Zurich (awp) - Après une entame de séance poussive, dans le sillage de la clôture en net repli de Wall Street la veille, la Bourse suisse se reprenait jeudi à l'approche de la mi-journée. Rendus nerveux après la nouvelle hausse des taux annoncée mercredi par la Réserve fédérale américaine (Fed) pour juguler l'inflation, les investisseurs ont visiblement salué le virage opéré par la Banque nationale suisse (BNS) laquelle a abandonné les taux négatifs en vigueur depuis plus de sept ans.

Lui aussi résolu à contrer l'inflation, l'institut d'émission a resserré sa politique monétaire et indiqué qu'il continuerait à intervenir "au besoin" sur le marché des changes. La banque centrale helvétique a relevé de 0,75 point de pourcentage son taux directeur, qui passe de -0,25% à +0,5%. La BNS a averti qu'il n'était pas "exclu que de nouveaux relèvements de taux soient nécessaires".

La hausse du taux directeur de la BNS intervient dans un contexte mondial de resserrement monétaire afin de contrer l'envolée de l'inflation. Mercredi soir, la Fed a donné nouveau fort tour de vis à sa politique monétaire et a averti qu'il lui faudrait resserrer encore, ce qui sera douloureux pour les ménages. La banque centrale américaine a ainsi relevé de trois quarts de point de pourcentage son principal taux directeur, qui s'établit désormais dans une fourchette de 3,00 à 3,25%.

La Fed a aussi délivré un message plus hawkish (faucon) que prévu par le consensus, observe John Plassard, de Mirabaud Banque. Toujours sur le front des politiques monétaires, la Banque du Japon (BoJ) a maintenu jeudi son cap ultra-accommodant, à rebours des autres instituts d'émissions mondiaux, propulsant le dollar à un nouveau record face à la devise nippone.

La Banque de Norvège a pour la troisième fois consécutive relevé son taux directeur de 0,5 point jeudi, à 2,25%, son plus haut niveau depuis la fin de 2011, afin de brider l'inflation. La Banque d'Angleterre (BoE) devrait elle aussi relever son taux de 75 points de base, au minimum.

A l'occasion de son examen périodique de politique monétaire, l'institut d'émission helvétique a aussi revu à la hausse ses projections d'inflation sur l'année en cours et les deux suivantes. Le renchérissement doit atteindre 3,0% en 2022, contre 2,8% au pointage de juin, 2,4% (1,9%) en 2023 et 1,7% (1,6%) en 2024. La prévision de croissance en 2022 par contre est modérée à 2,0%, contre 2,5% précédemment, reflet du sensible ralentissement de l'économie mondiale.

Après avoir entamé la séance en net repli, le SMI a poursuivi sa chute pour atteindre un plus bas de l'année à 10'266,70 points, avant de passer rapidement dans le vert après la décision de la BNS. Peu avant 11h00, l'indice phare du marché helvétique notait à 10'430,43 points, se maintenant de justesse dans le vert (+0,01%). Le SLI cédait en revanche 0,24% à 1585,01 points, alors que l'indicateur élargi SPI prenait 0,09% à 13'392,59 points.

Sur les trente valeurs constitutives du SLI, seules cinq, dont le poids lourd Nestlé (+1,7%), prenaient du terrain, alors que 24 autres en perdaient, ABB faisant du surplace après avoir fait part d'une prise de participation de 10% dans le néerlandais Samotics. En haut de tableau Swatch Group (+2,0%) s'échappait seul en tête, le 3e rang revenant à Givaudan (+1,3%). Zurich Insurance (+0,4%) et Lonza (+0,3%) venait compléter la liste des gagnants.

Les deux autres plus grosses capitalisations du marché étaient en revanche à la peine, les pharmas Roche (-0,4%) et Novartis (-0,8%), se laissant emporter dans le courant des perdants. Novartis tient ce jeudi sa journée des investisseurs. Sur le point de se défaire de son unité génériques et biosimilaires Sandoz, le laboratoire rhénan a présenté sa nouvelle feuille de route à moyenne voire longue échéance. D'ici 2027, la croissance annuelle moyenne doit s'établir à 4%. La marge opérationnelle ajustée doit, elle, osciller autour de 40% sur le moyen à long terme.

Toujours du côté des perdants, la lanterne rouge revenait à Partners Group (-3,4%), derrière Temenos (-3,0%) et Straumnann (-2,3%). Le numéro deux bancaire helvétique Credit Suisse (-0,7%) envisagerait de partager sa division de banque d'affaires en trois unités distinctes. Cette opération permettrait la vente des activités rentables dans l'optique d'éviter une augmentation de capital, rapporte le Financial Times (FT). L'autre grande banque UBS (-0,4%) n'en menait pas large.

Parmi les principaux mouvements sur le marché élargi, Spexis décollait de 6,1%, le laboratoire issu de la fusion inversée de Polyphor et d'Enbiotix ayant constaté des résultats positifs lors d'une phase I d'essais cliniques avec le balixafortide contre l'insuffisance rénale. One Swiss Bank s'envolait de 7,3%. Newron (-9,7%) affichait le repli le plus marqué.

vj/fr