(Actualisé tout du long avec fin de la réunion)

par Kate Abnett, Benoit Van Overstraeten et Bart H. Meijer

BRUXELLES, 13 décembre (Reuters) -

Les ministres européens de l'Énergie, réunis mardi à Bruxelles, ne sont pas parvenus à sceller un accord définitif sur un plafonnement des prix du gaz à l'échelle de l'Union européenne, après des mois de divisions parmi les Vingt-Sept sur l'intérêt de cette mesure dans la lutte contre la crise énergétique.

En réponse aux demandes répétées de certains pays membres de l'UE, la Commission européenne a proposé le mois dernier un plafonnement des prix du gaz dans l'espoir de contrer l'impact de la réduction des livraisons de gaz naturel russe cette année et la flambée des prix de l'énergie.

Mais de profondes divisions demeurent au sein de l'UE sur les modalités d'une telle mesure, et la réunion de mardi n'a pas permis d'aboutir à une décision finale. De nouvelles discussions sont prévues lundi prochain pour tenter, enfin, de sceller un accord.

"Nous avons effectué des progrès, mais nous n'en avons pas encore fini. Pas toutes les questions ont trouvé réponse aujourd'hui", a déclaré le ministre allemand de l'Energie, Robert Habeck, à l'issue de la réunion qui a duré de longues heures dans l'espoir d'un compromis.

Plus tôt, le ministre grec de l'Énergie, Konstantinos Skrekas, avait appelé à un accord rapide, déclarant que "les citoyens européens sont à l'agonie, les entreprises européennes ferment et l'Europe a débattu inutilement".

La Grèce et d'autres pays comme la Belgique, la Pologne et l'Italie affirment qu'un plafond est nécessaire pour protéger leurs économies des prix élevés de l'énergie, tandis que l'Allemagne, les Pays-Bas et l'Autriche craignent que les producteurs livrent ailleurs qu'en UE.

"Il est probable qu'aucun État membre ne soit satisfait de la proposition dont nous discutons", a déclaré un haut diplomate européen, pour qui le plafonnement du prix du gaz est "l'un des dossiers les plus compliqués et les plus difficiles que l'on puisse imaginer".

"PAS UN OBJECTIF QUI SERAIT MAUVAIS"

À la recherche d'un compromis, la République tchèque - qui assure la présidence tournante de l'UE - a abaissé une précédente proposition de plafonnement dans une fourchette de 200 à 220 euros par mégawattheure sur une période de trois à cinq jours sur le contrat à un mois sur la plate-forme néerlandaise TTF (Title Transfer Facility), et si les prix sont supérieurs de 35 euros à un prix de référence pour le gaz naturel liquéfié (GNL).

Le projet de proposition précédent prévoyait le déclenchement du plafonnement si les prix dépassent 220 euros par mégawattheure pendant cinq jours.

Et la Commission européenne avait proposé en novembre un plafonnement à 275 euros le mégawattheure (MWh) en prenant comme référence le cours de marché à un mois.

La position française pourrait être décisive dans ce dossier. Initialement favorable à un plafonnement des prix, elle a exprimé la semaine dernière son inquiétude quant aux retombées potentielles sur les marchés financiers, selon trois diplomates de pays de l'UE.

Selon la ministre française de la Transition Énergétique, Agnès Pannier-Runacher, un des objectif clé serait de garantir la stabilité des marchés financiers.

"Il n'y a pas un objectif qui serait mauvais. On a tous besoin de sécuriser nos approvisionnements en gaz (...), de sécuriser nos entreprises industrielles au moment où le prix du gaz risque de les mettre en difficulté (...) et on a tous besoin de sécuriser la stabilité de nos marchés financiers", a-t-elle dit mardi avant le conseil.

L'UE a déjà adopté une série de mesures d'urgence dans le domaine de l'énergie cette année, notamment des exigences en matière de stockage du gaz. Mais le plafonnement pourrait influencer d'autres politiques, notamment l'accélération des autorisations pour les projets d'énergie renouvelable. (Reportage Kate Abnett, Gabriela Baczynska, Jan Lopatka, Sabine Siebold, avec la contribution de Jean-Stéphane Brosse; version française Kate Entringer, Bertrand Boucey et Jean Terzian)