(Actualisé avec nouvelles sources, prolongation de l'interdiction de vente à découvert sur Monte Paschi)

* La BCE a demandé de nouvelles données sur les créances douteuses

* Le marché redoute de nouvelles provisions sur ces créances

* La BCE dit qu'il s'agit de procédures standard, techniques

* Mais elle prépare bien de nouvelles directives sur la question

* L'action Monte Paschi perd encore 14,4% à Milan

par Silvia Aloisi et Valentina Za

ROME, 19 janvier (Reuters) - La décision de la Banque centrale européenne de demander des informations complémentaires à certaines banques européennes sur leurs créances douteuses a débouché, mardi, sur une deuxième séance de chute pour les banques italiennes en Bourse dans la crainte qu'elles ne doivent passer de nouvelles provisions.

Les banques italiennes détiennent 200 milliards d'euros de créances qui ne seront vraisemblablement jamais remboursées.

La proportion de ces créances douteuses sur la totalité des créances détenues par les banques est de 17,5% en Italie, alors qu'elle n'est que de 2% en Allemagne, de 4% en France et de 7% en Espagne, selon les données de Royal Bank of Scotland.

Monte dei Paschi di Siena, troisième banque italienne -- qui a réalisé la plus mauvaise performance en Europe lors du dernier bilan de santé effectué par la BCE en 2014 -- a encore accusé encore la plus forte baisse du secteur avec une perte de 14,37% mardi, au lendemain d'une chute de 12%.

Banco Popolare a perdu 6,30% et Unicredit , la première banque italienne, a lâché 3,46%.

Monte dei Paschi, dont le montant de créances douteuses représente environ 22% de l'ensemble de ses prêts, a perdu 47% en Bourse depuis le début de l'année, de crainte que sa montagne de prêts non performants l'empêchent de trouver un partenaire en vue d'une fusion.

La Consob, l'autorité des marchés italiens, a annoncé la prolongation jusqu'à jeudi de l'interdiction des ventes à découvert d'actions de la banque toscane.

Cette dernière figure parmi les six banques qui ont publié lundi, à la demande de la Consob, un communiqué reconnaissant avoir reçu ou être sur le point de recevoir des demandes d'informations complémentaires sur la gestion de leur portefeuille de créances douteuses.

CRAINTES D'AUGMENTATIONS DE CAPITAL

Les autres établissements concernés sont UniCredit, Banco Popolare, Banca Popolare di Milano, Popolare dell'Emilia Romagna et Carige.

La demande de crédit reprend progressivement en Italie au fur et à mesure que la troisième économie de la zone euro sort de la récession. Selon les dernières statistiques publiées mardi par l'Association des banques italiennes (Abi), le crédit aux ménages et aux entreprises a augmenté de 0,5% en décembre, après une croissance de 0,7% en novembre, soit les deux meilleurs mois pour cet indicateur depuis le mois d'avril 2012.

Mais la capacité des banques du pays à prêter est freinée par le coût en fonds propres de leurs créances douteuses.

Les analystes financiers soulignent que la demande d'informations de la BCE soulève des craintes que la banque centrale n'exige par la suite de nouvelles provisions pour dépréciations de ces créances douteuses, ce qui pourrait forcer les banques concernées à réaliser des augmentations de capital.

Des sources bancaires ont déclaré que la BCE prévoyait d'adresser des recommandations aux banques de la zone euro sur la gestion des créances douteuses, qui pourraient inclure le renforcement des équipes chargées de gérer ces créances, la modification des pratiques internes mais aussi de nouvelles provisions et une réévalution des créances concernées, voire à la création d'une structure de défaisance.

Un porte-parole de la BCE a déclaré que la demande d'information était une "pratique standard en matière de supervision".

Le ministre de l'Economie, Pier Carlo Padoan, et l'Abi ont également souligné" que la demande d'informations sur la situation certaines banques ne traduisait pas une inquiétude particulière de la part de la BCE sur ces établissements.

Rome cherche à mettre en place un plan pour aider les banques à se défaire de leurs créances douteuses mais ses propositions ont été rejetées à plusieurs reprises par la Commission européenne qui jugent qu'elles violent les règles en matière d'aides publiques. (avec Stefano Bernabei; Véronique Tison, Wilfrid Exbrayat et Juliette Rouillon pour le service français, édité par Marc Angrand)