Paris (awp/afp) - Faire des choix et se concentrer sur des secteurs d'opportunités: le groupe pharmaceutique français Sanofi a levé le voile lundi sur sa nouvelle stratégie, avec à la clef un désengagement dans le diabète, une nouvelle structure et une acquisition dans l'immuno-oncologie.

Sanofi va se structurer en trois entités commerciales, faisant de sa division santé grand public une entité autonome, a-t-il fait savoir lundi dans un communiqué, à la veille de sa journée d'investisseurs.

Cette annonce intervient trois semaines après la publication d'informations de presse qui avaient fait état de discussions sur une cession ou une prise d'autonomie de cette division santé grand public, qui comprend notamment les médicaments sans ordonnance. Paul Hudson, le nouveau directeur général de Sanofi, a indiqué viser "une croissance supérieure à celle du marché" sur cette entité, lors d'une conférence téléphonique lundi mais a écarté tout projet de vente.

Expliquant vouloir donner de meilleures armes à la santé grand public - qui comprend notamment des antidouleurs comme le doliprane ou des sirops contre la toux comme le Mucosolvan -, le directeur général a indiqué que cette nouvelle structure, qui sera dotée de fonctions de fabrication et recherche et développement intégrées, devrait lui apporter plus de flexibilité et un fort potentiel de croissance.

Le groupe a par ailleurs indiqué vouloir rationaliser ses dépenses, avec pour objectif deux milliards d'euros d'économies réalisées d'ici à 2022, notamment par un désengagement dans le diabète. Cette activité est sous forte pression depuis plusieurs années, en raison de la baisse des prix des insulines aux Etats-Unis ainsi que de la concurrence d'un médicament biosimilaire en Europe.

"Sanofi annonce l'arrêt des activités de recherche dans le diabète et les maladies cardiovasculaires, et renonce au lancement de l'efpéglénatide", indique le communiqué.

"Nous reconnaissons qu'il devient plus difficile d'atteindre des innovations de rupture et nous reconnaissons que nous devons être efficaces", en concentrant les ressources du groupe sur des secteurs d'opportunités, a dit Paul Hudson.

Ces choix permettront à Sanofi de "se concentrer sur la croissance" et d'accélérer l'innovation dans six médicaments, mais aussi de renforcer son portefeuille dans les domaines de l'immuno-oncologie, indique Sanofi.

"La bonne acquisition?"

Un peu plus tôt dans la journée, le groupe avait justement annoncé l'acquisition de la biotech américaine Synthorx pour 2,5 milliards de dollars (2,26 milliards d'euros). L'oncologie, où Sanofi souffre du manque de nouveaux traitements, est l'un des secteurs les plus porteurs pour les laboratoires pharmaceutiques actuellement.

L'annonce de ce rachat a toutefois été accueillie avec fraîcheur par les investisseurs. A la Bourse de Paris, le titre a cédé plus de 2% lundi à 81,86 euros dans un marché en repli de 0,59%.

"Le point positif que l'on peut mettre en avant, c'est qu'ils avancent en oncologie. La question, c'est est-ce que c'est la bonne acquisition", interroge Jean-Jacques Le Fur, analyste spécialiste de l'industrie pharmaceutique pour Bryan, Garnier & Co.

"Est-ce que les produits de Synthorx peuvent aider? En tout état de cause, si les études cliniques montrent qu'il y a une efficacité boostée de l'immunothérapie, on dira que c'est une belle acquisition et on oubliera le prix", poursuit-il.

Par ailleurs, Sanofi a dit anticiper une progression de sa marge opérationnelle des activités, qui devrait atteindre 30% d'ici à 2022 et dépasser 32% en 2025.

Enfin, le laboratoire souligne la possibilité de générer des flux de trésorerie additionnelles par la cession de certains actifs, notamment en monétisant sa participation dans le capital de son allié américain Regeneron, après la période d'incessibilité prévue aux termes de l'accord avec son allié américain.

Le groupe tient sa journée d'investisseurs mardi, au cours de laquelle le nouveau directeur général devrait détailler encore davantage la stratégie du laboratoire. En 2018, son chiffre d'affaires s'était établi à 34,5 milliards d'euros.

afp/rp