Paris (awp/afp) - Le conflit en Ukraine, où les forces russes lancent une nouvelle offensive, provoquait un nouveau vent de panique sur les marchés mardi, les investisseurs se ruant vers les placements peu risqués comme les obligations d'Etat.

Les places européennes étaient ancrées dans le rouge vif: Paris perdait 2,92%, Francfort 2,67%, Milan 2,51% et Londres 1,12% vers 12H25 GMT. L'indice européen de référence Eurostoxx 50, cédait 2,84%. A Zurich, le SMI cédait 1,48%.

Aux Etats-Unis, Wall Street se préparait à ouvrir en baisse plus mesurée. Les contrats à termes des principaux indices lâchaient autour de 0,70%.

Plus tôt, les Bourses asiatiques étaient parvenues à progresser légèrement.

La Bourse de Moscou était elle toujours fermée mardi sur décision de la banque centrale russe, et devrait le rester toute la semaine. "Elle ouvrira lorsque les Russes auront pris suffisamment de mesures pour tempérer la catastrophe qui s'apprête à frapper les actions russes", estime Ipek Ozkardeskaya, analyste de la banque Swissquote.

L'armée ukrainienne fait face à une nouvelle offensive des forces russes sur Kiev, Kharkiv, plusieurs villes du pays et le grand port de Marioupol, au lendemain de premiers pourparlers infructueux.

Les sanctions occidentales contre l'économie russe, et surtout le système financier, se multiplient. Le Canada va interdire "toute importation de pétrole brut" de Russie, tandis que de nombreuses entreprises annoncent se désengager d'entreprises ou projets russes. Le géant du transport maritime Maersk va arrêter de desservir les ports russes.

De son côté, la Russie affirme qu'elle continuera son offensive en Ukraine "jusqu'à ce que tous les objectifs" soient atteints, invoquant la "démilitarisation" de l'Ukraine.

A nouveau pris de fortes craintes quant aux conséquences de ce conflit, les opérateurs délaissaient les actions pour se ruer vers les obligations d'Etat, jugées moins risquées, dont les taux d'intérêt chutaient de plus de 15 points de base en Europe et de 10 points de base aux Etats-Unis.

Le rendement de la dette allemande à dix ans est ainsi repassé en négatif, une première depuis fin janvier, et celui des bons du Trésor américain s'établissait à 1,72% vers 11H20 GMT.

L'or, autre actif plébiscité en temps de crise, prenait 0,65% à 1.921 dollars l'once.

Pétrole et gaz s'emballent ___

Les prix du pétrole s'emballaient aussi, le baril de Brent, la référence européenne, bondissant de 6% et le baril américain de WTI de 5%.

"La question des sanctions directes sur les exportations de pétrole et de gaz de la Russie est une question de temps et non de probabilité", estime Neil Wilson, analyste pour Markets.com.

La Russie est le deuxième plus grand exportateur de pétrole brut au monde et représente plus de 40% des importations annuelles de gaz naturel de l'Union européenne.

Sur le marché européen du gaz naturel, le contrat de référence s'envolait de 12,38% à 110,80 euros le mégawattheure.

Le géant Shell (-1,93%) a annoncé se séparer de ses parts dans plusieurs projets communs avec le groupe russe Gazprom.

TotalEnergies (-2,43%) a de son côté annoncé qu'"il n'apportera plus de capital à de nouveaux projets en Russie", sans pour autant se retirer des projets dans lesquels il est actuellement investi.

L'automobile et l'aérien perdants ___

Déjà en net repli lundi, les secteurs de l'automobile et de l'aérien étaient les plus pénalisés mardi.

A Paris, Renault chutait de 6,64%, Stellantis de 2,89%. A Francfort Volkswagen perdait 5,49% et BMW 3,34%. A Londres, Aston Martin cédait aussi 7,27%.

Du côté du voyage, Easyjet reculait de 5,61%, Ryanair de 5,64%, TUI de 4,11%, Accor de 4,64% et Air France-KLM de 2,68%.

A l'inverse, la défense était de nouveau recherchée, notamment Thales (+5,39%) ou encore les allemands Hensoldt (+23,22%) et Rheinmetall (+11,60%).

Le dollar se renforce ___

Vers 12H20 GMT, l'euro perdait 0,42% à 1,1172 dollar, face au billet vert, considéré comme une valeur refuge.

Le rouble remontait légèrement de 2,95% face au dollar, après avoir perdu 30% en raison des sanctions contre la Russie.

Le bitcoin prenait 6,16% à 44,210 dollars, après un bond de 6,7% la veille.

afp/rp