LVMH gagne 1,7% à 403 euros pour occuper l'une des premières places du CAC 40. Les investisseurs saluent le rachat de Tiffany pour environ 14,7 milliards d'euros ou 16,2 milliards de dollars. Pour convaincre le joaillier américain, le numéro un mondial du luxe a relevé son offre initiale, présentée fin octobre, de 120 dollars à 135 dollars, soit une prime de 7,5% par rapport au cours de clôture du titre Tiffany vendredi à New York et de plus de 50% par rapport au niveau où se trouvait l'action avant que LVMH manifeste publiquement son intérêt.

L'effort financier consenti par LVMH apparaît justifié par la portée stratégique de l'opération, la plus importante de son l'histoire.

Si Tiffany sous-performe depuis plusieurs années le marché du luxe, le groupe connu pour ses alliances et ses bagues de fiançailles est un beau parti.

Célèbre dans le monde entier et magnifié dans le film Diamants sur canapé, de Blake Edwards, adaptation du roman de l'Américain Truman Capote, Tiffany a le statut rare et envié de marque "iconique".

Lui passer la bague au doigt permet à LVMH de se renforcer aux Etats-Unis, son deuxième marché, dans la bijouterie-joaillerie ou "hard luxury", l'un des segments le plus porteur du luxe où il détient déjà Chomet et Bulgari.

Le groupe français pourra désormais bénéficier des liens de long terme tissés entre Tiffany et les mines de diamants tout en améliorant significativement son exposition au marché du mariage (28% des ventes de Tiffany).

Dans une note publiée ce matin, Jefferies salue cette opération dans un secteur du "hard luxury" où les cibles, à part Rolex et Patek Philippe, sont très rares.

Jefferies estime que la puissance de la marque Tiffany et la force de l'image de sa boite bleue depuis 1837 sont plus précieuses que ne laissent penser ses performances financières actuelles. Selon le bureau d'études, LVMH pourra utiliser les atouts de Tiffany pour se déployer efficacement sur le marché des "millenials" en Asie.

Interrogé par l'AOF, Thierry Leclercq, gérant de Mandarine Gestion salue, lui aussi, une belle opération stratégique. " En s'offrant le numéro deux mondial de la joaillerie-bijouterie, LVMH, numéro trois, s'empare de la première place devant Richemont, confirmant l'ambition de Bernard Arnault d'être leader sur tous les marchés ", commente-t-il.

Selon lui, le prix pourrait constituer le point critique de la transaction. " Même en intégrant des hypothèses très agressives pour Tiffany (taux de croissance annuel de plus de 6% sur les dix prochaines années ; bond de la marge opérationnelle courante qui passerait sur la période de 17/18% à 25%), les modèles font ressortir un cours de 100 dollars, contre 135 dollars payés aujourd'hui ".

LVMH a donc payé cher l'américain. Pour autant tempère-t-il, "le groupe connaît parfaitement sa cible, le patron, Alessandro Bogliolo, était celui de Bulgari au moment du rachat et le Français a prouvé avec la marque italienne sa capacité à faire progresser très rapidement les ventes mais aussi les indicateurs opérationnels. Enfin, LVMH a largement les moyens de financer l'opération avec un ratio dette/Ebitda inférieur à 1,0 fois contre un objectif de 2 au maximum".