Zurich (awp) - La Bourse suisse rechutait lourdement lundi en fin de matinée, plombée par le conflit en Ukraine et la flambée des prix des matières premières. Les valeurs refuges comme le franc et l'or s'appréciaient nettement, alors que la saison des résultats annuels passait clairement en arrière-plan.

Les places européennes étaient dans un mouvement généralisé de repli, tout comme les principaux indices asiatiques.

L'armée russe poursuivait son offensive tous azimuts en Ukraine, bombardant la deuxième ville du pays Kharkiv et resserrant son étau sur la capitale Kiev, alors qu'une troisième séance de négociations russo-ukrainienne était prévue dans la journée, sans grand espoir de succès.

Les prix du pétrole bondissaient, après des discussions dimanche entre Washington et Bruxelles sur une interdiction d'importation de pétrole russe, a rappelé Jeffrey Halley d'Oanda. Le tarif de WTI montait de 6,6% à 123,26 dollars et celui du Brent de 6,4% à 125,52 dollars. "Les denrées alimentaires, les métaux industriels et les autres prix de l'énergie ont également atteint leur vitesse de croisière", a-t-il souligné.

Les investisseurs se ruaient aussi vers les valeurs refuges, le franc étant brièvement passé sous la parité face à l'euro et l'or affichant une hausse de 1,5% à 1997,91 dollars l'once.

"L'aversion au risque des opérateurs de marché, amorcée avant la guerre en Ukraine par la hausse du coût de la vie et la perspective d'un resserrement des politiques monétaires, est maintenant alimentée par la flambée des prix de l'énergie et les prévisions d'une croissance économique beaucoup plus lente cette année", a estimé Pierre Veyret, analyste auprès d'Activtrades, dans un commentaire.

A 10h43, l'indice vedette SMI s'enfonçait de 3,3% à 10'925,14 points, après avoir chuté vendredi en clôture de 3,22%. Le SLI perdait 3,67% à 1715,51 points et le SPI abandonnait 3,39% à 13'818,08 points.

Quasiment l'ensemble des "blue chips" s'inscrivait dans le rouge, hormis Vifor (+0,6%).

Les plus fortes baisses étaient inscrites par AMS-Osram (-10,2%), ainsi que les valeurs bancaires Julius Bär (-8,7%), UBS (-7,7%) et Credit Suisse (-6,9%).

La banque aux trois clés a publié son rapport annuel, faisant état d'avoirs russes d'environ 200 millions de dollars. L'exposition au risque à la Russie s'élève en tout et pour tout à 0,6 milliard.

Les titres du luxe Richemont (-6,1%) et Swatch Group (-6,4%) étaient aussi à la peine. Le groupe genevois a indiqué vendredi soir avoir interrompu ses activités commerciales en Russie.

Le marché élargi était aussi majoritairement teinté de rouge, Aryzta (-3,9%) inversant la tendance positive de la matinée. Le boulanger industriel a vu ses revenus croître de 11% à 835,3 millions d'euros au premier semestre de son exercice décalé 2021/2022. La croissance organique de 13,3% a notamment été tirée par la hausse des volumes.

Tornos (-0,1%) suivait le même mouvement. Le fabricant de machines-outils a pourtant nettement amélioré sa rentabilité l'année dernière, à la faveur d'un chiffre d'affaires en hausse et des entrées de commandes doublées au deuxième semestre.

Vetropack (-4,3%) s'enfonçait. L'usine ukrainienne du fabricant d'emballages en verre a été fortement endommagée lors d'une attaque militaire.

Belimo (-4,7%) a bouclé 2021 sur une rentabilité en nette hausse, et ce malgré la situation tendue sur le front des chaînes d'approvisionnement. Les actionnaires se verront proposer un dividende en hausse de plus de 10%.

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