Trois mois seulement après avoir gagné son procès sur la gestion de la crise du nickel de 2022, le London Metal Exchange (LME) est prêt à retourner devant la Haute Cour de Londres.

La dernière fois, il s'agissait de fonds spéculatifs américains qui demandaient des dommages et intérêts pour l'annulation de transactions sur le nickel. Cette fois, ce sont des militants écologistes qui s'en prennent au cuivre indonésien.

Deux groupes de pression, le London Mining Network (LMN) et le Global Legal Action Network (GLAN), accusent le LME de faciliter la vente de "métaux sales", enfreignant ainsi les lois britanniques contre le blanchiment d'argent.

Le métal en question est le cuivre produit dans la mine géante de Grasberg, en Indonésie. Ce que le GLAN qualifie d'"affaire historique" vise à mettre en lumière les dommages environnementaux présumés de la mine.

Il s'agit en quelque sorte d'un coup de théâtre juridique pour la bourse des métaux industriels, vieille de 147 ans, qui a qualifié l'action de "mal conçue".

Le moment est également ironique, puisque le LME est en train de suspendre environ 10 % de ses marques cotées en bourse pour n'avoir pas respecté le délai de présentation de la documentation relative à l'approvisionnement responsable.

PORTÉE MONDIALE

L'action intentée contre le LME ne vise pas à obtenir des dommages-intérêts. Elle ne vise pas non plus Freeport McMoRan, qui est en partie propriétaire et exploitant de Grasberg.

L'objectif semble plutôt être d'utiliser le statut du LME en tant que bourse d'investissement réglementée par le Royaume-Uni pour amplifier les allégations de "crime environnemental" à Grasberg.

Le levier spécifique est la marque de cuivre "GRESIK" du LME produite par PT Smelting, qui traite les concentrés de Grasberg.

L'objectif immédiat, selon LMN, est de "forcer le LME à revoir les règles qui régissent la cotation des métaux sur sa bourse".

La cible ultime est le système de gestion des résidus de Grasberg dans la forêt tropicale de la province indonésienne de Papouasie, qui, selon LMN et GLAN, contamine les réserves d'eau locales.

Le rapport de développement durable 2022 de Freeport affirme que "le système de résidus fluviaux contrôlés" de Grasberg est la meilleure option spécifique au site et "présente le risque le plus faible pour les personnes et l'environnement".

DES MARQUES PROPRES

PT Indonesia et tous les autres producteurs de métaux dont la marque est cotée en bourse doivent fournir au LME la preuve qu'ils respectent les principes de l'OCDE relatifs aux chaînes d'approvisionnement responsables en minerais et, depuis la fin de l'année dernière, la certification ISO des normes en matière d'environnement, de santé et de sécurité.

Plusieurs producteurs n'ont pas respecté le délai du 31 décembre pour ce dernier point et le LME est en train de suspendre environ 10 % de ses 435 marques de métaux enregistrées pour non-conformité.

La bourse a déclaré qu'elle "s'attend à ce qu'une partie de ces marques puissent être réinscrites en temps voulu, une fois qu'elles auront achevé les travaux nécessaires pour répondre aux exigences de la politique".

La dernière liste de marques du LME comprend 59 marques avec une date de suspension. Certaines de ces suspensions précèdent l'échéance de fin 2023 et indiquent probablement un arrêt de la production dans les installations désignées.

La plupart des suspensions ont toutefois été annoncées depuis le début du mois de janvier, avec un fort penchant pour les métaux listés dans les deux contrats d'alliage d'aluminium du LME.

Ces dernières années, les deux contrats ont perdu de leur liquidité et les stocks enregistrés ont été réduits à des niveaux minimes. De nombreux producteurs d'alliages ont probablement simplement choisi d'éviter la paperasserie supplémentaire pour un produit qu'ils ne commercialisent pas.

Mais la vague actuelle de suspensions de marques montre à quel point le LME tient à s'assurer que les producteurs respectent ses exigences en matière d'approvisionnement responsable en échange du sceau d'approbation de bonne livraison du LME.

Le document de position 2018 du LME sur l'approvisionnement responsable note que ses listes de marques "sont considérées comme la norme pour les producteurs de métaux", et "il est maintenant approprié pour le LME de tirer parti de l'importance de ses listes de marques pour donner un nouvel élan à l'initiative mondiale sur l'approvisionnement responsable".

Depuis, la bourse a consacré beaucoup de temps et de ressources à l'évolution de ses références vertes.

ESCALATION

Le LME ne peut toutefois pas fixer lui-même les règles régissant les normes environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) du secteur minier.

"Le LME ne considère pas qu'il doit diriger le marché dans une direction particulière (mais plutôt) que son rôle est de fournir un service et d'adapter ce service en fonction de l'évolution des besoins du marché", peut-on lire dans le document de synthèse.

C'est pourquoi sa politique actuelle s'appuie sur des normes reconnues telles que les lignes directrices de l'OCDE sur l'exploitation minière responsable et les codes ISO sur la gestion de l'environnement et la sécurité au travail.

Le LME ne cherche pas non plus à imposer la conformité ESG en amont, des usines qui produisent le métal aux mines qui génèrent la matière première.

Cette approche conservatrice compréhensible est trop lente pour des groupes activistes tels que LMN, qui vise à "demander des comptes aux sociétés minières basées à Londres en travaillant en étroite collaboration avec les communautés affectées par l'exploitation minière" dans le monde entier.

Le groupe a déjà ciblé des entreprises telles que Glencore, Anglo American et Rio Tinto en raison de leur impact environnemental et social.

Le fait de viser le LME marque une escalade de cette campagne des producteurs de métaux vers les institutions financières et d'autres prestataires de services tels que les bourses.

Comme ce fut le cas avec le drame du nickel du LME devant la Haute Cour, de nombreux autres acteurs suivront avec intérêt ce nouveau défi judiciaire.

Les opinions exprimées ici sont celles de l'auteur, chroniqueur pour Reuters. (Rédaction : Jan Harvey)