* Les échéances longues ont surperformé le S&P-500 en 2014

* La politique de la Fed, enjeu n°1 pour le marché en 2015

* BCE et BoJ seront aussi à surveiller de près

par Richard Leong

NEW YORK, 31 décembre (Reuters) - Le marché obligataire américain pourrait rester bien orienté en 2015 mais il ne doit pas compter sur une hausse aussi spectaculaire que celle dont il a bénéficié en 2014, estiment des investisseurs.

Les emprunts d'Etat américains à 20 ans et plus sont en passe d'enregistrer une rentabilité totale de 27% sur l'année qui s'achève selon Barclays, une hausse bien supérieure à celle du Standard & Poor's-500, l'indice phare de Wall Street, qui devrait approcher 15%.

Les investisseurs ont acheté en masse des échéances longues en tablant sur un aplatissement de la courbe des rendements actuellement caractérisée par une pente forte. Et ils ont bien fait.

L'indice US Aggregate de Barclays, très utilisé pour suivre l'évolution des Treasuries et des autres obligations américaines en catégorie "investment grade", affichait mardi une progression de 5,88% depuis le début de l'année, après une perte de 2,02% en 2013, sa deuxième plus mauvaise performance depuis 1976.

Les principaux indices obligataires terminent rarement une année en territoire négatif car les détachements de coupons alimentent les rendements même si le prix des titres ne monte pas.

"Il faut se préparer à adopter une attitude plus défensive l'année prochaine", explique Brian Brennan, gérant de portefeuille de T. Rowe Price. "A l'évidence, les valorisations sont tendues."

Initialement attendu en hausse en 2014, le rendement des Treasuries a 10 ans à au contraire reculé de plus de 80 points de base sur l'année, tombant mercredi à 2,18%. Rares sont toutefois les analystes qui tablent sur une baisse des rendements en 2015, sauf détérioration rapide de la conjoncture économique américaine.

LES BANQUES CENTRALES SURVEILLÉES DE PRÈS

L'éventualité d'un relèvement des taux de la Réserve fédérale en cours d'année sera évidemment le principal facteur influençant l'évolution des Treasuries, des obligations d'entreprises et du reste du marché obligataire américain.

Bon nombre des grandes banques de Wall Street s'attendent à ce que la Fed entame en milieu d'année le relèvement de ses taux, tirant ainsi les conséquences de l'amélioration du marché du travail et de la croissance de l'activité.

"La Fed n'a aucune raison de maintenir des taux quasi-nuls", juge Roger Aliaga-Diaz, économiste senior de Vanguard.

L'anticipation d'une hausse de taux devrait se traduire par une poursuite des dégagements sur les échéances courtes, avec pour corollaire une hausse des rendements, comme en 2014.

Reste à savoir si les rendements longs suivront le mouvement: la faiblesse de l'inflation, les inquiétudes pour la croissance mondiale et la demande d'actifs américains pourraient limiter leur hausse.

Dans cette hypothèse, un retour du rendement à 10 ans à 2% pourrait de nouveau favoriser une hausse des rendements sur les échéances plus longues. Les titres à 10 ans pourraient alors enregistrer en 2015 un rendement (intérêts inclus) d'environ 4%, bien inférieur à celui de 11% enregistré en 2014.

Des analystes expliquent aussi que les décisions des banques centrales européennes, japonaise et chinoise pourraient aussi jouer un rôle clé dans l'évolution des Treasuries.

Les marchés s'attendent à ce que les autorités monétaires de la zone euro et du Japon prennent de nouvelles initiatives pour stimuler l'activité économique, ce qui pourrait encore faire baisser des rendements obligataires déjà historiquement faibles.

Ce mouvement inciterait les investisseurs étrangers à privilégier de manière encore plus marquée le marché obligataire américain et ses rendements relativement plus attractifs.

"La mécanique de l'offre et de la demande reste importante sur le marché des taux fixes", note Brian Brennan, de T. Rowe. (Marc Angrand pour le service français)