Le Nasdaq perd un peu d’altitude (mais reste en apesanteur)

Impossible de ne pas parler du Nasdaq cette semaine, puisque c’est par lui qu’est arrivé le coup d’arrêt affiché par Wall Street. 

Les variations du Nasdaq 100 sur 5 jours illustrent la difficile semaine des valeurs technologiques américaines. L'indice n'a pas perdu son titre de leader 2020, grâce à la confortable avance qu'il avait acquise auparavant, mais la secousse a été rude. Quelques grosses capitalisations ont subi des dégagements marqués. On pense à Tesla, Facebook, Netflix et Microsoft (-8% environ), même si leurs gains 2020 restent hors norme. Même Sa Majesté Apple a perdu 6%.

Bloomberg - Graphique du Nasdaq en journalier sur 2020

Les dégagements de septembre sont les plus importants depuis le rebond des actions à la fin du mois de mars dernier. Wall Street a tenté un rebond mercredi, gommé en partie jeudi. La phase de correction en cours n'est pas forcément terminée.

Terminons par un focus sur les grosses entreprises du Nasdaq 100, celles qui pèsent plus de 100 Mds$. Le palmarès qui suit a été classé par PER 2020 attendu par les analystes. C'est le grand écart entre Intel et ses 10,7 fois et Tesla et ses… 353 fois !

Source Zonebourse avec S&P Global Market Intelligence


La Borsa Istanbul, plombée par l’inflation

Lorsqu’il s’agit de diversifier son portefeuille, on peut penser à la diversification géographique et donc aux pays émergents qui seront sans doute des moteurs clés de la croissance économique de demain. Selon les estimations du FMI, avec un PIB qui représente près de 744 milliards de dollars en 2019, la Turquie serait la 19e puissance économique du monde devant la Suisse. Qu’en est-il de son parcours boursier ?

Le BiST 100 ou la Borsa Istanbul est l’indice des plus grandes capitalisations turques. Il a été créé en 1986 et s’exprime en lire turque. Sur 2020, le BiST 100 réalise une performance négative 3,8% ce qui est loin des indices américains, mais qui reste honorable si l’on regarde l’Europe. 



Bloomberg - BiST 100 en données hebdomadaires sur 10 ans affiché en devise locale

Toutefois, n’allons pas trop vite en besogne sur les performances chiffrées du BiST 100 car la Turquie est pénalisée par une forte inflation depuis 2018. En cause, une surchauffe de l’économie liée à la mainmise du président Erdogan sur la politique monétaire pour soutenir une croissance élevé. Le tout, sur fond de tensions politiques avec Washington à l’époque.

Bloomberg - Taux d’inflation de la Turquie - Il atteint un plus haut annuel de 25% en octobre 2018

Face à cette inflation galopante, les turques voient leur pouvoir d’achat diminuer car les salaires n’augmentent pas aussi rapidement que les prix. La lire perd donc de sa valeur et pour éviter l’érosion du capital, le comportement typique est une fuite de la monnaie vers des actifs plus rémunérateurs comme… la bourse. C’est ce que montre le premier graphique qui expose un BiST 100 avec une tendance légèrement haussière. Néanmoins, la réalité est tout autre lorsque l’on prend le même indice en dollar et qu’on le croise avec la lire turque :

Bloomberg - BiST 100 en données hebdomadaires sur 10 ans affiché en dollar et croisé avec la lire turque

Sur ce graphique, on remarque facilement la divergence des deux courbes qui intervient d’ailleurs en 2018, période où l’inflation atteint son plus haut. Cette inflation vient même rogner le rendement réel du BiST 100 qui ne correspond pas à la variation nette des cours. Plus haut, on disait que sur 2020, la bourse d’Istanbul réalisait une performance négative de 3,8%. De plus, sur un an, l’inflation moyenne est de 11,2% environ. Le rendement réel du BiST 100 sera donc de -15% sur l’année.

Enfin, si l’on regarde les courbes du Lyxor MSCI Emerging Markets et du Lyxor MSCI Turkey, les valeurs turques ont souvent surperformé les marchés émergents dans leur ensemble jusqu’en 2018, pic de l’inflation. 

Bloomberg - Lyxor MSCI Emerging Market en courbe jaune ; Lyxor MSCI Turkey en courbe blanche - sur une base 100