* Les chefs des finances du G7 se réunissent à Stresa, en Italie, les 24 et 25 mai.

* Les Etats-Unis veulent un prêt à l'Ukraine garanti par des actifs russes

* Les aspects techniques sont insaisissables, l'accord n'est pas attendu cette semaine

* Le G7 cherche à faire front commun contre la menace commerciale chinoise

* L'impôt mondial sur les sociétés et l'impôt sur la fortune sont également à l'ordre du jour du G7

ROME, 22 mai (Reuters) - Les chefs des finances du G7, réunis en Italie cette semaine, tenteront de trouver un terrain d'entente sur la manière d'utiliser les avoirs russes gelés pour contribuer à l'effort de guerre de l'Ukraine et sur la manière de faire face à la puissance croissante des exportations chinoises sur des marchés clés, ont déclaré des responsables.

Les ministres des finances et les banquiers centraux du groupe des sept grandes démocraties (États-Unis, Japon, Allemagne, France, Grande-Bretagne, Italie et Canada) se réuniront vendredi et samedi dans la ville de Stresa, au bord d'un lac du nord de l'Italie.

Les négociateurs du G7 discutent depuis des semaines de la meilleure façon d'exploiter les quelque 300 milliards de dollars d'actifs financiers russes, tels que les principales devises et les obligations d'État, qui ont été gelés peu après l'invasion de l'Ukraine par Moscou en février 2022.

Les États-Unis s'efforcent de trouver un moyen d'anticiper les revenus futurs de ces actifs, soit en émettant une obligation, soit, plus probablement, en accordant à l'Ukraine un prêt qui, selon eux, pourrait lui rapporter jusqu'à 50 milliards de dollars à court terme.

Toutefois, de nombreux aspects juridiques et techniques doivent être réglés, ce qui signifie qu'un accord détaillé ne devrait pas être conclu à Stresa, ont déclaré plusieurs fonctionnaires.

Dans ce cas, les discussions informelles se poursuivront en vue de présenter une proposition aux chefs de gouvernement du G7 qui se réuniront dans les Pouilles, dans le sud de l'Italie, du 13 au 15 juin.

L'idée que le G7 émette une obligation pour l'Ukraine semble avoir perdu du terrain, les États-Unis proposant désormais un prêt garanti par les revenus des avoirs gelés.

La question de savoir qui administrerait le prêt - la Banque mondiale ou un autre organisme -, comment il serait garanti, comment les bénéfices futurs pourraient être estimés et ce qui se passerait en cas d'accord de paix avec la Russie n'a pas encore été clarifiée.

Les fonctionnaires européens sont particulièrement prudents, un diplomate de l'UE ayant déclaré qu'il faudrait "des semaines, voire des mois" pour qu'une décision finale soit prise.

IMPLICATIONS JURIDIQUES

L'Italie assure la présidence du G7 cette année et son ministre de l'économie, Giancarlo Giorgetti, a déclaré la semaine dernière que les propositions américaines sur l'utilisation des actifs russes avaient "des implications juridiques assez sérieuses" qui doivent encore être clarifiées.

Le ministre japonais des finances, Shunichi Suzuki, a également souligné que tout accord devait être conforme au droit international.

La Russie a mis en garde à plusieurs reprises l'Occident contre les conséquences d'une atteinte à ses actifs et a accusé Washington de pousser l'Europe à prendre des mesures plus radicales pour la contrecarrer en Ukraine.

Les perspectives du commerce mondial seront un autre sujet central à Stresa après que les États-Unis ont dévoilé la semaine dernière de fortes hausses des droits de douane sur une série d'importations chinoises, notamment des batteries de véhicules électriques, des puces informatiques et des produits médicaux.

M. Giorgetti a déclaré, après la décision américaine, qu'une "guerre commerciale" était en cours, reflétant les tensions géopolitiques, et a mis en garde contre le risque de "fragmentation" du commerce mondial.

Les États-Unis ne demandent pas à leurs partenaires de prendre des mesures similaires à l'encontre de la Chine, mais un fonctionnaire a déclaré qu'ils feraient probablement pression pour que le communiqué du G7 exprime une préoccupation commune à l'égard de ce qu'ils appellent la "surcapacité" industrielle de Pékin.

La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a déclaré mardi à Francfort que les États-Unis et l'Europe devaient faire face à la menace des importations chinoises d'une "manière stratégique et unie" afin de préserver la viabilité des fabricants de part et d'autre de l'Atlantique et d'encourager le développement de leurs industries nationales d'énergie propre.

Selon le programme officiel publié par la présidence italienne, d'autres sujets seront abordés à Stresa, notamment l'impact de l'intelligence artificielle sur l'économie mondiale et un "bilan" des sanctions contre la Russie.

La fiscalité sera également à l'ordre du jour, l'Italie tentant de relancer un accord sur un impôt minimum mondial sur les multinationales, signé par environ 140 pays en 2021, mais qui n'a pas été pleinement mis en œuvre en raison de l'opposition des États-Unis et d'autres pays.

Une proposition d'impôt mondial sur la fortune des milliardaires, promue par le Brésil et la France au sein du groupe élargi des 20 pays développés, devrait également être discutée à Stresa, mais elle se heurte à la résistance des États-Unis, a déclaré l'un des responsables. (Reportage complémentaire de David Lawder à Washington et de Julia Payne à Bruxelles ; rédaction d'Alex Richardson)