L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 cède 2,03%, l'EuroStoxx 50 de la zone euro 1,79% et le Stoxx 600 2,00%.

Les Bourses mondiales sont toujours ébranlées par la décision du président américain d'imposer à compter du 1er septembre de droits de douane de 10% sur les 300 milliards de dollars d'importations chinoises encore non taxées.

Vendredi, le CAC 40 a chuté de 3,57%, sa plus forte baisse en pourcentage depuis le 24 juin 2016, au lendemain du vote britannique en faveur du Brexit, et le Stoxx 600 a perdu 2,41%.

"Le gouvernement chinois a dit aux acheteurs publics d'arrêter d'acheter des produits agricoles américains et cela ne fait qu'ajouter aux tensions entre les deux parties", commente David Madden (CMC Markets). "On a le sentiment que la Chine pourrait infliger beaucoup plus de dégâts aux Etats-Unis dans ce conflit commercial et beaucoup de traders redoutent que le conflit économique fasse rage pendant encore un bon moment".

Ce ne sont pas les indicateurs européens parus dans la matinée - ou, avant eux, asiatiques - qui ont pu mettre du baume au coeur des investisseurs.

La croissance de la zone euro a encore ralenti en juillet, la contraction qui s'aggrave dans le secteur manufacturier commençant à impacter le secteur des services, montrent les résultats définitifs, publiés lundi, de l'enquête mensuelle d'IHS Markit auprès des directeurs d'achat.

Le moral des investisseurs dans la zone euro s'est encore dégradé en août pour revenir à son plus bas niveau depuis octobre 2014, selon l'enquête mensuelle de l'institut d'études Sentix qui juge inévitable une récession en Allemagne.

La nervosité des places européennes s'illustre par la remontée de l'indice mesurant la volatilité implicite de l'EuroStoxx 50, qui prend 14,4%. L'équivalent américain, le Vix - surnommé "l'indice de la peur" à Wall Street - avance de 3,74%.

VALEURS EN EUROPE

Les grands indices sectoriels européens sont tous dans le rouge, avec au premier rang celui des ressources de base (-3,16%), dont la Chine est un gros consommateur.

Dans ce compartiment, ArcelorMittal (-4,20%) accuse la plus forte baisse du CAC 40.

Les valeurs technologiques subissent également des dégagements, comme STMicroelectronics en baisse de 3,35% à Paris, tout comme les valeurs du luxe : LVMH lâche 4,11% mais dans ce secteur, c'est le suisse Richemont qui souffre le plus, perdant près de 6%, plus grosse perte du Stoxx 600.

A Londres, HSBC rétrograde de 1,78%. La banque britannique a annoncé lundi avoir remercié son directeur général, qui n'était en poste que depuis 18 mois, en raison de la nécessité d'accélérer la mise en oeuvre des priorités stratégiques.

Renault, l'une des rares valeurs du CAC 40 en hausse, prend 0,43%, encouragé par les éclarations de Mike Manley, administrateur délégué de Fiat Chrysler Automobiles (FCA) (-0,61%), qui a annoncé que le constructeur italo-américain était prêt à discuter alliance avec des concurrents, le constructeur français en tête, tout en ajoutant que le groupe pouvait également poursuivre sa route en solo.

TAUX

L'aversion au risque qui affecte la Bourse profite logiquement au marché obligataire dont les rendements continuent de baisser.

C'est ainsi que le rendement du Bund à 10 ans perd encore 1,9 point de base à -0,51%, après un plus bas de -0,537%, tandis que celui du 30 ans, passé en territoire négatif vendredi dernier, n'en bouge plus et ressort à -0,014%, correpondant à une perte de 3,3 pdb.

Les Treasuries à 10 ans voient leur rendement chuter de 8,8 points de base à 1,7667%.

CHANGES

Le yen continuer de jouer son rôle de monnaie refuge, s'appréciant de 0,5% face au dollar, face auquel il a inscrit auparavant un plus haut de sept mois. Le franc suisse, également recherché, gagne 0,56% face au billet vert.

Mais c'est le yuan qui occupe le devant de la scène, Pékin l'ayant laissé enfoncer le seuil clé de 7 pour un dollar pour la première fois depuis la crise financière il y a 11 ans, faisant craindre que le conflit commercial entre Pékin et Washington ne se déplace sur le terrain des changes.

"Le fait que la banque centrale chinoise ait laissé le yuan enfoncer le seuil de 7 face au dollar sans intervenir montre bien que Pékin est à la manoeuvre", ajoute David Madden de CMC Markets, ajoutant que le Donald Trump risque d'y voir une manipulation monétaire.

La baisse des rendements obligataires affecte le dollar face à un panier de devises de référence et ce dernier recule de 0,4%.

Autre devise refuge, le franc suisse inscrit un nouveau pic de 25 mois contre l'euro, la monnaie unique perdant 0,22% à 1,0887 franc.

PÉTROLE

Les cours du brut sont de nouveau pénalisés par le risque d'intensification de la guerre commerciale qui aurait pour effet de freiner la demande.

Le Brent et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) perdent autour de 1% à 1,2%.

MÉTAUX

Dans un tel contexte, l'or profite aussi de son statut de valeur refuge.

Tirant également parti de la baisse du dollar, il monte de 1,6% à 1.460 dollars l'once.

(Édité par Véronique Tison)

par Wilfrid Exbrayat