Des marchés boursiers un peu nerveux ont signé un rebond probant hier, alimenté par une rébellion des valeurs technologiques. Le Nasdaq a repris 1,5%. En Europe, rebond également avec des gains de l'ordre de 1% pour le CAC40 français, le DAX allemand ou le SMI Suisse. La hausse était un peu moins prononcée à Londres, à Madrid et à Milan. Le patron de la banque centrale américaine, Jerome Powell, est largement crédité par les médias pour cette hausse. De fait, Jay a brossé le marché dans le sens du poil hier lors d'une audition parlementaire. A tel point que plusieurs commentateurs l'ont affublé du sobriquet de "Boucle d'Or", en référence au fameux conte avec les trois ours. La déclaration de Powell n'était ni trop chaude, ni trop froide, juste parfaite, comme le bol de petit ours dans l'histoire des frères Grimm. "J'ai déjà parlé de Powell comme de Boucle d'or en costume, et dans une certaine mesure, je pense qu'il a joué ce rôle une fois de plus", s'est amusé le stratège d'Interactive Brokers, Steve Sosnick. Son homologue chez Oanda Jeffrey Halley évoque lui une "performance magistrale… digne de Boucle d'or".

En réalité, Boucle d'or Powell n'a pas dit grand-chose de nouveau. Il a confirmé que la priorité va à la lutte contre l'inflation et à la réduction du bilan de la Fed. Mais il n'a pas paru vouloir accélérer le processus, ce qui va un peu à l'encontre des déclarations récentes de certaines de ses ouailles et à la teneur du compte rendu de la dernière réunion de la banque centrale. Les investisseurs craignaient des commentaires plus offensifs qui auraient conforté les craintes d'un redressement rapide des taux et d'une réduction à marche forcée du plan de soutien. Résultat des courses, le patron de l'institution continue à donner l'impression que le mandat de la Fed comprend aussi la hausse des marchés actions avec le plein-emploi et le contrôle de l'inflation. Et ça, les investisseurs adorent évidemment, comme le prouvent les gains de la veille, la belle couleur verte des indicateurs avancés ce matin en Europe et les gains copieux constatés au Japon ou en Chine ce matin.

Quittons le monde merveilleux des banques centrales pour celui, tout aussi intéressant des semiconducteurs. Parfois, il est bon d'aller chercher l'inspiration chez les confrères. Les lendemains de cuite par exemple, parce que l'excuse est toute trouvée. Les jours de page blanche aussi, puisque ça fait partie de la panoplie du journaliste. Ou tout simplement parce qu'on a trouvé un très bon article qu'on a été soi-même incapable d'écrire. Merci donc, Morgan Meaker, d'avoir écrit ce papier pour Wired, qui me permet de compenser en même temps mon angoisse de la page blanche, mes verres de vin blanc du Languedoc de la veille et mes lacunes concernant ASML.

Pour ceux qui l'ignorent, ASML est une entreprise néerlandaise qui détient ce que bien peu de sociétés technologiques européennes peuvent se vanter de posséder, un "moat" au sens de Warren Buffett. Le nonagénaire d'Omaha, connu pour sa vista boursière et son sens de la formule, aime les sociétés qui ont un réel avantage sur les autres, ce qu'il appelle un "moat". Une "douve" en anglais. Les marketeux du XXIe siècle lui auraient peut-être conseillé une image plus sexy, mais c'est bien le moat qui est passé à la postérité. ASML pèse désormais plus lourd que L'Oréal en bourse. C'est devenu la quatrième capitalisation européenne, derrière LVMH, Nestlé et Roche.

ASML conçoit et fabrique les machines qui produisent les puces qui équipent nos automobiles, nos box, nos téléviseurs, nos smartphones, nos consoles de jeux, nos ordinateurs, nos enceintes, nos drones, j'en passe et des meilleures. On sait que le secteur est en tension permanente depuis des mois et des mois, ce qui retarde scandaleusement l'obsolescence programmée de nos joujoux technologiques. Quand un Taiwan Semiconductor, un Samsung ou un Intel veut construire une fab, il y a quatre chances sur cinq pour qu'il commande des machines à ASML, qui détient plus de 80% de ce marché. Megan Meaker m'apprend même que le Néerlandais détient 100% du marché de la lithographie ultraviolette extrême (dite "EUV"), celle qui permet d'avoir les puces les plus efficaces du monde. Une technologie qui a coûté plusieurs bras mais qui a donné 15 ans d'avance à ASML sur la concurrence. Une concurrence qui s'organise, notamment en Chine où l'on est d'autant plus dans le besoin que les Etats-Unis ont pour l'heure empêché ASML de vendre des machines EUV, car elles contiennent des lasers fabriqués par une entreprise américaine. Est-ce une bonne ou une mauvaise chose ? L'avenir le dira, mais le Néerlandais est incontestablement un exemple à suivre pour l'industrie européenne. Les investisseurs ne s'y sont pas trompés en permettant au titre d'être multiplié par 3,5 depuis les planchers de mars 2020. Le reste de l'histoire est à lire sur Wired.

Manifestement, Boucle d'or a fait du Powell, ou le contraire, ce qui a remis d'aplomb des investisseurs échaudés par un début d'année raté. Le CAC40 démarre en hausse de 0,7% à 7234 points. Prochain rendez-vous test pour le moral des troupes à 14h30 avec l'inflation américaine de décembre, un déterminant majeur pour le rythme de hausse des taux de la Fed, toujours elle.

Les temps forts économiques du jour

La production industrielle européenne de novembre (11h00) précédera l'inflation américaine de décembre (14h30) et les stocks pétroliers hebdomadaires des Etats-Unis (16h30). Cette nuit, la Chine a annoncé une inflation et des prix à la production en hausse moins élevée que prévu en décembre.

L'euro se renforce à 1,13723 USD. L'once d'or est remontée à 1818 USD. Le pétrole recule légèrement après ses gains de la veille, à 83,6 USD le Brent et 81,25 USD le WTI. Légère détente sur le rendement du T-Bond 10 ans, rémunéré à 1,73% (-3 points). Le bitcoin se stabilise autour de 42 560 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Atos : J.P. Morgan réduit son objectif de cours de 42 à 36 EUR.
  • CIE Automotive : Kepler Cheuvreux passe d'acheter à conserver en visant 30 EUR.
  • Edenred : HSBC réduit son objectif de 55,25 à 48,50 EUR.
  • Eurofins : HSBC relève son objectif de cours de 76 à 84 EUR.
  • FD Technologies : Berenberg passe de conserver à vendre en visant 1600 GBp.
  • Flutter : Jefferies reste à l'achat avec un objectif réduit de 19 300 à 16 500 GBp.
  • Holcim : DZ Bank reste à l'achat avec un objectif relevé de 58 à 60 CHF.
  • Naturgy : Kepler Cheuvreux passe de conserver à alléger en visant 24 EUR.
  • Neoen : AlphaValue reste à vendre avec un objectif relevé de 27,11 à 28,60 EUR.
  • Publicis : Berenberg reste à l'achat avec un objectif relevé de 65 à 68 EUR.
  • Royal DSM : Bernstein passe de sousperformance à performance de marché en visant 188 EUR.
  • Shop Apotheke : Berenberg reste à l'achat avec un objectif réduit de 210 à 175 EUR.
  • Sika : Stifel passe d'acheter à conserver en visant 380 CHF.
  • STMicroelectronics : CFRA passe d'acheter à conserver en visant 46 EUR.
  • Telekom Austria : Jefferies reste à l'achat avec un objectif relevé de 8,49 à 8,82 EUR.
  • Tryg : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 175 DKK.
  • Ubisoft : Berenberg reste à conserver avec un objectif réduit de 48 à 44 EUR.
  • Valeo : Exane BNP Paribas passe de sousperformance à neutre en visant 30 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Carrefour signe un partenariat en Grèce et étend son partenariat avec Blackhawk Network pour les cartes-cadeaux.
  • EDF Renouvelables UK (Electricité de France) s'associe à DP Energy pour la réalisation d'un projet d'éoliennes offshore.
  • Rexel revoit ses prévisions en hausse.
  • Eurazeo investit 75 M$ dans la marque de vêtements médicaux Jaanuu.
  • OVH confirme ses objectifs annuels en marge de la publication de son T1 fiscal.
  • Virbac transforme son site de Carros.
  • Gaztransport & Technigaz reçoit une commande d'un chantier coréen.
  • La Société de la Tour Eiffel cède le centre commercial les 7 Collines à Nîmes.
  • La demande de report de l'assemblée générale de SMCP rejetée par le tribunal.
  • Inertam (Europlasma) confirme ses objectifs mais avance sa maintenance programmée, à cause de la flambée des prix de l'énergie.
  • Groupe Parot finalise la cession du pôle VP en Ile de France.
  • Eurobio lance un autotest pour détecter des infections par VIH.
  • Vente-Unique , CBo Territoria et Miliboo ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Annonces importantes (et autres)

  • The Boeing Company reçoit 535 commandes nettes et livre 340 appareils.
  • Equinor annonce une dépréciation de 1,8 Md$ pour le champ pétrolier britannique Mariner.
  • Les revenus du T4 de Philips sont inférieurs aux attentes.
  • J Sainsbury relève ses prévisions de bénéfices.
  • Just Eat Takeaway annonce des prises de commandes plus faibles que prévu au T4.
  • La FTC autorisée à poursuivre son offensive antitrust contre Meta Platforms.
  • Swissquote rachète le courtier en ligne luxembourgeois Keytrade Bank.
  • CNOOC relève son objectif de production pour 2022 et prévoit un pic pétrolier en 2030.
  • Exxon Mobil lance la vente de ses propriétés dans les gaz de schiste dans l'Ohio.
  • UniCredit fait partie des créanciers intéressés par la banque russe Otkritie, qui ouvre ses livres à des prétendants.
  • Citigroup va se retirer de la banque de détail au Mexique.
  • Acciona pourrait céder 8% additionnels de sa division renouvelable.
  • Sony fait face à la pénurie de PlayStation 5 en fabriquant davantage de consoles PS4.
  • Pierer Mobility relève ses prévisions pour l'exercice 2021.
  • Swisscom quitte la France en vendant le service d'annuaire Local.Fr à un consortium.
  • Corticeira Amorim rachète 50 % des parts de SACI pour 55 M$.
  • Principales publications de résultats : Tata Consultancy, Infosys, Wipro, Lennar, JD Sports Fashion, Just Eat Takeaway, OVH, DFDS

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