par Nathalie Olof-Ors

Le Brésil et le Mexique notamment sont très prometteurs, bien que ces deux pays ne figurent pas encore parmi les principaux marchés d'exportation dans les statistiques de la Fédération horlogère suisse.

"Le Brésil est un pays à très fort potentiel pour les produits de luxe. C'est un pays-clef à terme", a déclaré Jean-Marc Jacot, directeur général de la société d'horlogerie de prestige Parmigiani Fleurier, lors du sommet du luxe et de la mode organisé par Reuters cette semaine.

"Le pays pourrait se hisser parmi les cinq premiers marchés pour le secteur du luxe à un horizon de quatre à cinq ans", a-t-il ajouté. La proximité culturelle entre l'Europe et le Brésil facilite le développement des activités horlogères dans ce pays, a-t-il souligné.

Diane von Furstenberg, égérie d'Andy Warhol qui s'est fait un nom dans la mode avec sa fameuse robe portefeuille, a déclaré à Reuters lors du sommet que sa boutique ouverte il y a deux ans au Brésil réalisait désormais le plus gros chiffre d'affaires de la marque après celui du magasin de New York.

Pour gagner en notoriété au Brésil, Parmigiani Fleurier a conclu au début mai un partenariat avec la Fédération brésilienne de football. Dans ce cadre, cette maison indépendante qui ne s'est lancée qu'en 1996 dans les montres et dispose d'un faible budget publicitaire comparé à ceux de ses concurrents prévoit notamment de créer une collection spéciale autour de la Pershing, son modèle-phare.

Jean-Marc Jacot identifie néanmoins deux obstacles au développement du secteur au Brésil: la distribution concentrée autour d'une poignée d'acteurs et de lourdes taxes d'importation.

"Pour l'instant, on ne vend que des montres chères, voire très chères", a-t-il dit, la maison bénéficiant de l'essor rapide des nouvelles grandes fortunes au Brésil. "Le segment du milieu de gamme, en revanche, est plus difficile au Brésil car le prix peut pratiquement doubler avec les taxes d'import."

MEXIQUE ET ARGENTINE AUSSI

Cette contrainte douanière incite les Brésiliens à acheter leurs montres lors de voyages à l'étranger, ce qui explique en partie que le poids grandissant de ce segment ne ressorte pas clairement dans les statistiques des exportations horlogères.

"Je soupçonne qu'ils (les Brésiliens) représentent déjà entre 1% et 2% du marché des montres suisses", évalue Jon Cox, analyste chez Kepler Capital Markets. "Si les taxes venaient à être réduites, le Brésil pourrait se hisser parmi les dix premiers marchés pour l'horlogerie suisse."

Selon Global Blue, leader mondial de la détaxe touristique, les dépenses de consommation des touristes brésiliens en France ont augmenté de 50% en 2010, après une progression déjà significative l'année précédente.

"Au Brésil, il y a un potentiel, il y a des acheteurs, mais nous sommes encore freinés par les droits d'entrée", a résumé Antonio Calce, directeur général des montres Corum, estimant que ce marché reste difficile à aborder, y compris pour les grands groupes cotés.

Il s'est dit plus convaincu pour l'instant par le Mexique, ajoutant que ce pays offre un "potentiel colossal".

Corum a signé l'an dernier un accord de distribution avec un partenaire local, avec des résultats "extraordinaires" qui l'ont convaincue d'augmenter la voilure en Amérique latine, même si sa priorité stratégique reste cette année la Chine, où l'engouement des consommateurs ne se dément pas.

Antonio Calce a précisé à Reuters qu'il négociait un partenariat de distribution au Venezuela et en Argentine.

Basée à La Chaux-de Fonds, cité emblématique de l'industrie horlogère suisse, Corum fabrique des montres dont les prix vont de 3.900 francs (3.200 euros) à plus d'un million. Cette société non cotée qui défend jalousement son indépendance malgré des rumeurs de rachat récurrentes ne dévoile pas ses chiffres, à l'exception du nombre des montres qu'elle produit.

En 2010, Corum a fabriqué 15.000 montres et vise 17.000 pièces cette année, avec une augmentation du prix moyen.

Selon René Weber, analyste chez Vontobel, le chiffre d'affaires de Corum avoisinait les 100 millions de francs l'an dernier et devrait augmenter de 15% en 2011.

Avec Pascale Denis et Astrid Wendlandt à Paris, édité par Dominique Rodriguez