* Moscou ne serait qu'une escale

* Quito et Wikileaks confirment la demande d'asile

* Hong Kong n'a pas donné suite à un mandat d'arrêt US (Actualisé avec déclaration du département d'Etat §11-12)

par Nick Macfie et Steve Gutterman

MOSCOU, 23 juin (Reuters) - Edward Snowden, l'informaticien à l'origine des fuites sur le programme américain de surveillance Prism, aurait quitté Hong Kong pour se rendre à Moscou. Il a demandé l'asile en Equateur, a annoncé le gouvernement de Quito.

Un appareil de la compagnie Aeroflot venant de Hong Kong et censé transporter l'ancien consultant de la National Security Agency (NSA), recherché pour espionnage aux Etats-Unis, a atterri dimanche après-midi dans la capitale russe.

"Le gouvernement de l'Equateur a reçu une demande d'asile d'Edward J. Snowden", a annoncé sur son compte twitter le ministre équatorien des Affaires étrangères Ricardo Patino, qui est en visite officielle au Viêtnam.

Le site Wikileaks, qui épaule le "lanceur d'alerte" américain dans ses démarches, a confirmé que Snowden "se rendait en République d'Equateur via une route sûre".

Quito a déjà accordé l'asile politique au fondateur de Wikileaks, Julian Assange, qui est réfugié depuis l'an dernier dans l'ambassade d'Equateur à Londres après le rejet de son appel contre une demande d'extradition vers la Suède, où la justice veut l'interroger sur des accusations de viol portées contre lui.

L'organisation spécialisée dans la divulgation d'informations sensibles précise sur Twitter qu'Edward Snowden est accompagné de diplomates et de conseillers juridiques.

L'ambassadeur d'Equateur à Moscou, Patricio Alberto Chavez Zavala, a déclaré qu'il devait s'entretenir dans un hôtel proche de l'aéroport avec Snowden et Sarah Harrison, une représentante de Wikileaks.

L'Equateur appartient avec Cuba et le Venezuela, deux autres pays évoqués dans la journée comme possibles destinations de Snowden, à l'alliance ALBA de pays latino-américains "anti-impérialistes".

SNOWDEN INVISIBLE À MOSCOU

Selon des journalistes sur place, aucun signe de la présence de Snowden n'était décelable à l'aéroport Cheremetievo de Moscou, ou l'avion s'est posé. Pour la presse russe, il pourrait avoir été emmené en voiture dans les locaux d'une ambassade.

Les Etats-Unis ont quant à eux fait savoir qu'ils avaient révoqué le passeport de l'informaticien.

Dans un communiqué, le département d'Etat a averti les "gouvernements de l'hémisphère occidental" qu'Edward Snowden était recherché pour crime grave et ne devait pas être autorisé à voyager davantage sur les lignes internationales.

L'hémisphère occidental désigne généralement les Amériques et les extrémités occidentales de l'Europe et de l'Afrique.

Les autorités hongkongaises, auxquelles Washington avait demandé l'arrestation d'Edward Snowden en vue de son extradition, ont fait savoir qu'il avait quitté volontairement la région administrative spéciale après y avoir été autorisé.

Selon elles, le dossier transmis par les Etats-Unis n'était pas pleinement conforme aux conditions requises par la loi de Hong Kong pour traiter une requête de mandat d'arrêt provisoire.

Samedi, la Maison blanche avait annoncé que des responsables américains étaient à Hong Kong pour négocier le retour de l'informateur.

A Moscou, Dimitri Peso, porte-parole de Vladimir Poutine, a dit tout ignorer des intentions du jeune homme âgé de 29 ans, ce qui n'a pas convaincu le sénateur américain Charles Schubert. Pour l'élu démocrate, interrogé par CNN, le président russe a vraisemblablement donné son aval, ce qui aura de "graves conséquences" sur les relations bilatérales.

Les informations communiquées par Snowden ont permis de révéler début juin l'existence très décriée de Prism, un vaste programme de surveillance de données informatiques circulant sur internet, des courriers électroniques par exemple, et de données téléphoniques. (avec Fayen Wong à Shanghai, Nishant Kumar à Hong Kong, Andrew Cawthorne à Caracas, Alexei Anishchuk et Steve Gutterman in Moscou, Tabassum Zakaria à Washington; Henri-Pierre André, Jean-Philippe Lefief et Jean-Stéphane Brosse)