Les chiffres ronds frappent plus les esprits que les autres. Prenez la Covid-19 : les caps des 10 millions de personnes infectées et des 500 000 décès ont tous deux été franchis au cours du weekend. En réalité, ces décomptes morbides sont déjà plus élevés, puisqu'ils n'intègrent que les données qui ont pu être vérifiées. Au-delà des chiffres, c'est la vigueur du virus qui inquiète, en particulier aux Etats-Unis. Nous manquons encore beaucoup de repères sur la pandémie, mais une chose est sûre : les relâchements ne pardonnent pas. Je me suis pris moi-même plusieurs fois ces derniers jours en flagrant-délit d'amnésie sur les gestes barrière, ou à accomplir des actions que je ne me serais pas autorisées il y a encore quelques semaines.

Mais à la différence des Etats-Unis, l'Europe a adopté des mesures plutôt drastiques et, quoique non-coordonnées, assez proches les unes des autres. Cela a probablement permis jusqu'ici de limiter les conséquences de nos petits relâchements.

Alors que le semestre touche à sa fin, deux coups de semonce sont venus rappeler aux marchés financiers qu'ils s'écartaient un peu trop des réalités économiques et sanitaires. Mercredi et vendredi dernier, les indices ont décroché de plus de 2% à cause de l'accélération des infections dans plusieurs Etats américains, plus particulièrement ceux qui affichaient une certaine nonchalance des autorités et/ou de la population vis-à-vis de l'épidémie. Voilà qui se télescope dangereusement avec les premiers relèvements des prévisions des analystes sur les résultats des entreprises cette année. On ne peut réellement le leur reprocher : après tout, les sociétés avaient émis des prévisions apocalyptiques pour le second trimestre, et la réalité est un peu moins sombre que prévu. Mais de là à ce que la communauté financière s'emballe à nouveau ? "C'est certainement un cas de mauvais timing", explique l'économiste d'ING Robert Carnell, qui rappelle que "les analystes sont des bêtes lentes qui n'aiment pas changer d'avis rapidement, même lorsque les données montrent qu'ils se trompent"… un peu comme les économistes, concède-t-il. Attention donc à ne pas être toujours à contresens. Carnell ne manque d'ailleurs pas de cynisme ce matin, quand il se demande comment relancer la machine. Comme la Fed a tiré pas mal de ses missiles, il faudra sans doute trouver autre chose. "Il est peut-être temps de lancer une nouvelle rumeur sur les vaccins ?". Sacré Robert.

Le CAC40 a démarré la séance en baisse de 0,4% à 4890 points. 

Les temps forts économiques du jour

La première estimation de l'inflation allemande de juin (14h00) précèdera les ventes de logements anciens aux Etats-Unis (16h00).

L'euro remonte à 1,1247 USD. L'once d'or est ferme à 1772 USD. Le pétrole recule légèrement à 40,26 USD pour le Brent et 37,75 USD le WTI. La dette américaine offre un rendement de 0,64% sur 10 ans. Le bitcoin évolue à 9090 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Adyen : Morgan Stanley reste à surpondérer avec un objectif relevé de 1200 à 1485 EUR.
  • Balfour Beatty : Jefferies passe d'acheter à conserver avec un objectif à 260 GBp.
  • Burckhardt : Baader Helvea passe d'accumuler à achat avec un objectif relevé de 285 à 360 CHF.
  • Capgemini : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 105 EUR.
  • Compass : HSBC passe de conserver à acheter en visant 1380 GBp.
  • Continental : Goldman Sachs reste neutre avec un objectif réduit de 92 à 89 EUR.
  • Elior : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 5,30 EUR.
  • Essentra : Deutsche Bank passe d'acheter à conserver en visant 360 GBp.
  • Hugo Boss : BofA ML passe de neutre à sousperformance en visant 20 EUR.
  • Nestlé : UBS reste à l'achat avec un objectif relevé de 114 à 130 CHF.
  • Publicis : Crédit Suisse réduit son objectif de 37 à 33 EUR.
  • Ströer : Goldman Sachs passe d'achat à neutre en visant 64,10 EUR.
  • Zur Rose : Berenberg reste acheteur avec un objectif relevé de 200 à 300 CHF.

L’actualité des sociétés

En France

Alors que Sanofi doit supprimer plus d'un millier d'emplois, son directeur général, Paul Hudson, affirme que la France reste au centre de la stratégie du laboratoire. L'Oréal va retirer les mots blanc/blanchissant (white/whitening), clair (fair/fairness, light/lightening) de tous ses produits destinés à uniformiser la peau. Le collège de l'AMF a requis 10 M€ d'amende contre Electricité de France pour sa communication financière dans le cadre du projet Hinkley Point C. Air France-KLM devrait annoncer vendredi des milliers de suppressions d'emplois pour affronter la crise. Worldline pourrait reprendre des actifs de Wirecard, selon une rumeur propagée par FAZ. Getlink quitte la Bourse de Londres avec la fermeture d'Euronext Londres. Une grève chez BFM (Altice) entraîne l'annulation de la soirée électorale de la chaîne. Les Fromageries Bel émettent 150 M$ d'USPP. Groupe Flo obtient un PGE de 35 M€. Néovacs projette de reprendre Famar Lyon. SpineGuard signe une ligne de financement en fonds propres avec Nice & Green. Carbios lance son démonstrateur industriel. Danone, Teleperformance, Assystem, Erytech, Videlio, ESI Group, CBo Territoria, Lysogène, MRM, Solutions 30, Audiovalley, Hoffmann Green Cement, UV Germi, Awox, Balyo communiquent sur leurs assemblées générales. GEA (Grenobloise d'Electronique et d'Automatismes) et Bleecker ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Le producteur de pétrole de schiste Chesapeake Energy fait faillite. Nissan dément toute conspiration interne pour destituer Carlos Ghosn. Le vol de certification du B737MAX de Boeing pourrait avoir lieu ce début de semaine, selon l'AFP. Selon Bloomberg, l'antitrust américain s'intéresserait aux conditions imposées par Apple dans son App Store. Face à une montée du boycott de ses services par les annonceurs, Facebook durcit sa modération. La banque publique allemande KfW pourrait avoir perdu 100 M€ dans l'affaire Wirecard. Starbucks fait une "pause" dans la publicité sur les réseaux sociaux, comme Unilever ou Coca-Cola. Walt Disney reporte à nouveau la sortie de Mulan. Assicurazioni Generali aurait approché l'américain Brightsphere pour le racheter, a appris Reuters. The Estée Lauder annonce la promotion de Stéphane de La Faverie au poste de président groupe. Luckin Coffee, le "Starbucks chinois", va quitter la Bourse de New York après une gigantesque affaire de fraude comptable. Gap Inc a conclu un accord de partenariat avec Kanye West, qui va lancer une ligne de vêtements, entraînant une hausse de 19% de l'action vendredi. L'antitrust européen ne devrait pas demander de concessions à AMS AG pour le rachat d'Osram, selon des sources bien informées.

Ça publie. Prosus, Trigano, Hunting

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