LONDRES (Agefi-Dow Jones)--Alors que la pandémie de coronavirus continue de s'étendre, des entreprises comptant parmi les plus importantes et les mieux capitalisées au monde se démènent pour tenter d'étoffer leur trésorerie menacée par la crise.

Airbus et Royal Dutch Shell se sont jointes lundi aux nombreuses entreprises qui compriment leurs coûts, renoncent à des rachats d'actions ou taillent dans leurs dividendes tout en demandant de nouveaux prêts leurs banques.

Face à la propagation rapide du coronavirus, des groupes de distribution sont contraints de fermer leurs magasins tandis que dans d'autres secteurs d'activité, des entreprises demandent à leurs employés de travailler à domicile. Des industriels ferment des usines et des hôteliers commencent à licencier leurs employés.

Le constructeur automobile Ford Motor a annoncé jeudi la suspension de son dividende pour tenter de préserver sa trésorerie chancelante. Le géant minier Freeport-McMoRan a pour sa part annoncé lundi la réduction de son dividende et les analystes s'attendent à ce que d'autres acteurs de ce secteur lui emboîtent le pas.

Pressurés par la chute de leurs revenus après la fermeture de leurs magasins, plusieurs grands noms américains de la distribution ont décidé de tirer sur leurs lignes de crédit au cours des derniers jours. Vendredi, Macy's a puisé dans sa ligne de crédit de 1,5 milliard de dollars et a suspendu son dividende trimestriel. Samedi, Best Buy a utilisé la totalité de sa ligne de crédit de 1,25 milliard de dollars et a suspendu ses rachats d'actions.

L'opérateur télécoms AT&T a suspendu ses rachats d'actions pour préserver sa trésorerie tandis que le conglomérat General Electric a annoncé qu'il réduirait de 10% ses effectifs dans le secteur de l'aviation aux Etats-Unis.

Un double choc pour l'industrie pétrolière

Les compagnies pétrolières sont durement touchées à la fois par la baisse de la demande suscitée par la pandémie et par une augmentation de l'offre en provenance d'Arabie Saoudite, qui ont entraîné une division par deux des prix du brut en quelques semaines. Dans le même temps, le coronavirus paralyse l'industrie aéronautique, immobilisant des flottes au sol dans le monde entier et déclenchant une multitude de reports de commandes de nouveaux avions.

Le pétrolier américain Occidental Petroleum a annoncé au début du mois qu'il réduirait à partir de juillet le montant de son dividende trimestriel, tandis que son concurrent français Total a établi un plan d'action devant lui permettre de compenser un manque à gagner de 9 milliards de dollars en raison de la chute des cours du pétrole.

Ce plan prévoit la mise en place de mesures d'économies, pour un montant de 5 milliards de dollars, et la souscription d'un prêt bancaire, pour un montant de 4 milliards de dollars.

De son côté, Shell a décidé de ne pas lancer la prochaine tranche de son programme de rachat d'actions de 25 milliards de dollars entamé en juillet 2018 et déclaré lundi prévoir de réduire ses dépenses afin de protéger son bilan.

Le pétrolier anglo-néerlandais a indiqué qu'il ramènerait ses dépenses d'investissement à 20 milliards de dollars ou moins cette année, contre 25 milliards de dollars prévus initialement.

"La combinaison d'une chute brutale de la demande de pétrole et d'une augmentation rapide de l'offre est peut-être unique, mais Shell a déjà traversé de nombreuses périodes de volatilité du marché par le passé", a déclaré Ben van Beurden, le directeur général de Shell.

L'entreprise a précisé disposer de 20 milliards de dollars de liquidités et de 10 milliards de dollars de lignes de crédit non utilisées.

L'aéronautique tente de redécoller

Dans le même temps Airbus a annulé ses prévisions pour l'année en cours et augmenté ses lignes de crédit d'environ 10,7 milliards de dollars (environ 10 milliards d'euros), alors qu'il gère les retombées de l'épidémie de coronavirus sur l'industrie aéronautique.

L'avionneur européen a retiré sa proposition de dividende de 1,80 euro par action au titre de l'exercice 2019, ce qui correspond à une économie de 1,4 milliard d'euros, et a également décidé de suspendre le financement volontaire des retraites complémentaires. Grâce à ces décisions, le groupe dispose désormais de 30 milliards d'euros de liquidités disponibles, a-t-il indiqué dans un communiqué.

Le groupe rouvre par ailleurs ses usines en France et en Espagne à des cadences réduites après avoir interrompu la production pour nettoyer en profondeur les installations et mettre en place des mesures de sécurité pour son personnel.

Ces décisions font suite à des mesures similaires de Boeing. Ce dernier avait annoncé vendredi la suspension de son dividende tandis que son directeur général, David Calhoun, et le président de son conseil d'administration, Larry Kellner, ont renoncé à leur salaire pour le reste de l'année.

L'avionneur américain cherche à obtenir au moins 60 milliards de dollars d'aide financière de la part de l'Etat et de sources privées pour lui-même, ses fournisseurs et le secteur aéronautique en général.

-Sarah McFarlane et Benjamin Katz, The Wall Street Journal

(Version française Dimitri Delmond, François Schott et Eric Chalmet) ed: LBO

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