Le retour des mauvaises nouvelles après une quinzaine plutôt bénigne a fait à nouveau vaciller les marchés actions hier. Le Nasdaq américain, riche en valeurs technologiques, a reperdu 4% en trois séances. Le prophète de malheur s'appelait hier Walmart. Le distributeur américain a abaissé, pour la seconde fois en quelques semaines, ses prévisions 2022. Le message est clair : le consommateur est sous pression et l'entreprise doit multiplier les efforts commerciaux, comprendre rogner sur ses marges, pour maintenir un niveau d'activité correct. Tout puissant qu'il est, même le consommateur américain a commencé à arbitrer ses dépenses. Tout ça cadre assez bien avec la phase de ralentissement économique en cours, dont certaines entreprises portent déjà les stigmates. Et fait ressortir le bipartisme habituel de ces périodes : les sociétés qui ont un pouvoir élevé de fixation des prix, quelle qu'en soit l'origine, s'en sortent mieux que les autres. Celles qui revoient en baisse leur objectifs, elles sont plus nombreuses que d'habitude, sont généralement prises entre le marteau et l'enclume : des coûts en hausse mais des prix qui ne montent pas aussi vite.

Ça c'est pour la grande histoire, celle que le commun des mortels constate quand il s'agit d'acheter les produits du quotidien ou des équipements plus durables. Sur les marchés financiers, une partie des mouvements quotidiens se nourrit de signaux plus triviaux. Par exemple, de résultats jugés porteurs en provenance de Microsoft et d'Alphabet hier soir. En réalité, les résultats du groupe fondé par Bill Gates ne sont pas flambants et le titre a d'ailleurs chuté post-séance à leur annonce. Mais la pente s'est inversée durant la conférence de présentation grâce à une prestation jugée convaincante du directeur financier, en particulier sur les prévisions et la dynamique de la division Cloud. L'avenir dira si ce sont des carabistouilles mais l'enrobage marketing a bien fonctionné. Pour Alphabet, le consensus a aussi été loupé et le taux de croissance est au plus bas de deux ans. Mais on est loin de la déconfiture connue par exemple par Snap sur la publicité, ou des licenciements annoncés par Shopify. Là aussi le titre gagne du terrain hors séance.

Il y a quelques semaines, ces petites déceptions sur des acteurs réputés pour la qualité de leurs résultats auraient sans doute provoqué des dégagements massifs, mais l'ambiance a un peu changé dernièrement. En tout cas les deux publications permettent aux indicateurs avancés européens et américains d'évoluer dans le vert ce matin, alors que le compte à rebours est lancé avant la décision de politique monétaire de la Fed ce soir. Les bookmakers de Wall Street donnent 75% de chances pour une hausse de taux de 75 points de base, qui a l'air d'être devenu le tarif de base aux Etats-Unis. La banque centrale devrait réitérer sa détermination à détruire l'inflation par la politique de hausse de taux. Les financiers vont fouiller dans le discours de Jerome Powell pour trouver des indices permettant de savoir jusqu'où la Fed prévoit de monter. Un exercice compliqué voire vain dans la mesure où la Fed ne le sait pas elle-même.

Dans le reste de l'actualité du jour, une tripotée de résultats d'entreprises, des plus grosses aux plus petites, sur tous les continents. Les têtes d'affiche du matin sont Equinor, BASF, Airbus, GSK ou Mercedes. A Wall Street, Meta Platforms et Qualcomm tiendront la vedette après la clôture ce soir. Hier post-séance européenne, LVMH a publié des résultats qui défient toujours la tendance mais qui ont été initialement accueillis tièdement par des investisseurs exigeants. Adidas et Michelin ont envoyé des signaux négatifs sur leurs marchés respectifs. On est loin de la fête permanente des dernières années, quand ceux qui ne dépassaient pas largement leurs objectifs étaient de gros losers. Incongruité du jour quand même, les Aficionatos peuvent se réjouir : Atos a à peu près confirmé ses objectifs annuels, ce qui n'était plus arrivé depuis… Impossible de s'en souvenir. Et seconde incongruité : il en aura fallu du temps mais c'est arrivé, le Crédit Suisse en a visiblement marre de faire les gros titres des scandales bancaires. La banque aux deux voiles change de directeur général et va lancer un audit en profondeur de ses activités.

Pour finir, Joe Biden et Xi Jinping doivent discuter jeudi alors que la situation se crispe à nouveau autour de Taiwan. Les plus optimistes espèrent que la rencontre pourra débloquer la situation sur le projet de réduction des droits de douane frappant les produits importés de Chine aux Etats-Unis (qui faciliterait les desseins contrinflationnistes de la Fed). Le projet, qui devait dit-on aboutir au début du mois de juillet, n'a toujours pas bougé d'un pouce.

Les indicateurs avancés occidentaux sont donc haussiers ce matin, en s'appuyant sur Microsoft et Alphabet plus que sur Adidas. En Asie Pacifique, de légères hausses sont visibles au Japon, en Inde et en Australie, tandis que la Chine et la Corée du Sud, plus sensibles au recul du Nasdaq hier soir, perdent du terrain. Le CAC40 perd 0,1% à 6206 points.

Les temps forts économiques du jour

La décision de la Fed sur ses taux monopolisera donc l'attention à 20h00. Avant cela, il y aura eu une avalanche de "stats" macros américaines : stocks des grossistes et commandes de biens durables à 14h30, chiffres de l'immobilier ancien à 16h00 et stocks pétroliers à 16h30. Tout l'agenda macro ici.

L'euro a reculé à 1,0145 USD. L'once d'or perd du terrain à 1716 USD. Le pétrole recule à nouveau, avec un Brent de Mer du Nord à 104,40 USD le baril et un brut léger américain WTI à 95,21 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans est rémunéré 2,80%, toujours sous le 5 ans, le 2 ans et le 6 mois. Le bitcoin est stable autour de 21 100 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Assicurazioni Generali : J.P. Morgan passe de surpondérer à neutre en visant 17 EUR.
  • Axa : J.P. Morgan passe de neutre à surpondérer en visant 29 EUR.
  • BigBen : In Extenso reste à l'achat avec un objectif réduit de 19,05 à 17,75 EUR.
  • Dassault Systèmes : Berenberg reste acheteur avec un objectif relevé de 46,50 à 50 EUR.
  • De'Longhi : Berenberg reste à l'achat avec un objectif réduit de 32 à 24 EUR.
  • Eutelsat : AlphaValue reste à l'achat avec un objectif réduit de 16,80 à 11,60 EUR.
  • Faurecia : Berenberg reste à l'achat avec un objectif réduit de 39 à 29 EUR.
  • Lindt : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 123 000 à 127 000 CHF.
  • Logitech : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 107 à 92 CHF.
  • Rémy Cointreau : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 200 à 220 EUR.
  • Schindler : Berenberg reste à conserver avec un objectif réduit de 180 à 170 CHF.
  • Stadler Rail : UBS reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 50 à 45 CHF.
  • UBS : RBC reste à surperformance avec un objectif de cours réduit de 19 à 17 CHF.
  • Unilever : Deutsche Bank passe de conserver à acheter. DZ Bank passe d'acheter à conserver en visant 4350 GBp.
  • Veolia : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 27 à 25 EUR.

En France

Résultats des sociétés

  • Atos : Les objectifs annuels sont confirmés après les semestriels.
  • Danone : Le groupe relève sa prévision de croissance du chiffre d'affaires pour 2022.
  • Eurofins : Le groupe revoit à la hausse ses ambitions pour 2022 après des revenus records au S1.
  • Klépierre : La foncière voit un peu plus haut de précédemment pour ses résultats annuels.
  • LVMH : La croissance organique du T2 a atteint 19%, avec des ventes de 18,73 Mds€. Les résultats sont en hausse.
  • Michelin : Le pneumaticien a abaissé ses prévisions de croissance du marché cette année. Mais les objectifs devraient être tenus.
  • Valeo : Les objectifs 2022 sont confirmés après les comptes semestriels. Les prises de commandes sont élevées, assure le management.
  • Vallourec : Le fabricant de tubes sans soudure a enregistré une perte nette de 415 M€ au T2, à cause des frais de son plan social.
  • Worldline : Le groupe confirme ses objectifs 2022 après une vive hausse de ses résultats au S1.

Annonces importantes (et moins importantes)

Dans le monde

Résultats des sociétés

  • Adidas : Le groupe revoit en baisse ses objectifs 2022.
  • Alphabet : Le géant du numérique gagne 5% hors séance après ses résultats trimestriels.
  • BASF : Le chimiste relève ses perspectives de revenus mais met en garde contre les risques.
  • Daimler : Mercedes relève ses prévisions annuelles.
  • Deutsche Bank : La banque a vu ses bénéfices croître au T2 mais avertit de tensions sur les coûts.
  • Equinor : Le géant norvégien a publié des résultats trimestriels en très forte hausse, grâce à l'envolée du pétrole.
  • GSK : Le laboratoire revoit à la hausse ses prévisions pour l'ensemble de l'année, quelques jours après la scission des produits de santé grand public.
  • Holcim : Les résultats trimestriels sont en amélioration et dépassent les attentes.
  • Iberdrola : Le groupe espagnol a dégagé 2,08 Mds€ de bénéfice net au T2.
  • Microsoft : Le titre gagne 4% hors séance après avoir publié ses résultats trimestriels.
  • Reckitt : Le Britannique passe dans le vert au premier semestre et relève ses prévisions de revenus pour l'exercice 2022.
  • Texas Instruments : L'action gagne 3% après la clôture de Wall Street dans le sillage de résultats trimestriels bien accueillis.

Annonces importantes (et moins importantes)

Lectures