Une tendance baissière mesurée se poursuivait mardi midi pour la monnaie unique européenne sur le marché des changes. A cette heure, l'euro se tasse de 0,34% contre le yen à 137,15, de 0,32% contre le dollar américain à 1,1192 et de 0,23% face au sterling à 0,7122. Il grappille cependant 0,21% contre le franc suisse, à 1,0411.

Si la volatilité est clairement de retour, un recul général de l'euro n'est pas encore à déplorer. Sur une semaine glissante et à l'exception notable du yen, l'euro s'affiche toujours en hausse contre la plupart des grandes devises concurrentes.

Les derniers événements survenus en Grèce, ce week-end, ont surpris négativement nombre d'observateurs qui jusqu'alors restaient globalement optimistes quant à un accord. Quittant la table des négociations, le gouvernement grec a annoncé la tenue, le 5 juillet, d'un référendum sur sa vision des dernières propositions des institutions européennes.

A très court terme, il paraît acquis qu'Athènes ne va pouvoir, aujourd'hui, faire face à une échéance de dette due au FMI. Il s'agit d'une “échéance de 1,6 milliard d'euros, (qui) est déjà une combinaison de trois échéances dues en juin et rassemblées au sein d'une unique ligne de crédit. La Grèce devrait faire défaut ce mardi 30 juin vis-à-vis du FMI, c'est une période de retard de paiement qui va ensuite s'ouvrir”, détaillent les experts de Barclays Bourse.

Il ne s'agit que d'un apéritif : “les 3,5 milliards d'euros dus à la BCE le 20 juillet sont majeurs”, la banque centrale européenne assurant le financement d'urgence du système bancaire hellène. “Le 20 juillet peut être considéré comme une date butoir du dossier grec”, ajoutent-ils.

Entre temps, le référendum pour l'heure prévu dimanche “ne peut pas entraîner une sortie immédiate de la Grèce de la zone euro, mais il peut amener le gouvernement grec à en faire la demande officielle, ou au contraire, à reprendre les négociations avec les créanciers”, estime Barclays Bourse, qui conclut : “les marchés financiers 'pricent 'progressivement le scénario du pire, mais le rendement obligataire grec à 10 ans reste encore en retrait de ses sommets de l'année 2011.”

La dimension politique du dossier grec n'est guère flatteuse pour l'Europe. 'On paye l'absence de politisation du dossier. Les Européens n'ont eu aucune vision stratégique, mais se sont cantonnés à une vision technique et comptable du problème', a déclaré l'économiste Xavier Timbeau, de l'OFCE, dans les colonnes de La Croix. 'L'Europe est un règlement de copropriété, mais chacun est seul dans son appartement. Habiter dans cet immeuble commun ne conduit à aucune forme de solidarité ni d'égalité entre les étages', déplore-t-il.

Mais d'un point de vue financier, malgré bien des retards et maintenant des déconvenues majeures, les conséquences financières de ce dossier sur la valeur de l'euro sont relativement mesurées. “Comme les PMI préliminaires, publiés la semaine dernière, les résultats des enquêtes compilées par la Commission européenne montrent que l'aggravation de la crise grecque n'a pas, jusque-là, contaminé le reste de la zone euro”, indique ce matin Aurel BGC, qui nuance que “toutefois, si la reprise de l'activité se confirme, elle reste modérée. “

Certes, “la probabilité de la sortie de la Grèce de la zone euro a fortement augmenté”, constate ce matin Lazard Frères Gestion. “Si le référendum se solde par une victoire du 'non', le 'Grexit' deviendrait une quasi-certitude”, mais “la victoire du 'oui' ne résoudrait pas toutes les questions.”

“Pour autant, nous maintenons notre scénario d'un impact au final limité de la crise grecque. L'amélioration de la conjoncture dans la zone euro se confirme, et les PMI flash du mois de juin confirment que le problème grec semble avoir peu d'impact sur l'activité des entreprises”, estiment les spécialistes.

D'ailleurs au chapitre des statistiques de la zone euro, on a appris ce matin que le taux d'inflation annuel a été estimé à 0,2% en juin, en baisse par rapport à 0,3% en mai, et que le taux de chômage s'est maintenu à 11,1% en mai, son niveau le plus faible depuis mars 2012. “Le chômage a perdu un point sur cette période, mais c'est principalement dû à l'Espagne et l'Allemagne. On espère que l'Italie et la France pourront prendre le relais d'ici la fin de l'année”, note-t-on chez Oddo & Cie.

Cet après-midi aux Etats-Unis, les cambistes prendront connaissance de l'indice PMI d'activité manufacturière dans la région de Chicago, puis de l'indice de confiance du consommateur du Conference Board.



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