Zurich (awp) - Julius Bär s'est choisi un nouveau directeur général, mettant un terme à des mois de spéculations. Philipp Rickenbacher va succéder à Bernhard Hodler à compter du 1er septembre. Le gestionnaire de fortune zurichois a retenu un candidat interne, peu connu du grand public, confirmant le virage opéré fin 2017 après le départ de Boris Collardi.

Philipp Rickenbacher est l'actuel responsable de la division Intermediaries & Global Custody (activités d'intermédiation) et siège à la direction générale du groupe, indique lundi Julius Bär. Agé de 48 ans, il a rejoint la banque de gestion en 2004.

M. Hodler va assurer la transition jusqu'en 2020, avant de se consacrer à d'autres "projets". L'ancien directeur du risque avait pris la tête de Julius Bär en novembre 2017, suite au départ surprise de Boris Collardi pour la banque genevoise Pictet, où celui-ci a intégré le collège des associés.

Les rumeurs de démission s'étaient renforcées dernièrement autour de Bernhard Hodler, bien que le groupe n'ait jamais admis officiellement chercher un nouveau directeur général. La presse avait évoqué en mai l'engagement d'un "chasseur de têtes".

Dans une interview accordée en avril 2018, l'ex-président de Julius Bär Daniel Suter voyait pourtant le patron actuel rester encore "plusieurs années".

La presse avait avancé le nom de plusieurs candidats à la succession, dont Yves Robert-Charrue, le patron des activités de Julius Bär en Europe. Le nom de Philipp Rickenbacher circulait également.

Iqbal Khan faisait cependant figure de favori, surtout depuis l'annonce il y a une semaine de son départ de Credit Suisse où il était en charge de la gestion de fortune et membre de la direction. Ce banquier star s'imposait aux yeux d'un grand nombre d'observateurs, ce que confirme la Banque cantonale de Zurich (ZKB) dans un commentaire.

"L'homme qu'il fallait"

"Pour cette nomination, le conseil d'administration a soigneusement évalué les candidats internes et externes", a expliqué le président Romeo Lacher, cité dans le communiqué. En conférence téléphonique, M. Lacher n'a pas souhaité commenter les différentes rumeurs qui ont couru sur les candidats potentiels. Il a rappelé que le choix s'est porté sur M. Rickenbacher au terme d'un "processus interne" qu'il n'était pas possible de commenter publiquement.

Aux yeux de certains observateurs, Bernhard Hodler apparaissait comme un directeur général de transition, appliqué à faire le lien entre l'ère Collardi, marquée par une forte croissance et de nombreuses acquisitions, et la suivante. Il "était exactement l'homme qu'il fallait au bon moment", tranche Romeo Lacher, dans le communiqué.

Sous la houlette de M. Hodler, Julius Bär a lancé en février un programme visant à économiser 100 millions de francs suisses et à supprimer 130 à 140 emplois, sur un total de quelque 6700 équivalents plein temps. L'objectif est de se concentrer sur certains marchés et d'allouer les ressources en fonction des priorités, avait alors expliqué la banque.

La stratégie lancée sous l'actuel patron sera poursuivie et renforcée par son successeur, souligne le groupe zurichois. Romeo Lacher a confirmé les objectifs financiers fixés jusqu'ici. A fin avril, le groupe gérait 427 milliards de francs suisses d'actifs.

"Le désavantage de la solution en interne pourrait être que les éventuels travaux de nettoyage ne soient pas entrepris de manière aussi rigoureuse qu'avec l'arrivée d'un nouveau chef venu de l'extérieur", remarque la ZKB. Mais un patron venu de l'extérieur risque aussi de perdre du temps en octroyant d'abord des postes à responsabilité à ses fidèles lieutenants.

Bernhard Hodler aura travaillé 21 ans pour Julius Bär. Il présentera pour la dernière fois les résultats de la banque le 22 juillet lors de la publication du rapport intermédiaire.

Ce départ semblait déplaire aux investisseurs. A la Bourse de Zurich, l'action clôturait en baisse de 4,93% à 43,17 francs suisses, dans un SLI en retrait de 0,04% à 1531,18 points.

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