Zurich (awp) - Le réassureur Swiss Re a été confronté à des sinistres plus élevés que prévu en fin d'année. Ces charges, notamment en Australie et aux Etats-Unis, ont notamment pesé sur la réassurance dommages. Malgré une nette progression des primes et du bénéfice net, le groupe zurichois a déçu en 2019. Les actionnaires seront gâtés.

L'année dernière, les cyclones Faxai et Hagibis ont frappé le Japon, alors que l'ouragan Dorian a fait rage dans l'Atlantique. Les incendies de forêts, les inondations et la grêle ont également causé énormément de dommages en Australie. Le crash de l'avion d'Ethiopian Airlines et le grounding subséquent du Boeing 737 Max ont également pesé.

La réassurance dommages a été affectée par 2,7 milliards de dollars de pertes dues à des catastrophes naturelles et à des événements d'origine humaine, ainsi que par l'augmentation des sinistres aux États-Unis, explique jeudi Swiss Re.

Jusqu'ici, le groupe a comptabilisé 100 millions de dollars pour couvrir les dédommagements suite aux catastrophes successives qui ont frappé l'Australie au dernier trimestre. La somme devrait couvrir la majeure partie des dégâts assurés, mais pas la totalité.

Le groupe n'a réalisé pour l'instant aucune estimation des dommages causés par les importants incendies qui ont dévasté le pays ces dernières semaines, ni pour la tempête Ciara, qui a balayé l'Europe. L'épidémie de coronavirus sévissant en Chine ne devrait pas représenter une charge majeure pour Swiss Re, selon John Dacey, directeur financier.

Le ratio combiné - rapport entre les primes encaissées et les dédommagements versés - de la réassurance dommages s'est dégradé de 3,8 points de pourcentage sur un an à 107,8%. Les primes nettes ont gonflé de 20% à 19,28 milliards. En janvier, la ronde de renouvellement a débouché sur une augmentation des tarifs de 5%.

A l'échelle du groupe, les primes nettes encaissées se sont envolées de 18% sur un an à 42,23 milliards de dollars (41,55 milliards de francs suisses). Le bénéfice net a explosé (+73%) à 727 millions de dollars, selon le communiqué.

Année de transition pour CorSo

Dans leur globalité, les chiffres sont clairement inférieurs aux attentes du consensus AWP. A titre d'exemple, les analystes s'attendaient en moyenne à un bénéfice net de 1,43 milliard de dollars, soit le double du résultat publié.

La marche des affaires a également pâti de la faiblesse de l'activité assurance primaire aux assurances (CorSo), en restructuration depuis juillet dernier. "Nous sommes en train de retirer un tiers des affaires de notre portefeuille. Cela prend du temps", a expliqué John Dacey en conférence téléphonique. L'exercice 2020 est qualifié d'année de transition pour CorSo.

Le seuil de rentabilité technique est attendu pour l'année prochaine, avec une cible de ratio combiné de 98%. Cet indicateur s'est alourdi de 10,4 points l'année dernière, à 127,9%. La perte a été creusée à 647 millions de dollars. Seule consolation, la ronde de renouvellement de janvier a permis une hausse des tarifs de 14%.

La cession de la filiale britannique ReAssure a eu des conséquences négatives pour la division Life Capital, dont le résultat a plongé dans le rouge. La réassurance vie a poursuivi sur sa lancée positive, avec des primes nettes dépassant les 13 milliards de dollars et un résultat frôlant les 900 millions.

Le conseil d'administration propose de relever le dividende de 30 centimes, à 5,90 francs suisses par action, un niveau conforme aux attentes. Il a annoncé par ailleurs le lancement d'un programme de rachat d'actions à hauteur de 1 milliard de francs suisses. Plusieurs analystes ont regretté ce manque de générosité, arguant que le gain tiré de la cession de ReAssure aurait pu être rétrocédé aux actionnaires.

Les marchés ne vont pas aimer ces chiffres, surtout en comparaison des résultats record dégagés par les concurrents, résume Vontobel dans son commentaire.

Le titre Swiss Re a terminé bon dernier du SMI, reculant de 8,1% à 107,30 francs suisses, quand l'indice vedette s'est rétracté de 0,96%.

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