La baisse de volatilité était palpable hier sur les marchés actions, même si le bilan de clôture était loin d'être uniforme. L'indice large STOXX Europe 600 était quasiment étale, alors que le DAX et le CAC40 ont légèrement baissé, tandis que le FTSE et le SMI ont modérément progressé. Même topo aux Etats-Unis où le Nasdaq a reperdu 1,2% après son gros rebond de vendredi, pendant que le Dow Jones grappillait 0,08%. Le cœur des financiers (si, si, ils en ont un) balance toujours entre l'attrait de valorisations redevenues abordables, voire très abordables, et la peur d'un lendemain rempli d'inflation, de récession économique et de pénuries.

Quand les marchés boursiers reculent, tous les investisseurs sont à la recherche du point de bascule. C'est pour cette raison que les financiers ont développé tout un vocabulaire de la baisse, qui est censé fournir des jalons. Ainsi on parle d'une "correction" (le mot est identique en anglais) quand les actions baissent de plus de 10% avant de se reprendre. Une correction qui dépasse 20% se transforme en marché baissier ("bear market"). Dans ce type de marché, on peut assister à une capitulation (là encore, le mot est identique en anglais) : c'est le moment où les nerfs des investisseurs lâchent et où la panique accroît une baisse déjà bien installée. On peut aussi assister au "sursaut du chat mort" ("dead cat bounce"), qui est une sorte de chant du cygne pour rester dans le domaine animalier : c'est un rebond avant une reprise de la chute.

Au fil du temps, ces jalons sont aussi devenus des points d'ancrage. Par exemple, les investisseurs s'attendent plus facilement à voir les indices rebondir juste après le passage de la barrière des -10%, ou de celle des -20%. C'est un peu arbitraire puisque ces paliers sont avant tout des chiffres ronds, mais cela permet d'imaginer trouver plus facilement le point bas et donc de profiter à plein du rebond (si toutefois il ne s'agit pas du sursaut du chat mort, si vous avez bien suivi). Evidemment, si vous cherchez le point bas au détour d'une "correction" et qu'elle se transforme en "marché baissier", c'est reparti pour un tour à l'étage du dessous.

Ces périodes-là reviennent à intervalle régulier sur les marchés. Elles s'inscrivent dans le "cycle du choc" dépeint par le chroniqueur américain Morgan Housel, dont j'ai déjà parlé très récemment mais qu'il est bon de rappeler ici.

Le Cycle du Choc

La panique est souvent mauvaise conseillère, parce qu'elle accroît considérablement le risque pour un investisseur d'être dans le mauvais timing, ce qui revient à faire des choix stupides. L'excès de pessimisme se manifeste pendant les événements mais aussi après, parce qu'il est difficile de passer d'un schéma mental à un autre. Dans le cycle du choc, cela correspond à la période qui va du moment où l'investisseur pense que les mauvaises nouvelles sont permanentes à celui où il nie les bonnes nouvelles. Mais bien sûr, déterminer le point de bascule dont je parlais au début est sans doute l'exercice le plus compliqué. En revanche, il est possible de mesurer le degré d'optimisme ou de pessimisme irrationnel des investisseurs. C'est ce qu'a fait la banque britannique Liberum, qui estime que les marchés américains sont actuellement 10% en-dessous de ce qui est rationnellement justifiable par le contexte économique, tandis que la décote en Europe est plutôt de l'ordre de 5%.

La méthode pour parvenir à ces chiffres est intéressante et je vais essayer de l'exposer sans vous perdre et sans être trop long. Liberum s'appuie sur la déviation entre les performances du marché boursier au jour le jour et celles du marché en cours de séance. En effet, la recherche a montré que les prix intrajournaliers sont dictés par les émotions et les biais des investisseurs, tandis que les prix post-séance sont bien plus rationnels (et beaucoup moins volatils) car ils s'appuient davantage sur les données économiques. Ou pour simplifier, "les rendements qui se produisent pendant la nuit reflètent le risque macroéconomique, tandis que ceux qui se produisent pendant la journée reflètent le comportement des investisseurs", pour reprendre une citation d'une des études utilisées par Liberum.

Quand le marché est excessivement optimiste, les variations intrajournalières sont systématiquement supérieures à celles au jour le jour, comme ce fut le cas par exemple en 2021. Depuis le début 2022, c'est le contraire, hormis durant le sursaut du mois de mars. A ce stade, l'écart n'est pas encore tout à fait aussi extrême que lors des épisodes les plus violents de la dernière décennie, selon le modèle de Liberum, qui estime que si le retournement n'est pas encore à l'ordre du jour, le point bas du marché se rapproche. Exprimé ainsi, c'est presque un enfonçage de porte ouverte digne des meilleurs influenceurs de la twittosphère financière, mais en réalité, c'est quand même un peu plus subtil que cela. Durant les épisodes de baisse violente précédents, l'arrivée à proximité de ces niveaux de déviation a signalé un plancher.

Les marchés européens sont attendus en hausse ce matin. Hier, la séance américaine s'est plutôt mal terminée avec une nouvelle pression vendeuse sur les actions technologiques et cycliques. Le Nasdaq a reperdu un peu plus de 1%, mais dans une volatilité moins exacerbée que lors des séances précédentes. Il y aura une série de statistiques importantes aux Etats-Unis cet après-midi, et quelques publications de résultats emblématiques, notamment dans la distribution avec Walmart ou The Home Depot. L'occasion d'en apprendre un peu plus sur les contraintes de coûts et de main d'œuvre auxquels sont confrontés ces piliers de l'économie américain. Le patron de la Fed, Jerome Powell, doit prononcer une allocution autour de 20h00, lorsque les marchés européens seront déjà fermés. Son collègue James Bullard aura sans doute pavé le terrain à 14h00.

Le CAC40 gagne 0,8% à 6398 points peu après l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

Plusieurs statistiques aux Etats-Unis, avec les ventes de détail (14h30) et la production industrielle d'avril (15h15), puis l'indice immobilier de la NAHB pour mai et les stocks d'entreprise de mars (16h00).

L'euro remonte un peu à 1,0440 USD. L'once d'or s'offre un maigre rebond à 1824 USD. Le pétrole est reparti en hausse hier, avec un Brent de Mer du Nord à 112,66 USD le baril et un brut léger américain WTI à 111,67 USD, avec un spread qui se réduit. Le rendement de la dette américaine à 10 ans remonte un peu à 2,91%. Le bitcoin se négocie autour de 30 300 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Allianz : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 260 à 255 EUR.
  • Aryzta : UBS reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 1,65 à 1,60 CHF.
  • BMW : Bernstein démarre le suivi à surperformance en visant 100 EUR.
  • Delivery Hero : Bryan Garnier passe de neutre à achat en visant 66 EUR.
  • Just Eat Takeaway : Bryan Garnier passe de vendre à acheter en visant 55 EUR.
  • Krones : HSBC passe de conserver à acheter en visant 96 EUR.
  • Mercedes : Bernstein démarre le suivi à surperformance en visant 85 EUR.
  • Porsche : Bernstein reprend le suivi à sousperformance en visant 60 EUR.
  • Prosus : J.P. Morgan passe de neutre à surpondérer en visant 73,40 EUR. Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 46 à 50 EUR.
  • Rational : DZ Bank passe de vendre à conserver en visant 550 EUR.
  • Renault : Bernstein reprend le suivi à performance de marché en visant 25 EUR.
  • Roche : AlphaValue reste à accumuler avec un objectif réduit de 427 à 380 CHF.
  • Stellantis : Bernstein reprend le suivi à performance de marché.
  • Ubisoft : Société Générale passe de conserver à acheter en visant 55,30 EUR.
  • Unilever : passe de conserver à vendre en visant 3400 GBp.
  • Volkswagen : Bernstein reprend le suivi à performance de marché en visant 208 EUR.
  • Volvo Car : Bernstein démarre le suivi à surperformance en visant 90 SEK.

En France

  • Engie relève ses objectifs pour 2022 après un bond de ses résultats au 1er trimestre.
  • LVMH Lance un programme de rachat d'actions.
  • Thales a remporté un contrat portant sur la fourniture à l'armée américaine de radios tactiques avancées. Le groupe a signé un accord définitif pour acquérir S21sec et Excellium, dans la cybersécurité, pour 120 M€.
  • Société Générale lance un plan d'actionnariat salarié.
  • Vinci a annoncé que le trafic sur ses autoroutes a augmenté de 55,7% en avril par rapport à l'an dernier et que le trafic passagers dans ses aéroports a plus que quadruplé.
  • Eiffage a remporté deux contrats auprès d'Orsted dans l'éolien offshore au large de l'Allemagne.
  • Aéroports de Paris a vu son trafic total progresser à 20,6 millions de passagers en avril, contre 13,1 millions un an, avant.
  • Theraclion lance une plateforme robotisée de traitement des veines.
  • Deinove atteint les premiers jalons du projet Boost-ID avec l'installation opérationnelle de sa plateforme de criblage microfluidique.
  • Pharmasimple renforce son réseau.
  • DBT installe des bornes rapides sur les autoroutes françaises.
  • Cellectis présente des données de recherche d'une nouvelle cellule CAR T universelle au congrès annuel de l'ASGCT.
  • Metavisio signe deux contrats en Europe.
  • Aramis, Plastiques du Val-de-Loire, Freelance, Avenir Telecom, Abeo, Geci, Inventiva, Union Financière de France ont publié leurs comptes.

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