Dans son communiqué, Nomura indique que les 2 Mds$ concernent des transactions avec un client américain. L'estimation est basée sur les prix du marché au 26 mars et pourrait changer en fonction du dénouement des transactions et des fluctuations des cours. L'annonce intervient après une série de transactions de blocs de titres aux États-Unis vendredi qui, selon les investisseurs, ont fait chuter le cours d'un certain nombre de sociétés. Les transactions étaient liées à des ventes de participations par Archegos Capital Management, a déclaré à Reuters une personne ayant connaissance de l'affaire, confirmant d'autres rumeurs circulant sur le marché. Des entreprises technologiques chinoises mais surtout ViacomCBS ou Discovery en ont fait les frais.

Nomura a indiqué être en cours d'évaluation de l'impact de la perte potentielle sur ses résultats consolidés pour l'exercice clos le 31 mars. La banque a enregistré une hausse de 23 % de son bénéfice net d'avril à décembre, pour l'équivalent de 2,82 Mds$, après avoir publié son meilleur troisième trimestre depuis 15 ans.

Les performances récentes de Nomura ont été tirées par ses activités aux États-Unis, qui comprennent la banque d'investissement et les opérations sur actions et obligations. La perte américaine annoncée lundi est probablement liée à des transactions effectuées par l'unité de prime brokerage de Nomura, a indiqué le quotidien économique Nikkei sans préciser où il avait obtenu cette information.

"Nomura Holdings devrait être en mesure d'absorber des pertes de cette ampleur", a déclaré un courtier à Reuters, refusant d'être identifié car il n'était pas autorisé à parler aux médias. "Cela soulève la question de savoir s'il y a des pertes dans d'autres banques d'investissement japonaises qui n'ont tout simplement pas encore été révélées, mais à ce stade, il semble que ce problème ne concerne que Nomura. Ce n'est pas quelque chose qui va faire chuter l'ensemble du marché des actions".

Une séance singulière

Vendredi, les marchés s'interrogeaient sur l'identité du mystérieux vendeur derrière 10,5 Mds$ de transactions de blocs exécutées notamment par Goldman Sachs, qui ont fait s'évaporer près de 35 Mds$ de capitalisation sur une série de titres. La banque américaine a notamment placé des actions Baidu, Tencent Music Entertainment ou Vipshop, mais aussi des titres ViacomCBS, Discovery, Farfetch ou iQiyi. Morgan Stanley aurait aussi procédé à d'importantes cessions pour le compte d'un client, lesquelles pourraient atteindre 1 Md$, mais sans que le nom des sociétés concernées soit connu.

Ces ventes en bloc sont très rares, surtout lorsqu'elles concernent autant de titres et concomitamment, ce qui a fait dire aux traders qu'un hedge fund ou un family office s'est retrouvé en position de vente forcée. Selon des sources concordantes, le vendeur concerné pourrait être le fonds spéculatif Archegos Capital Management. IPO Edge a, le premier, émis cette hypothèse au regard de la chute des actions ViacomCBS (-27,3%) et Discovery (-27,45%). De son côté, CNBC a estimé que les ventes forcées par Archegos étaient probablement liées à des appels de marge sur des positions à fort effet de levier. Archegos appartient à Bill Hwang.

Bloomberg révèle ce matin que le fonds aurait été forcé par ses prêteurs de solder plus de 20 Mds$ de positions, en décrivant l'opération comme étant "l'un des plus gros appels de marge de tous les temps". Hwang, condamné par le passé pour délit d'initiés dans le dossier Tiger Asia Management, était apparemment un adepte des opérations à très gros effet de levier. On ne connaît pas encore les raisons pour lesquelles les banques se sont ruées à ce point à la vente sur le marché. En tentant de réduire à vitesse grand V leur exposition, elles ont en tout cas provoqué un sacré bazar.

Le Crédit Suisse a lui aussi indiqué prévoir des pertes potentiellement importantes "liées à un hedge fund américain". Tout porte à croire qu'il s'agit là d'une seule et même affaire.