chères", observe Saut, de Raymond James. "Mais dans les trois à cinq ans à venir, les grandes avancées proviendront de ces biotechs; vont-elles rétrograder? Je n'en sais rien mais pour l'heure, il vaut mieux sans doute voir ailleurs". (Avec David Gaffen, Wilfrid Exbrayat pour le service français)