(Actualisation: actualisation des cours de Bourse, contexte, attentes des analystes, rôles de Carlos Ghosn)

Le patron des constructeurs automobiles Renault (>> Renault) et Nissan Motor (>> Nissan Motor Co Ltd), Carlos Ghosn, devrait ajouter la présidence de Mitsubishi Motors (>> MITSUBISHI MOTORS CORPORATION) à sa liste croissante de titres, selon des personnes proches du dossier.

Osamu Masuko, l'actuel président de Mitsubishi Motors, abandonnera cette fonction lorsque Nissan aura acquis une participation de contrôle dans son concurrent japonais, selon ces personnes. Nissan a indiqué qu'il finaliserait l'opération d'ici à la fin de l'année.

Le partenaire de Renault avait annoncé mai qu'il dépenserait plus de 2 milliards de dollars pour prendre une participation de 34% dans Mitsubishi, qui peine à se remettre d'un scandale de falsification des performances énergétiques de ses véhicules. Le groupe a réduit mercredi ses prévisions de chiffre d'affaires pour l'exercice qui se terminera en mars 2017, et annoncé tabler sur une perte plus élevée que prévu de 240 milliards de yens, en raison des coûts relatifs à cette affaire et du ralentissement des ventes.

Mitsubishi Motors bondit en Bourse

L'action Mitsubishi Motors a grimpé mercredi de 7,8% à la Bourse de Tokyo pour terminer à 525 yens, soit son plus haut niveau de clôture depuis le 23 juin, à la faveur d'une information initialement publiée par le Nikkei, selon laquelle Carlos Ghosn se verrait confier un rôle clé pour piloter le redressement du groupe.

Le modèle de l'alliance Renault-Nissan a été adopté par d'autres constructeurs automobiles cherchant à partager leurs coûts de développement, alors que la croissance des ventes ralentit partout dans le monde. Toyota Motor (>> Toyota Motor Corp) et Suzuki Motor (>> Suzuki Motor Corp) ont annoncé la semaine dernière avoir engagé des négociations au sujet d'un partenariat qui leur permettrait de partager les coûts de développement de nouvelles technologies, comme la conduite autonome.

Une nomination pressentie par les analystes

Les analystes s'attendaient à ce que Carlos Ghosn prenne la présidence de Mitsubishi depuis que Nissan a dévoilé son intention d'acquérir une participation de contrôle dans le groupe japonais. En juin, le dirigeant a renoncé à sa casquette de président du groupe russe OAO AvtoVAZ (>> Avtovaz OAO), membre de l'alliance Renault-Nissan, ce qui pourrait lui permettre de consacrer davantage de temps à Mitsubishi, explique Takaki Nakanishi, analyste qui dirige son propre cabinet de recherche à Tokyo.

Osamu Masuko avait de son côté laissé entendre que Carlos Ghosn prendrait la relève après la cession, soulignant que l'alliance Renault-Nissan, qui fonctionne depuis 17 ans, avait réussi là où d'autres partenariats de ce type avaient échoué, parce que les deux groupes étaient présidés par le même homme.

D'importants chantiers attendent Carlos Ghosn

Carlos Ghosn a bâti sa réputation de "réducteur de coûts" en poussant Renault et Nissan à fermer des usines et à démanteler leurs étroits réseaux d'équipementiers.

Chez Mitsubishi, le dirigeant va se retrouver face à une entreprise empêtrée dans de nombreux scandales. Dans le cadre du dernier scandale en date, lié à la falsification des performances énergétiques des véhicules, une enquête menée à la demande du groupe par des experts indépendants a mis en évidence une culture d'entreprise qui a favorisé le contournement des règles afin d'atteindre des objectifs irréalistes, et une équipe de direction ne nourrissant aucun intérêt pour les aspects plus terre-à-terre de la gestion d'une entreprise de construction automobile.

Carlos Ghosn devra trouver comment réachalander les concessionnaires Mitsubishi, le groupe ayant provisoirement retiré certains modèles concernés par le scandale.

Vers 16h11, l'action Renault gagnait 1,2% à 77,61 euros.

-Sean McLain, The Wall Street Journal

(Version française Valérie Venck, Emilie Palvadeau) ed: LBO - ECH