Londres (awp/afp) - L'or a progressé sur la semaine, profitant du repli du billet vert ces derniers jours en raison des attentes de baisses de taux de la Réserve fédérale américaine (Fed).

"La faiblesse du dollar constitue actuellement un facteur de soutien majeur pour les prix de l'or", indique James Harte, de Tickmill, en ce qu'elle suscite une dépréciation significative du dollar.

Lors de sa dernière décision de politique monétaire la semaine dernière, la Fed a décidé d'un nouveau statu quo sur ses taux, et envisagé plusieurs réductions de taux l'an prochain.

Début décembre, l'or avait déjà atteint un plus haut historique, là aussi poussé par les perspectives de baisse des taux de la Fed.

La probabilité d'un renversement américain en matière de politique monétaire a encore été renforcée aux yeux des investisseurs par la révision à la baisse jeudi de la croissance du produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis au troisième trimestre, estimée à 4,9% en rythme annualisé.

L'inflation a également fortement baissé en novembre dans le pays, à 2,6% sur un an, se rapprochant ainsi de l'objectif de 2% de la Fed, selon l'indice PCE, baromètre privilégié par l'institution monétaire américaine, publié vendredi.

Le marché estime désormais que jusqu'à six baisses de taux pourraient intervenir en 2024, dès le mois de mai.

"De tels signaux en faveur d'un changement de politique (monétaire, ndlr) ont encouragé les acheteurs de lingots", souligne Han Tan, d'Exinity.

Le billet vert a en effet reculé fortement dans la foulée, attirant les investisseurs vers l'or, autre valeur refuge prisée.

Dans cette situation, et "à moins d'une résurgence surprise des pressions inflationnistes", l'environnement devrait rester "favorable aux prix de l'or à mesure que la nouvelle année avance", pense l'analyste.

Vers 15H30 GMT (16H30 à Paris), l'once d'or s'échangeait pour 2.063,47 dollars vendredi, contre 2.019,62 dollars sept jours plus tôt en fin d'échanges.

Le cuivre luit

Le cuivre a grimpé sur la semaine, bénéficiant, tout comme d'autres matières premières, de la faiblesse du dollar.

Alors que la Réserve fédérale américaine (Fed) a annoncé qu'elle prévoyait de réduire ses taux à plusieurs reprises l'année prochaine, "le dollar s'est fortement replié, finançant une vague d'achats de matières premières, dont le cuivre", résume James Harte, analyste chez Tickmill.

Quand le dollar, devise de référence du marché du cuivre, se déprécie, le pouvoir d'achat des investisseurs utilisant d'autres monnaies augmente, dopant ainsi la demande.

Les attentes de baisses de taux, également d'autres grandes banques centrales, "devraient maintenir les achats à un rythme soutenu à court terme, compensant les inquiétudes géopolitiques et les inquiétudes concernant la santé de l'économie chinoise", selon M. Harte.

Le pessimisme sur l'activité en Chine suscité par des données économiques défavorables plus tôt ce mois-ci est en effet désormais "entièrement intégré dans l'estimation du prix" du cuivre, estime Daria Efanova, analyste pour Sucden Financial.

Selon elle, la reprise de début d'année devrait encore entraîner davantage les prix à la hausse.

Sur le LME, la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s'échangeait à 8.610,50 dollars vendredi, contre 8.549,00 dollars à la clôture sept jours plus tôt.

Le sucre fond

Les cours du sucre ont poursuivi leur chute cette semaine, toujours plombés par les perspectives d'une offre plus importante sur le marché.

"L'Inde a modifié sa politique en matière d'éthanol afin de mettre davantage de sucre à la disposition du marché", rappelle Jack Scoville, analyste de Price Futures Group.

En temps normal, les producteurs était incités à transformer une partie de leur récolte en éthanol si les prix du pétrole et des carburants étaient élevés, ce qui réduit la quantité de sucre disponible sur le marché et fait monter les cours.

L'interdiction de la production d'éthanol à partir du jus de canne à sucre en Inde, second producteur mondial, exclut désormais ce débouché.

"Cette politique devrait ajouter 2 millions de tonnes de sucre aux réserves du pays", estiment les analystes de Société Générale.

Par ailleurs, "selon le groupe industriel Unica, au Brésil, le broyage de la canne à sucre a atteint un rythme record, indiquant une offre très forte pour la saison 2023-24", notent les analystes.

A plus long terme cependant, des conditions météorologiques défavorables persistent dans les zones de production asiatiques.

Le marché "s'inquiète du potentiel de production thaïlandais et indien en raison d'El Nino", un phénomène climatique qui affecte la région, et "l'Inde pourrait devenir importateur l'année prochaine", indique M. Scoville.

A New York, la livre de sucre brut pour livraison en mars valait 20,61 cents, contre 21,99 cents sept jours auparavant.

A Londres, la tonne de sucre blanc pour livraison en mars également valait 590,20 dollars contre 626,80 dollars le vendredi précédent à la clôture.

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