Zurich (awp) - Après un début de séance pour le moins laborieux, la Bourse suisse creusait encore un peu plus ses pertes jeudi à l'approche de la mi-journée, dans le sillage de la clôture en baisse la veille de Wall Street. Les investisseurs se perdent toujours en conjectures face à l'impact attendu des prochaines hausses de taux de la Réserve fédérale américaine (Fed) le 25 septembre et de la BCE dans une semaine.

De nouvelles données sont venues confirmer le ralentissement de l'économie chinoise: l'indice d'activité des directeurs d'achat (PMI), calculé par le cabinet IHS Markit pour le groupe de médias Caixin, montre une contraction de l'activité manufacturière en août, en raison des restrictions anti-Covid et d'une canicule qui a entraîné des pénuries d'électricité.

Des interrogations persistantes entourent les intentions de la Fed et plus globalement des banques centrales un peu partout dans le monde. Les investisseurs anticipent désormais une hausse de 75 points de base de l'institution monétaire européenne, observe John Plassard, de Mirabaud Banque. Dès lors, les investisseurs évitent les prises de risque après que les Banques centrales américaine et européenne ont réaffirmé leur détermination à agir pour lutter contre l'envolée des prix.

"La Fed est tellement déterminée à faire baisser l'inflation qu'elle est prête à accepter un certain ralentissement de l'économie et du marché du travail", résume Ipek Ozkardeskaya, analyste de Swissquote Bank. La présidente de la Fed de Cleveland Loretta Mester a estimé mercredi "qu'il serait nécessaire de relever les taux directeurs jusqu'à un peu au-dessus de 4% au début de l'année prochaine et de les maintenir à ce niveau", excluant un assouplissement de la part de la Fed en 2023.

De l'avis des analystes, l'institution américaine relèvera ses taux directeurs de 75 points de base fin septembre. La Banque centrale européenne (BCE) pourrait bien faire de même lors de sa réunion du 8 septembre, compte tenu du taux d'inflation qui a encore atteint un record en août dans la zone euro. "Le marché accorde désormais une probabilité de 60% à une hausse de 75 points de base", appuie Ipek Ozkardeskaya.

Les marchés souffrent aussi des nouvelles annonces de confinement dans certaines provinces chinoises. Et justement, sur le front des premières informations macroéconomiques du jour, l'activité manufacturière en Chine s'est effondrée en août, lestée par les restrictions anti-Covid et une canicule sans précédent qui a entraîné des pénuries d'électricité.

En Suisse, L'inflation a poursuivi sa progression en Suisse au mois d'août, l'indice des prix à la consommation (CPI) augmentant de 3,5% sur un an. Sur un mois, la hausse se fixe à 0,3%.

Après avoir entamé la séance en baisse de 0,8%, l'indice SMI a lentement mais sûrement creusé ses pertes tout au long de la matinée, pour atteindre un plus bas peu après 10h30 à 10'702,18. Vers 10h45, l'indice phare du marché helvétique lâchait 1,34% à 10'710,08 points. Le SLI s'enfonçait encore plus profondément dans le rouge, dégringolant de 1,76% à 1630,89 points, alors que l'indicateur élargi SPI régressait lui de 1,37% à 13'812,51 points.

L'ensemble des 30 valeurs constitutives du SLI s'affichait dans le rouge, dans une fourchette entre -0,4% et -4,9%.

En bas de tableau, l'horloger biennois Swatch Group (-4,9%) héritait de lanterne rouge, derrière Kühne+Nagel (-4,1%) et son concurrent genevois, le géant du luxe Richemont (-4,1%), Barclays redoutant dans une étude sectorielle un repli des affaires en Chine du fait de la politique zéro Covid de Pékin.

Les trois poids lourds de la cote, se montraient un peu plus vaillants, la nominative Nestlé perdant 0,6%, le bon Roche 0,7%, alors que Novartis abandonnait 1,1%.

Le géant pharmaceutique Novartis a annoncé la nomination de Fiona Marshall au poste de directrice des Instituts Novartis pour la recherche biomédicale (NIBR) et le départ de James Bradner du comité exécutif à fin octobre.

En haut de tableau, le réassureur Swiss Re (-0,4%) présentait le repli le moins prononcé, devant la défensive Swisscom (-0,6%), Nestlé et Roche. Schindler (-0,9%) pointait au 5e rang, devançant Novartis et Julius Bär (-1,2%).

Du côté du marché élargi, Zur Rose se reprenait nettement (-1,4%), après s'être s'effondré de pas loin de 10%. Le grossiste en médicaments et apothicaire en ligne thurgovien a levé un total de 139 millions de francs suisses au travers de l'émission d'un emprunt convertible et d'une augmentation de capital. Dévoilé la veille au soir, l'opération visait un maximum de 150 millions.

A l'opposé, Santhera explosait 40,7%, après avoir confirmé des données positives concernant le Vamorolone dans le traitement de la maladie de Duchenne.

Stadler Rail avait aussi, certes dans une moindre mesure, les faveurs des investisseurs prenant 0,9% après avoir remporté un contrat pour la livraison de rames de métro à Taïwan. Il s'agit d'une première pour le fabricant thurgovien de matériel ferroviaire en Asie.

Les remontées mécaniques Jungfraubahn (-0,8%) ont renoué avec les chiffres noirs sur les six premiers mois de l'année. Le bénéfice net atteint 15,3 millions de francs suisses, après une perte de 9,8 millions essuyée un an plus tôt.

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