Les investisseurs ont besoin de savoir de combien les taux directeurs vont encore augmenter, et idéalement pour quelle durée. C'est un déterminant important de l'évolution des marchés actions, vous commencez à connaître la chanson. Et comme ce sont les taux de la banque centrale américaine qui donnent le tempo, toute information à la source est bonne à prendre. La source du jour, c'est le président de la Fed lui-même, Jerome Powell. Il distillera la bonne parole devant la commission bancaire du sénat des Etats-Unis à partir de 16h00 heure de Paris, dans le cadre de sa communication biannuelle auprès des parlementaires. Au cours de ce one-man-show, il fera probablement passer des messages importants, qui devraient permettre aux marchés d'affiner leurs prévisions. Pour les non-initiés, l'art de la communication d'un banquier central au XXIe siècle est une curieuse parade. Il faut à la fois se montrer rassurant, pas trop abscons mais pas trop clair quand même, vaguement mystérieux et surtout laisser croire que l'on sait parfaitement ce que l'on fait, même quand ce n'est pas le cas.

Les pics de taux envisagés sont de plus en plus haut, mais les investisseurs n'ont pas l'air d'être traumatisés

Les pics de taux envisagés sont de plus en plus haut, mais les investisseurs n'ont pas l'air d'être traumatisés (Source ThomsonReuters)

Powell s'exprime donc cet après-midi et une seconde fois demain pour un exercice identique devant les élus de la chambre des représentants. La teneur de son discours est difficile à anticiper. Les marchés financiers sont redevenus optimistes en 2023, trop aux yeux de certains bons connaisseurs et de quelques piliers de comptoir notoires, qui pensent que cela revient à jouer contre la Fed, ce qui a souvent été une mauvaise idée par le passé. Mais comment leur reprocher ? Un article paru hier dans le Wall Street Journal illustre bien les interrogations actuelles. En gros, il se demande pourquoi la récession promise est toujours repoussée à "dans six mois". Car cette récession, c'est l'Arlésienne, ou Godot, selon que vous préférez Daudet ou Beckett. Tout le monde en parle mais personne ne la voit vraiment. Ce qui complique singulièrement la tâche des banquiers centraux, dont les armes traditionnelles ne produisent pas les effets escomptés aussi directement que par le passé. C'était mieux avant, aurait dit ma grand-mère, qui n'a pas, à ma connaissance, fricoté avec un banquier central dans sa jeunesse pour autant. Un commentateur plus sérieux qu'elle, l'économiste Brian Wesbury, de First Trust (qui n'est pas un perdreau de l'année) entamait hier son commentaire hebdomadaire en disant "à de multiples égards, c'est le moment le plus difficile que j'aie connu pour faire des prévisions".

Les marchés actions, eux, ont la hausse qui les démange. Même si hier à Wall Street, les indices ont plutôt clôturé sur leurs plus bas de la séance, mais sans reculer pour autant. Le Dow Jones, le S&P500 et le Nasdaq 100 ont tous gagné 0,1%. En Europe, les places riches en valeurs cycliques ont aussi progressé. Le CAC40 français a même exploré des terres vierges en touchant le pic symbolique des 7400 points en séance pour la première fois de son histoire. Il a ensuite perdu de l'altitude, mais a préservé 0,3% de gains à la clôture. Je souligne une fois de plus qu'au-delà de ce record symbolique, le marché parisien évoluait déjà depuis plusieurs semaines de sommets en sommets au niveau du CAC40 GR, qui intègre les dividendes et qui est donc plus représentatif de la performance réelle.

Ce matin, en attendant Powell et pas Godot, les financiers ont constaté que la Banque d'Australie a relevé ses taux de 25 points de base pour les porter à 3,60%, comme prévu. Et que la Chine a publié ses chiffres d'import-export encore dégradés, là aussi comme cela était attendu, quoique la contraction de l'export soit moins impressionnante que ce qui était redouté. Les résultats d'entreprises continuent, avec des dynamiques divergentes chez Zalando et HelloFresh et des indications sur les tendances de consommation avec Lindt et Henkel. Histoire de changer de banque centrale, les membres de la BCE continuent à donner l'impression de se déchirer en attendant leur prochaine décision de politique monétaire, prévue le 16 mars. Ils n'auront plus le droit de s'exprimer publiquement à partir du 9 mars, puisqu'ils sont tenus de respecter une période de silence de sept jours avant une telle décision. Pour information, la "quiet period" est plus longue du côté de la Fed puisqu'elle démarre samedi 11 mars, pour une prochaine décision de politique monétaire attendue le 22 mars.

Sur les places qui sont déjà ouvertes ou qui sont même parfois déjà fermées, les tendances sont mitigées. L'Australie et le Japon ont bouclé sur des gains respectifs de 0,5% et 0,25%. La Corée du Sud est plus ou moins à l'équilibre, alors que l'Inde est plus franchement haussière (+0,6%). C'est la Chine le maillon faible. Shanghai perd 1,2% et Hong Kong 1%, alors que les deux places avaient démarré la séance sur les chapeaux de roues. Les indicateurs avancés européens étaient légèrement haussiers, mais le CAC40 a finalement démarré en baisse de 0,3% à 7349 points.

Les temps forts économiques du jour

Les ventes de détail européennes (11h00) et les commandes de biens durables américaines (16h00) sont au programme, avec donc une allocution publique du patron de la Fed, Jerome Powell. Tout l'agenda ici. Ce matin, la Chine a annoncé une contraction de ses importations et de ses exportations sur la période janvier/février, mais avec des chiffres d'exportations un peu meilleurs que prévu. Par ailleurs, la Banque d'Australie a relevé ses taux d'un quart de point, comme prévu, pour les porter à 3,6%.

L'euro gagne quelques cents à 1,0688 USD. L'once d'or revient sous 1850 USD. Le pétrole se renforce, avec un Brent de Mer du Nord à 86,36 USD le baril et un brut léger américain WTI à 80,63 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans remonte à 3,96%. Le bitcoin reste autour de 22 400 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Alpha Services : Jefferies démarre le suivi à sousperformance en visant 1,10 EUR.
  • Aryzta : UBS reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 1,60 à 1,75 CHF.
  • Clarkson : J.P. Morgan passe de surpondérer à neutre en visant 3740 GBp.
  • CRH : J.P. Morgan reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 49 à 54 EUR.
  • DiaSorin : HSBC passe de conserver à acheter en visant 135 EUR.
  • Eurobank : Jefferies démarre le suivi à conserver en visant 1,65 EUR.
  • Fresenius Medical Care : HSBC passe de conserver à alléger en visant 33 EUR.
  • Hochtief : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 55 à 67 EUR.
  • Holcim : J.P. Morgan reste neutre avec un objectif de cours relevé de 53 à 56 CHF.
  • HSBC : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 770 à 900 GBp.
  • MoneySuperMarket : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 260 à 285 GBp.
  • National Bank of Greece : Jefferies démarre le suivi à l'achat en visant 6,60 EUR.
  • Piraeus Financial : Jefferies démarre le suivi à conserver en visant 2,50 EUR.
  • Recordati : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 39 à 37 EUR.
  • Scor : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 17,50 à 23,50 EUR.
  • Synlab : HSBC passe de conserver à acheter en visant 10 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • LVMH nomme Stéphane Rinderknech au poste de président-directeur général de sa division Parfums & Cosmétiques.
  • La FDA va examiner la demande d'indication pour le traitement de l'urticaire chronique spontanée de l'adulte et de l'adolescent à partir de 12 ans du Dupixent (Sanofi et Regeneron).
  • TotalEnergies a lancé en Papouasie-Nouvelle-Guinée des études d'ingénierie d'avant-projet détaillée pour le projet Papua LNG, dont il est l'opérateur.
  • STMicroelectronics va utiliser de nouveaux symboles boursiers européens (codes mnémoniques, ou tickers) dès le 13 mars STMMI à Milan et STMPA à Paris. Le symbole boursier STM sera conservé à New York.
  • Alstom va dédommager les Chemins de fer fédéraux suisses pour la livraison tardive de trains.
  • Thales va moderniser le système de signalisation d'une ligne du métro de New-York.
  • Le groupe hôtelier chinois H World a vendu sa participation résiduelle dans Accor (environ 3,9%).
  • Neoen lance une augmentation de capital de 750 M€ à 20,45 EUR l'action pour ses investissements.
  • L'accord de restructuration d'Orpea avec la CDC attaqué en justice par des créanciers mécontents.
  • S&P a relevé la note crédit de Vallourec de "B+" à "BB-" avec une perspective positive.
  • Colas signe un contrat aux Philippines.
  • Global Bioenergies lance une augmentation de capital de 7,5 M€ avec maintien du DPS, à 2,07 EUR par action.
  • Genomic Vision lance un logiciel basé sur l’intelligence Artificielle pour automatiser l'analyse génomique.
  • Medesis annonce un brevet sur une de ses solutions.
  • Ils ont publié aussi / ils sont sur l'agenda : Altamir, Séché, Groupe Pizzorno, McPhy, Logic Instrument, Ekinops

Dans le monde

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • HelloFresh : prévoit un bénéfice de base de 460-540 M€ en 2023.
  • Henkel : vise une croissance organique des ventes comprise entre 1% et 3% en 2023.
  • Lindt : a amélioré sa rentabilité en 2022.
  • Nexi : maintient ses prévisions pour 2023 après avoir atteint ses objectifs pour 2022.
  • Zalando : le chiffre d'affaires pourrait baisser en 2023 après une année 2022 en bas de la fourchette cible.

Annonces importantes (et moins importantes)

Lectures