Zurich (awp) - Alors que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) peine à déterminer si l'épidémie du nouveau coronavirus constitue ou non une urgence de santé publique internationale, son impact sur les principales places boursières demeurait jeudi confiné aux Bourses asiatiques.

Le virus décelé en décembre en Chine est responsable pour l'heure de 17 décès, tous recensés dans la province de Hubei, et de plusieurs centaines de personnes contaminées.

Pékin a adopté jeudi des mesures drastiques de confinement de la ville de Wuhan, épicentre désigné de l'épidémie, suspendant tout trafic aérien et ferroviaire, ainsi que les bus, métros et ferries en provenance de cette mégalopole de plus de 11 millions d'habitants. Les péages aux sorties autoroutières de la ville sont fermés.

La ville voisine de Huanggang à 70 km à l'est, qui compte 7,5 millions d'habitants, fait l'objet de mesures similaires.

Ces mesures surviennent après que le virus a été détecté dans plusieurs pays d'Asie, ainsi qu'aux Etats-Unis, et que nombre d'aéroports mettent en place des contrôle de température des voyageurs pour repérer et isoler les personnes potentiellement infectées.

Les autorités sanitaires de l'Empire du Milieu ont par ailleurs souligné que la plupart des victimes étaient des personnes âgées souffrant déjà d'autres maladies.

En première ligne, les plateformes boursières de Chine continentale (Shanghai -2,75%, Shenzhen -3,45%) et de Hong Kong (Hang Seng -1,52%) ont clôturé jeudi en nouvelle baisse marquée, pour leur ultime séance avant la semaine de congé pour le Nouvel An chinois, qui se traduit habituellement par une explosion des voyages de résidents de l'Empire du Milieu.

La longue pause pourrait aussi limiter les dégâts au niveau des Bourses la semaine prochaine en cas de rebondissement de la crise sanitaire, ont relevé les experts du cabinet Wanlong Securities.

A Tokyo, le Nikkei a lâché près de 1%.

Wall Street et Zurich épargnées

Wall Street (Dow Jones: -0,03% mercredi soir) et Zurich par contre semblaient encore relativement immunisées, plus préoccupées par la saison des résultats d'entreprises que par l'agitation autour d'une éventuelle pandémie. Le Dow Jones a bouclé sa séance de mercredi pratiquement à l'équilibre et près de ses sommets historiques.

Le Swiss Market Index (SMI) évoluait jeudi après-midi dans le rouge (-0,52% à 14h20), au lendemain toutefois d'une séance qui l'a vu venir chatouiller la barre inédite des 11'000 points et clôturer sur une nouvelle marque de référence à 10'895,07 points.

Rappelant que la Banque mondiale devise l'impact économique potentiel d'une pandémie "grave" à près de cinq points de pourcentage du produit intérieur brut mondial - soit plus de 3000 milliards de dollars - l'analyste John Plassard de Mirabaud Securities souligne que le Fonds monétaire international (FMI) estime cet éventuel impact limité dans le temps.

L'expert relève un impact sectoriel sélectif depuis l'annonce en début de semaine de l'épidémie de coronavirus. L'industrie du tourisme et des voyages, notamment vers la Chine, souffre d'annulations de vacances et des mesures de confinement ou de restriction adoptées.

Les actions du spécialiste des boutiques hors-taxes Dufry et l'exploitant de l'aéroport zurichois Flughafen Zurich cédaient dans ce contexte respectivement 1,5% et 0,8%.

Assurances et réassurances pourraient voir leurs dépenses enfler en cas de multiplication des traitements.

Le luxe enfin, déjà mis à mal par les troubles persistants qui secouent l'important marché hongkongais, risque de perdre encore des plumes. Swatch (-2,2%) et Richemont (-2,0%) figuraient en queue de classement.

M. Plassard tient toutefois à relativiser les scénarios catastrophes, rappelant que l'OMS recense annuellement trois à cinq millions de cas graves de grippe ordinaire à travers le monde, entraînant entre un quart et un demi-million de décès. L'analyste doute que le nouveau coronavirus dispose du même potentiel de nuisance.

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