Benjamin Griveaux avait peu auparavant affirmé sur France Inter que l'Etat français conserverait une participation d'"à peu près 20%" dans l'ex-Aéroports de Paris (ADP).

"Sur ADP (...), aucune décision n'a été prise sur le maintien ou non de l'Etat au capital", a indiqué Benjamin Griveaux dans un tweet en forme de rectification de ses déclarations à la radio.

"Les 20%, c'est une option", a précisé à Reuters son entourage, en précisant que plusieurs possibilités étaient en cours d'examen.

Le projet de privatisation d'ADP - dont l'Etat détient 50,6% à l'heure actuelle - figure au rang des cessions d'actifs publics prévues dans le projet de loi Pacte (Plan d'action pour la croissance et la transformation des entreprises), portée par le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire.

Cette perspective a suscité les foudres de l'opposition - de droite comme de gauche - dont plusieurs membres ont dénoncé une "braderie" des "bijoux de famille" de l'Etat tout en mettant en doute pour certains sur la pertinence économique du projet.

Interrogé sur ce point lors de la séance de questions au gouvernement au Sénat mardi après-midi, Benjamin Griveaux s'est voulu rassurant sur les nombreuses garanties prévues pour encadrer la diminution de la présence de l'Etat dans le capital d'ADP, notamment en termes de sécurité mais aussi de contrôle des investissements et des tarifs par exemple.

"Cette cession de participation se fera (...) c'est inscrit dans la loi, avec de nombreuses garanties (dont) des garanties financières", a-t-il dit.

UNE OPÉRATION ENCADRÉE

"L'Etat réalisera cette vente aux meilleures conditions de marché (...) le produit de cession devra être très supérieur à la somme des dividendes actualisés nets futurs - sinon il n'y aura pas de cession - enfin les acheteurs devront remplir des conditions strictes concernant les fonds propres et également présenter de l'expérience dans le secteur aérien", a-t-il ajouté.

Au-delà de l'opération ADP, qui doit prendre la forme d'une concession limitée à 70 ans, le projet de loi Pacte ouvre également la voie à la privatisation de La Française des Jeux (FDJ) et à la diminution de de la participation de l'Etat dans Engie.

Le produit de ces cessions doit contribuer à alimenter le fonds pour l'innovation doté de dix milliards d'euros créé en début d'année dernière mais aussi au désendettement de l'Etat.

Le Sénat - en majorité à droite - a rejeté début février les dispositions ouvrant la voie aux privatisations d'ADP et de la FDJ mais elles ont été rétablies en début de semaine par des députés en commission.

L'Assemblée nationale, largement acquise à la majorité présidentielle et à laquelle revient le dernier mot sur les textes de lois, doit entamer mercredi l'examen en séance en nouvelle lecture du projet de loi Pacte.

Bruno Le Maire, fervent défenseur de ce projet, a affirmé à plusieurs reprises qu'il ne reviendrait pas dessus.

Dans une tribune publiée le 10 mars dans Le Parisien, 250 élus socialistes et apparentés ont prôné l'abandon de la privatisation d'ADP.

Une centaine de parlementaires Les Républicains avaient déjà lancé un appel comparable dans une tribune publiée le 24 février dans Le Journal du Dimanche.

Les deux textes soulignent notamment le précédent de la privatisation de l'aéroport de Toulouse-Blagnac, qualifiée d'échec par la Cour des comptes en novembre dernier et qui fait l'objet de plusieurs procédures judiciaires en cours.

(Danielle Rouquié et Myriam Rivet, édité par Yves Clarisse)