WASHINGTON/DUBAI (Reuters) - Israël a lancé vendredi une attaque contre l'Iran, ont déclaré plusieurs sources, nouvelle étape du conflit désormais ouvert entre les deux puissances régionales ennemies au risque d'entraîner le Moyen-Orient dans une crise encore plus profonde.

Les médias iraniens ont fait état de plusieurs explosions mais un responsable iranien a dit à Reuters qu'elles étaient dues à l'activation des systèmes de défense aérienne.

Les médias d'Etat ont ajouté que trois drones survolant la ville d'Ispahan, au centre du pays, avaient été abattus.

Pour l'heure, aucun dirigeant ou responsable militaire israélien n'a officiellement réagi. Sur X, le ministre de la Sécurité nationale Ben Gvir, figure de l'extrême droite israélienne, a toutefois publié un mot : "Faible!"

Une source a indiqué à Reuters que les Etats-Unis avaient été prévenus par Israël de l'attaque avant qu'elle ne soit lancée.

"Trois drones ont été observés au-dessus d'Ispahan. Les systèmes de défense aérienne ont été activés et ont détruit ces drones dans le ciel" peu après minuit, a indiqué la télévision d'Etat iranienne.

Les systèmes de défense aérienne ont pris pour cible un "objet suspect", a déclaré le commandant en chef de l'armée, Siavosh Mihandoust, selon des propos rapportés par la télévision d'État.

Cette attaque intervient après celle menée samedi dernier par l'Iran sur le sol israélien - pour la première fois dans l'histoire des deux pays - en représailles à une frappe présumée israélienne contre l'ambassade iranienne de Syrie le 1er avril.

Israël a promis de répondre à la vaste attaque aux drones et aux missiles effectuée par Téhéran, en dépit d'appels à la retenue afin d'éviter un embrasement régional.

Le conflit ouvert entre Iran et Israël intervient sur fond d'offensive israélienne dans la bande de Gaza après l'attaque meurtrière du Hamas du 7 octobre.

"RÉPONSE SÉVÈRE"

Le président iranien, Ebrahim Raïssi, a déclaré cette semaine que toute attaque israélienne sur le sol iranien "(ferait) l'objet d'une réponse sévère".

L'Iran a déclaré jeudi au Conseil de sécurité des Nations unies qu'Israël "doit être contraint de cesser tout nouvel aventurisme militaire contre nos intérêts", alors que le secrétaire général de l'Onu a averti que le Moyen-Orient se trouvait dans un "moment de péril maximal".

L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a fait savoir vendredi que les sites nucléaires iraniens n'avaient pas été endommagés lors de la riposte présumée d'Israël contre l'Iran.

Le site nucléaire de Natanz, pièce maîtresse du programme iranien d'enrichissement de l'uranium, se trouve dans la province d'Ispahan.

L'AIEA continue de suivre la situation de très près et appelle toutes les parties à la plus grande retenue, a-t-elle ajouté sur X.

Les aéroports de Téhéran, d'Ispahan et de Chiraz ont temporairement suspendu leur activité et l'espace aérien a été fermé durant quelques heures dans l'ouest de l'Iran, selon les données de Flightradar 24.

Sur les marchés financiers, le regain de tensions au Proche-Orient se traduit par un bond des cours du brut et une forte aversion au risque, qui pénalise les marchés d'actions et favorise la hausse de l'or et des obligations souveraines.

(Humeyra Panuk, Phil Stewart et Idrees Ali à Washington et Parisa Hafezi à Dubaï, avec la contribution de Kanishka Singh, Jasper Ward, Jamie Freed et Dan Williams, rédigé par Stephen Coates; version française Camille Raynaud et Blandine Hénault, édité par Tangi Salaün)