PARIS (awp/afp) - Encore à des sommets la semaine dernière, les Bourses européennes ont subi un soudain accès de fébrilité ces derniers jours avec la propagation d'un nouveau virus en Chine, autour duquel les inquiétudes des investisseurs semblaient toutefois se tempérer vendredi.

"Nous sommes dans un marché qui tient très bien sur ses plus hauts" avec un CAC 40 se maintenant au-dessus des 6.000 points, souligne auprès de l'AFP Guillaume Chaloin, responsable des gestions actions chez Meeschaert AM.

Et les indices pourraient persévérer "sur les niveaux actuels" la semaine prochaine avec des acteurs désireux de "finir janvier sur une note positive", ajoute-t-il.

Malgré les inquiétudes nées depuis lundi sur les Bourses mondiales, asiatiques en tête, en raison de la propagation d'un nouveau virus en Chine, les Bourses européennes ont redressé la barre dès ce vendredi, relativisant les conséquences de l'épidémie.

"Nous avons eu une semaine qui a été très focalisée sur ce virus qui rappelle de mauvais souvenirs" aux investisseurs, et cela devrait rester le cas la semaine prochaine, constate pour sa part Régis Bégué, directeur de la gestion actions chez Lazard Frères Gestion.

Mais "il y a quand même de bonnes raisons de penser que le marché va repartir un peu à la hausse parce que la dynamique est globalement favorable", estime-t-il.

Les Bourses chinoises continentales resteront quant à elles fermées ces prochains jours en raison du Nouvel An chinois.

La Chine a intensifié vendredi ses efforts pour contenir l'expansion de ce nouveau virus, avec le confinement de plus de 40 millions de personnes, tandis que nombre de festivités pour le Nouvel An lunaire samedi ont été annulées et que des sites populaires ont été fermés aux visiteurs.

Peu après que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a renoncé à déclarer une urgence internationale, le bilan de ce coronavirus apparu en décembre à Wuhan (centre) s'est encore aggravé, avec 26 morts sur un total de 830 personnes contaminées dont 177 jugés graves, selon le dernier bilan officiel.

Mais "si l'on fait le parallèle avec le Sras en 2002/2003, la gestion de la crise par les autorités chinoises" a été "beaucoup plus rapide", souligne M. Chaloin.

"Il semble quand même que la Chine ait pris des mesures exceptionnelles par rapport à l'ampleur tangible du danger", relève de son côté M. Bégué.

La BoE dans le viseur

Aussi "le marché reste positif" et "ne veut pas baisser", poursuit le premier, car il "ne voit pas ce coronavirus comme ayant un très gros impact négatif".

Certains secteurs plus directement exposés ont toutefois pâti depuis le début de la semaine, à l'instar du luxe ou du transport aérien long courrier, quoique les pertes soient restées limitées.

La semaine a aussi été marquée par les premières publications d'entreprises en Europe, et "les très bons résultats de STMicroelectronics" jeudi, note M. Bégué.

"Les valeurs cycliques, de croissance mais spécifiques", à l'instar des semi-conducteurs, "repartent" après avoir atteint, semble-t-il, leur point bas en raison de la guerre commerciale sino-américaine, avance M. Chaloin.

"En revanche, les premiers signes qu'on a eus dans l'automobile" montrent un contexte toujours très difficile, complète M. Bégué.

Quant au discours de Christine Lagarde jeudi, qui a surtout confirmé le lancement d'une vaste revue stratégique par l'institution, il a "confirmé que la politique de la BCE allait rester très accommodante", selon lui.

Dans les prochains jours, les résultats d'entreprises devraient continuer de mobiliser les investisseurs, avec notamment LVMH mardi.

Divers indicateurs de confiance en Allemagne, France et aux Etats-Unis seront également au menu, de même que des données sur le logement américain.

La première estimation de la croissance 2019 des Etats-Unis et les chiffres d'inflation allemands pour janvier complèteront le panorama.

Enfin, outre sur la Fed, les investisseurs auront surtout les yeux braqués sur la Banque d'Angleterre, qui se réunit jeudi et pourrait baisser son taux directeur, à la veille de la date officielle du Brexit.

Si ce dernier en tant que tel ne devrait pas avoir d'impact immédiat sur les marchés, tout dépendra de la durée de la période de transition.

"Soit c'est une période courte, auquel cas le marché" peut l'assimiler à un hard Brexit, "soit on a une période flexible" et alors ce ne sera "pas un sujet pour le marché", résume M. Chaloin.

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