Neuchâtel (awp/ats) - Nouveau rebondissement dans l'affaire Piller. La Fédération des coopératives Migros (FCM) conteste la suspension du directeur de la Migros Neuchâtel-Fribourg. Jean-Marc Bovay a été suspendu mardi par l'administration de la coopérative, présidée par Damien Piller.

M. Bovay "a été suspendu et non révoqué. Ce n'est pas un acte de vengeance. Il s'agit d'une simple mesure prise pour revenir à la discussion (...) alors qu'il a refusé par deux fois de rencontrer l'administration", a expliqué mercredi André Clerc, avocat de l'administration de Migros Neuchâtel-Fribourg (MNF), à Keystone-ATS.

L'avocat réfute ainsi que cette décision ait été prise en lien direct avec le vote extraordinaire des coopérateurs ayant rejeté à près de 65% de révoquer l'administration et son président Damien Piller. Et ce contre l'avis de la direction et de la Fédération des coopératives Migros (FCM). "Nous voulons reprendre le dialogue avec M. Bovay et définir un modus vivendi pour la suite", ajoute M. Clerc.

Les fonctions de direction de Migros Neuchâtel-Fribourg ont été momentanément confiées à Marcelle Junod, en tant qu'administratrice-déléguée. Elle avait elle-même dirigé la coopérative Neuchâtel-Migros pendant cinq années, prenant ensuite sa retraite en 2017, remplacée par Jean-Marc Bovay. Elle fait partie de l'administration et a toujours soutenu M. Piller.

"Illégitime"

"Illégitime", réplique mercredi la FCM dans un communiqué qui ne reconnaît donc pas cette décision. "La suspension de Jean-Marc Bovay est une violation des statuts de la Coopérative et n'est donc pas légalement valable. La FCM continue de soutenir pleinement le directeur légitime de la coopérative Jean-Marc Bovay et les autres membres de la direction générale. La nomination de Marcelle Junod n'est pas légitimée. Elle n'est donc pas autorisée à agir en qualité d'administratrice déléguée", écrit la Fédération.

Cette interprétation est contestée par M. Clerc. La nuance est en effet de mise entre "suspension" et "révocation". Selon l'avocat de l'administration, celle-ci a le droit de suspendre le directeur. La révocation doit en revanche recevoir l'aval de la FCM.

La FCM se dit encore "indignée" que Damien Piller, en sa qualité de président, accompagné des autres membres de l'administration régionale, "s'occupe non seulement à nuire à la coopérative qu'il est censé administrer, mais met également en danger la réputation de Migros dans son ensemble".

Vote et factures contestées

Le vote ayant maintenu M. Piller dans ses fonctions a, lui, été contesté. Le comité coopératif de MNF a introduit une dénonciation pénale pour faux dans les titres et tentative d'escroquerie auprès du Ministère public de Neuchâtel. Une dénonciation qui fait notamment suite à la découverte de plus de 400 bulletins de vote dans des boîtes postales d'une petite commune. Tous les bulletins étaient en faveur de Damien Piller.

Pour rappel, tous les organes de MNF, excepté l'administration qui fait bloc derrière son président, et la FCM accusent Damien Piller, avocat actif dans l'immobilier et les médias, d'avoir facturé à Migros près de 1,7 million de francs suisses via deux de ses sociétés, "sans recevoir de contre-prestation équivalente en échange".

Selon Migros, Damien Piller aurait détourné des fonds dans le cadre de nouveaux magasins bâtis à Belfaux et La Roche (FR) en 2013 et 2014. Différents rapports arrivent à cette conclusion, selon la coopérative pour qui toute l'affaire réside ici.

En réponse, Damien Piller a ouvert les comptes des deux sociétés en question à un expert-comptable et à un architecte. Les résultats de ces audits, dévoilés début novembre, ont révélé que les deux montants de 864'000 francs suisses, toutes taxes comprises, correspondent à des prestations fournies, d'après l'homme d'affaires.

ats/buc