Il y a deux façons d'analyser la nouvelle baisse des marchés boursiers hier. L'optimiste consiste à constater un certain essoufflement de la pression vendeuse, qui a abouti à des contractions limitées. Enfin limitées par rapport aux standards récents, puisque nous verrons que les baisses sont parfois encore conséquentes. La pessimiste se contente de prendre acte d'un nouveau plancher, notamment une clôture au plus bas depuis la fin 2020 pour l'indice le plus surveillé du monde, le S&P500 américain. Cela signifie que Wall Street a éliminé la totalité des gains accumulés entre décembre 2020 et décembre 2021. La baisse prend l'ascenseur et la hausse l'escalier, dirait certainement notre analyste le plus expérimenté chez Zonebourse, qui dort sûrement encore à cette heure-ci. Le S&P500 a perdu 23% en 2022. Le Nasdaq, lesté en valeurs technologiques, en est à -31%. Je rappelle que les valeurs dites de croissance sont plus sévèrement attaquées que les autres durant ces phases, parce que la dynamique de fuite en avant économique perpétuelle qui les nourrit est cassée. L'Europe version 2022 ne fait pas beaucoup mieux : -20% pour l'indice large Stoxx Europe 600, -19% pour le CAC français, -21% pour le SMI suisse et -23% pour le DAX allemand.

Hier, les marchés ont encore perdu des points. Sauf au Royaume-Uni où le flegme britannique a tendance à se transformer à intervalle régulier en quelque chose d'un peu déjanté. Le FTSE 100 a grappillé 0,03% pendant que la livre sterling brûle et que le prix des Gilts, les obligations d'Etat britanniques, s'effondre. Le rendement du 10 ans de Sa Majesté est monté à 4,24% (le prix et le rendement des obligations évoluent dans des directions opposées). Les mesures fiscales annoncées par les gouvernement Truss ont suscité par mal d'interrogations et une levée de boucliers des marchés financiers. Des petits malins ont noté que les annonces britanniques ont même éclipsé l'arrivée au pouvoir de Giorgia Meloni en Italie. "Aux chevaux maigres vont les mouches", dit le proverbe. L'économie malade de l'Europe n'est peut-être plus celle que l'on croit. Enfin si l'on considère que le Royaume-Uni est en Europe géographiquement si ce n'est politiquement. La panique sur la livre sterling a à peine été atténuée par son rebond hier.

Un chroniqueur de Reuters soulignait cette nuit que cette situation pourrait devenir un casse-tête pour certaines banques centrales asiatiques riches en Gilts. "Notre monnaie, votre problème", pour paraphraser le bon mot du secrétaire au Trésor de Nixon, John Connally, aux ministres européens des finances en 1971. C'était évidemment à propos du dollar, et cela reste plus d'actualité que jamais pour le billet vert. Pendant ce temps, le marché bruisse toujours de rumeurs d'intervention en urgence de la Banque d'Angleterre pour soutenir sa monnaie, même s'il faut bien avouer que l'avance prise par l'institution dans la remontée agressive de ses taux directeurs n'a pour l'instant pas eu beaucoup d'impact.

Quand un banquier central sort par la porte, il y en a toujours un pour rentrer par la fenêtre, dit un autre proverbe. Ou du moins, on pourrait réfléchir à le créer. Hier, c'est la patronne de la BCE Christine Lagarde qui a occupé le terrain médiatique en rappelant plein de trucs de banquiers centraux. En gros ça tourne autour de "confiance, fermeté, on sait ce qu'on fait, mais ça va piquer". Cet après-midi, c'est Jerome Powell, de la Fed, qui entrera par la fenêtre en racontant des trucs de banquiers centraux. Ça pourrait ressembler à "confiance, fermeté, on sait ce qu'on fait, mais ça va piquer". Il interviendra à 13h30 lors d'un événement organisé à Paris par la Banque de France, avant une série d'indicateurs importants : les commandes de biens durables d'août (14h30), suivies à 16h00 des chiffres des ventes immobilières neuves en août et de l'indice de confiance des consommateurs américains en septembre, compilé par le Conference Board.

Ce matin, les marchés actions tentent un rebond au Japon, en Australie et en Chine continentale. En revanche, la Corée du Sud et Hong Kong perdent encore pas mal de terrain. Les marchés européens donnent pour leur part des signes de rebond. Les indicateurs avancés sont modérément haussiers, bien aidés par des "futures" américains plus fermement ancrés dans le vert. Des projections qui sont susceptibles de varier avec le retour de la nervosité et donc de la volatilité. L'indice VIX, qui mesure cela, est repassé au-dessus de 32 points hier, soit un niveau voisin de la mi-juin dernier. Le CAC40 gagne 0,6% et repasse les 5800 points à l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

Une grosse bannette en provenance des Etats-Unis aujourd'hui : les commandes de biens durables (14h30), l'indice FHFA du prix des maisons (15h00), l'indice de confiance des consommateurs Conference Board, l'indice manufacturier de la Fed de Richmond et les chiffres de l'immobilier neuf (16h00). Tout l'agenda macro ici.

L'euro se négocie 0,9642 USD, en légère hausse. L'once d'or reste sous pression à 1631 USD. Le pétrole aussi, avec un Brent de Mer du Nord à 84,56 USD le baril et un brut léger américain WTI à 77,18 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans poursuit son ascension à 3,87%. Le 5 ans est à 4,13% et le 2 ans à 4,30%. Le bitcoin est remonté à 20 000 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • 888 : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 370 à 280 GBp.
  • Adidas : Goldman Sachs passe d'achat à neutre.
  • Aurea : Portzamparc reprend le suivi à renforcer en visant 8 EUR.
  • Avantium : Berenberg reste l'achat avec un objectif de cours réduit de 6,60 à 4,40 EUR.
  • Byggfakta : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 50 à 45 SEK.
  • Devolver Digital : Berenberg passe d'acheter à conserver en visant 80 GBp.
  • HelloFresh : Bernstein reste à vendre avec un objectif réduit de 27 à 19 EUR.
  • Hugo Boss : Deutsche Bank passe d'acheter à conserver en visant 58 EUR.
  • Huhtamaki : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 45 à 40 EUR.
  • Inchcape : Berenberg démarre le suivi à l'achat en visant 1035 GBp.
  • Johnson Matthey : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 2550 à 2200 GBp.
  • Kering : Barclays passe de surpondérer à pondération en ligne en visant 555 EUR.
  • MCH : Research Partners passe de conserver à acheter en visant 7 CHF.
  • QinetiQ : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 411 à 400 GBp.
  • Quadient : Portzamparc reste à l'achat avec un objectif relevé de 34 à 36 EUR.
  • Rovi : Kepler Cheuvreux reste à l'achat avec un objectif relevé de 87,60 à 88,30 EUR.
  • SGS : RBC passe de surperformance à performance sectorielle en visant 2350 CHF.
  • SKF : Jefferies passe de conserver à sous performance en visant 123 SEK.
  • Snam : Citigroup passe de vendre à neutre en visant 4,30 EUR.
  • Solaria : Société Générale passe de conserver à acheter en visant 21 EUR.
  • Unicredit : JP Morgan passe de neutre à surpondérer en visant 15 EUR.
  • WithSecure : Berenberg démarre le suivi à l'achat en visant 2,60 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • TotalEnergies s'allie à SARIA pour développer la production de carburant aérien durable sur la plateforme de Grandpuits. Par ailleurs, les salariés du groupe pétrolier entament aujourd'hui un mouvement de grève en France à l'appui de revendications salariales.
  • ArcelorMittal émet 600 M€ d'obligations à 4,875% échéant en 2026.
  • Asda choisit les solutions de planification et d'optimisation de Dassault Systèmes pour transformer ses activités de transport.
  • Deux filiales de Crédit Agricole écopent de petites amendes pour violations de sanctions américaines.
  • Arkema révise à la hausse son extension de capacité mondiale d'élastomères Pebax sur son site de Serquigny.
  • Electricité de France, en consortium avec KEPCO et Kyushu Electric, finalise le financement du projet de transport d'électricité aux EAU. Par ailleurs, EDF conclut un accord avec EPH pour vendre sa participation dans une centrale aux Pays-Bas.
  • Fnac Darty sélectionne SES-imagotag pour la digitalisation de plus de 200 magasins en Europe.
  • JCDecaux Portugal renouvelle son partenariat avec Sonae Sierra.
  • Technicolor Creative Studios, spinoff de Technicolor, débute sa cotation sur Euronext.
  • Transgène tient une journée R&D.
  • CGG signe un accord de licence multiclients avec TotalEnergies pour le stockage de gaz carbonique.
  • Leroy Merlin confie à Voltalia la réalisation d'une centrale solaire en Centre-Val de Loire.
  • Servier lève l’option de licence exclusive mondiale sur le programme dans le traitement de la maladie de Parkinson d'Oncodesign Precision Medicine, filiale d'Oncodesign.
  • Guerbet obtient un financement d’1 M€ de la BPI.
  • Quadient, Cabasse, Marie Brizard, FIPP, Precia et Roctool ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Sika va céder des actifs pour éviter les foudres de l'antitrust dans le cadre du rachat du groupe MBCC.
  • Ford Motor a demandé lundi à ce que soit rejugée l'affaire qui lui a valu le mois dernier une condamnation à verser 1,7 Md$ à la suite d'un accident mortel impliquant un de ses véhicules utilitaires.
  • Biogen va verser 900 millions pour solder une affaire de pots-de-vin.
  • Biffa accepte une offre de rachat à 410 GBp par action en numéraire d'ECP.
  • Nexi pense générer 2,8 Mds€ de trésorerie excédentaire sur 2023/2025.
  • Le PDG de Siemens Gamesa estime qu'il remettra d'aplomb la branche éoliennes terrestres en 2022.
  • Generac Holdings entre sur le marché des batteries portables.
  • Georg Fischer confirme ses objectifs 2025.
  • Stanley Black & Decker et TerraCycle lancent un programme de recyclage gratuit pour les appareils ménagers et les outils.
  • Principales publications du jour : Ferguson, Jabil, United Utilities, Verbio, Danieli… Tout l'agenda ici.

Lectures