par Koh Gui Qing et Langi Chiang

La Française, grande favorite pour succéder à Dominique Strauss-Kahn à la tête du FMI, effectue une tournée dans les pays émergents pour les rallier à sa candidature. Ni les Brésiliens, ni les Indiens, à qui elle a aussi rendu visite, n'ont dit s'ils la soutiendraient.

"Je suis très positive sur mon voyage en Chine mais la décision (du soutien) n'appartient pas à moi. Elle appartient aux autorités chinoises", a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse à l'ambassade de France.

"Je suis confiante, j'ai un sentiment très positif sur les entretiens que j'ai eus jusqu'à présent. Certains gouvernements et certains pays ont décidé de rendre leur décision publique assez tôt. Mon sentiment, c'est qu'il est trop tôt vendre la peau de l'ours, si je peux m'exprimer ainsi", a ajouté la ministre de l'Economie.

Son unique adversaire déclaré est le gouverneur de la Banque centrale du Mexique, Agustin Carstens, qui se rendra en Chine la semaine prochaine. Le conseil d'administration de l'institution fera son choix le 30 juin au plus tard.

Le fait qu'aucun des trois pays émergents n'aient dit la soutenir est peut-être un signe que les Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) espèrent encore présenter un candidat commun. La date limite de dépôt des candidatures est ce vendredi 10 juin.

POURSUITE DES RÉFORMES

Les pays émergents revendiquent un poids plus important au FMI et dans les autres institutions financières internationales.

A Pékin, Christine Lagarde a tenté de leur donner satisfaction, affirmant notamment qu'elle soutenait la proposition de faire passer les droits de vote de la Chine au FMI de 3,65% à 6,4%.

L'institution de Washington peut aider la Chine à promouvoir un usage plus large du yuan sur les marchés internationaux, l'un des objectifs de Pékin, a-t-elle encore estimé.

La locataire de Bercy a rencontré le vice-Premier ministre chinois, Wang Qishan, et le gouverneur de la Banque populaire de Chine, Zhou Xiaochuan, avec qui elle a eu une discussion "consistante et profonde" au sujet de sa candidature.

"La tendance récente des réformes (au FMI) doit se poursuivre et se développer, à la fois en ce qui concerne la gouvernance du fonds et en ce qui concerne la représentativité de ses membres, particulièrement pour ces pays qui sont sous-représentés, comme la Chine", a-t-elle dit.

La candidate de l'Union européenne a cependant indiqué que la crise de la dette dans la zone euro serait sa priorité en cas d'accession à la direction générale du FMI.

"Clairement, c'est l'objet principal des opérations du Fonds en ce moment", a dit la ministre de l'Economie.

Elle a appelé la Grèce à imiter le Portugal et à former un gouvernement de coalition pour qu'Athènes puisse adopter des réformes économiques.

Christine Lagarde a également estimé que la solution à cette crise ne se résumait pas aux mesures d'austérité et que le timing des décisions était crucial.

La ministre se rendra samedi en Arabie Saoudite et dimanche au Caire, dans le cadre de sa tournée financée par la France.

La plus grande menace pour sa candidature semble venir de l'arbitrage privé ayant débouché sur l'indemnisation de Bernard Tapie en 2008.

La commission des requêtes de la Cour de justice de la République se réunit vendredi pour examiner une demande d'enquête pour "abus de pouvoir" contre la ministre.

Clément Guillou pour le service français