HONG KONG, 24 juin (Reuters) - Les habitants de Hong Kong se sont précipités jeudi pour se procurer des exemplaires de la dernière édition du journal pro-démocratique Apple Daily, qui a été contraint de mettre fin à ses 26 ans d'existence après avoir été mêlé à une répression liée à la nouvelle loi sur la sécurité nationale.

L'émotion était à son comble lorsque les partisans du journal populaire, qui a dû faire face à une pression constante depuis l'arrestation de son propriétaire et fervent critique de Pékin, Jimmy Lai, en vertu de la loi sur la sécurité en août 2020, ont fait la queue pour obtenir leurs derniers exemplaires juste après minuit.

Les files d'attente s'étiraient devant les kiosques à journaux de la ville tôt jeudi après un dernier tirage émouvant au siège du journal, qui a été contraint de fermer après que les autorités ont gelé ses actifs.

"(Après) aujourd'hui, il n'y a plus de liberté de la presse à Hong Kong .... Je ne vois pas d'avenir à Hong Kong", a déclaré Dickson Ng, 51 ans, concepteur chez Apple Daily. "Je me sens très déçu et en colère aujourd'hui. Je ne comprends pas pourquoi notre groupe, notre société et les journaux ont été contraints de cesser leurs activités dans de telles circonstances."

En prévision de la forte demande pour son dernier tirage, Apple Daily, qui mêle discours pro-démocratiques, potins sur les célébrités et enquêtes sur les responsables au pouvoir, a imprimé 1 million d'exemplaires jeudi, soit plus de 10 fois son tirage habituel.

Selon les groupes de défense de la presse, cette fermeture porte le coup le plus grave jamais porté à la liberté des médias à Hong Kong et pourrait détruire sa réputation de centre médiatique ouvert et libre après que Pékin a imposé la loi sur la sécurité nationale l'année dernière.

Les détracteurs de cette loi affirment qu'elle est utilisée pour écraser la dissidence dans l'ancienne colonie britannique, ce que les autorités de Pékin et de Hong Kong rejettent. Les responsables de Hong Kong et de la Chine continentale ont déclaré à plusieurs reprises que les libertés des médias étaient respectées mais pas absolues. (Sharon Abratique; version française Camille Raynaud)