Son avocat Motonari Otsuru a annoncé avoir déposé une demande de libération sous caution de son client.

L'ancien président de Nissan a été inculpé d'abus de confiance aggravé, pour avoir provisoirement fait passer en 2008 dans les comptes du constructeur japonais des pertes sur des investissements personnels, et de minoration de revenus sur la période 2015-2018.

Carlos Ghosn encourt une peine maximale de 15 ans de prison, a déclaré le parquet de Tokyo.

Arrêté le 19 novembre au Japon, Carlos Ghosn, qui est toujours PDG de Renault et de l'alliance Renault-Nissan, a déjà été inculpé une première fois, le 10 décembre, pour n'avoir déclaré que la moitié de sa rémunération de 2010 à 2015.

Carlos Ghosn rejette ces accusations. Il a clamé son innocence et déclaré avoir été injustement placé en détention lors d'une audience mardi devant le tribunal du district de Tokyo, sa première apparition publique depuis son arrestation.

Il est rare au Japon d'être libéré sous caution avant son procès, notamment lorsque l'accusé rejette les accusations portées à son encontre.

Motonari Otsuru a jugé probable mardi que son client, qui souffre selon lui d'une forte fièvre, soit maintenu en détention jusqu'au début de son éventuel procès, qui pourrait se tenir dans environ six mois.

Même si la demande des avocats de Carlos Ghosn était acceptée, ce dernier ne serait probablement pas libéré avant mardi, lundi étant férié au Japon.

L'ex-administrateur de Nissan, Greg Kelly, libéré sous caution mardi, et Nissan ont été également inculpés pour avoir sous-estimé les revenus de Carlos Ghosn sur la période 2015-2018. Ils doivent déjà répondre des mêmes accusations pour les cinq années précédentes.

L'avocat de Greg Kelly, Yoichi Kitamura, a dit s'attendre à ce que son client et Carlos Ghosn soient jugés ensemble pour les deux accusations de minoration de revenus et qu'il travaillera en étroite collaboration avec la défense de l'ancien président de Nissan.

Vendredi également, Nissan a annoncé le dépôt auprès du tribunal de Tokyo d'une plainte au pénal contre Carlos Ghosn.

Le constructeur japonais a dit avoir pris cette initiative "sur la base du détournement d'une somme importante des fonds de l'entreprise". "Nissan ne tolère en aucune façon de tels méfaits et réclame de sévères sanctions", a déclaré le constructeur dans un communiqué.

ATTACHEMENT À L'ALLIANCE

Lors de son audience publique mardi, Carlos Ghosn a affirmé avoir toujours agi avec l'aval de la direction de Nissan, y compris au sujet du transfert dans les comptes du constructeur japonais des pertes de 1,85 milliard de yens (14,5 millions d'euros) sur des investissements personnels.

Nissan et Renault, qui détient 43,4% du capital du constructeur japonais, ont réuni jeudi leur conseils d'administration respectifs pour faire le point sur les enquêtes menées sur Carlos Ghosn.

A l'issue de cette réunion, Nissan a publié un communiqué dans lequel il réaffirmé son attachement à l'alliance formée par les deux constructeurs.

Renault de son côté a déclaré que sa propre enquête interne sur la rémunération des membres du comité exécutif n'avait pas permis de découvrir de fraude sur les deux années passées.

L'épouse de Carlos Ghosn, Carole, a publié pour sa part jeudi un communiqué dans lequel elle demande aux autorités japonaises des informations sur la santé de son mari, qui souffrirait d'une forte fièvre.

(Chris Gallagher et Kaori Kaneko, Jean Terzian, Claude Chendjou et Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français, édité par Bertrand Boucey et Marc Joanny)

par Kiyoshi Takenaka et Tim Kelly