La période de flottement se confirme sur des marchés boursiers qui donnent l'impression d'être à la croisée des chemins, après leur nette remontée du mois de janvier. Hier en Europe, les indices ont navigué toute la journée autour de l'équilibre, pour clôturer sur des variations relativement modestes, à la hausse comme à la baisse. Sauf sur les marchés lourdement lestés en valeurs bancaires, comme Milan et Madrid, qui ont plus franchement reculé. A la clôture, le CAC40, le DAX, l'AEX et le SMI évoluaient sur des variations inférieures à 0,2% autour de zéro. Le Stoxx Europe 600 perdait un peu plus de terrain (-0,33%), la palme revenant au FTSE MIB italien avec -1,12% au compteur, derrière l'IBEX (-0,86%), cher à mon confrère Eduardo Quinonez qui s'occupe de la version espagnole de Zonebourse.

Aux Etats-Unis, l'électroencéphalogramme était plat lui aussi, après la gifle reçue la veille. Le Nasdaq 100 a repris 0,05% après avoir perdu plus de 2% mardi, pendant que le S&P500 rendait 0,16%. A Wall Street, le compartiment bancaire n'a pas été aussi malmené qu'en Europe, mais l'immobilier et les valeurs pétrolières ont affecté la performance.

Le meccano à l'œuvre est assez cohérent, ce qui n'est pas toujours le cas sur la planète finance. Ceci dit si tout était cousu de fil blanc, on s'emmerderait probablement ferme. Laissez-nous quand même GameStop, Elon Musk et Atos. Mais en l'occurrence les choses sont un peu plus terre à terre. Je m'explique. Les investisseurs craignent le maintien de taux élevés pendant une durée plus longue que prévu, ce qui grève la performance du marché des actions (l'argent est plus cher) et du marché obligataire (les rendements montent, le prix des obligations baisse). La dynamique économique risque d'en souffrir (le pétrole est sous pression). La politique monétaire restrictive de la Fed renforce le dollar et fait baisser l'or. Pour invalider la configuration du moment, il faudrait que les indicateurs macroéconomiques soient plus franchement déflationnistes, ce qui n'est plus vraiment le cas des dernières annonces : le marché du travail est robuste, les indicateurs d'activité ont tendance à remonter et la modération de la hausse des prix n'est pas suffisamment convaincante.

La prochaine statistique macro importante aux Etats-Unis est l'inflation PCE (l'inflation qui frappe le consommateur), qui sera annoncée vendredi. Avec une lecture probablement assez binaire : soit le chiffre est conforme aux attentes ou en ralentissement plus marqué que prévu et les marchés actions devraient apprécier, soit il est plus dynamique que prévu et cela renforcera le sentiment d'une inflation qui n'a pas dit son dernier mot, ce qui obligerait la Fed à maintenir une pression que les financiers n'apprécieraient guère. Les minutes de la dernière réunion de la banque centrale qui ont été publiées hier soir ne font guère avancer le schmilblick : les grands argentiers américains pédalent toujours dans la choucroute, ou l'expression locale équivalente que je ne connais pas.

Pendant ce temps, le bal des résultats d'entreprises continue avec dans la nuit un très bon accueil réservé aux résultats de la star des cartes graphiques, Nvidia, dont les résultats pourraient inspirer le secteur des semiconducteurs. Secteur des semiconducteurs qui est, je le rappelle, la locomotive du compartiment technologique en particulier et du marché actions global en général. C'était moins la fête en revanche pour eBay. En Europe, nouvelle palanquée à venir, avec l'assureur AXA, le spécialiste de la lunetterie EssilorLuxottica, les laboratoires AstraZeneca et GSK ou le géant des produits de grande consommation Unilever. Le chinois Alibaba et les industrielles américaines Raytheon et Honeywell seront sur les tablettes un peu plus tard.

Les opérations financières d'envergure ne sont pas très nombreuses en Europe ces dernières semaines, aussi l'annonce d'un projet de rachat du néerlandais Allfunds par l'opérateur boursier Euronext pour 5,5 Mds€ constitue-t-il une rareté dans le paysage. Les deux entreprises ont été forcées de rendre le projet public pendant la séance hier, après une fuite. Allfunds a naturellement bondi jusqu'aux environs du prix proposé, pendant qu'Euronext accusait le coup, les investisseurs estimant, à juste titre, que l'opération n'est pas dénuée de risques. Les opérateurs boursiers continuent à chercher à renforcer leurs positions en se diversifiant. La transaction, si elle aboutit, ne devrait pas poser trop de soucis antitrust, puisque c'est la principale menace qui pèse sur ces mariages actuellement. Les méga-opérations récentes en sont l'illustration, avec Microsoft / Activision et Broadcom / VMware sur la sellette, plusieurs mois après leurs déclarations de rapprochement.

Les marchés japonais sont fermés ce matin pour l'anniversaire de l'empereur. Les indices chinois sont légèrement baissiers, même le Hang Seng qui aurait pu se montrer plus gourmand après les résultats de Nvidia. Des résultats qui soutiennent bien mieux le KOSPI coréen, qui rebondit de 1,8%. Il faut dire que les semiconducteurs pèsent lourd à Séoul. L'Inde grappille quelques points mais l'Australie enchaîne une troisième séance de baisse, baisse modérée mais baisse quand même, grevée par ses valeurs minières et bancaires. L'ambiance est meilleure en Europe où l'on va tenter un rebond ce matin à l'ouverture, avec le soutien d'indicateurs avancés américains qui se sont redressés avec, encore, les chiffres de Nvidia. Ça tient à peu de choses, parfois. Le CAC40 gagnait 0,3% à 7321 points peu après l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

La seconde lecture de l'inflation européenne de janvier (11h00) précèdera aux Etats-Unis l'indice de la Fed de Chicago, les inscriptions hebdomadaires au chômage et une nouvelle estimation du PIB du T4 (14h30). Tout l'agenda ici.

L'euro recule à 1,0620 USD. L'once d'or reste sous pression à 1828 USD. Le pétrole continue à glisser, avec un Brent de Mer du Nord à 80,68 USD le baril et un brut léger américain WTI à 74,27 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans reste haut perché à 3,92%. Le bitcoin se maintient autour de 24 500 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Abivax : Kepler Cheuvreux reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 16 à 11 EUR.
  • Ageas : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 52,30 à 54,90 EUR.
  • ASM International : Citigroup démarre le suivi à l'achat en visant 390 EUR.
  • BP Plc : Berenberg passe d'acheter à conserver en visant 590 GBp.
  • Comet : UBS reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 259 à 263 CHF.
  • Dormakaba : Jefferies passe de conserver à acheter en visant 500 CHF.
  • Faurecia : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 24 à 25 EUR.
  • KPN : Berenberg passe d'acheter à conserver en visant 3,45 EUR.
  • Mercedes : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 68 à 70 EUR.
  • Schindler : Credit Suisse reste à surperformance avec un objectif de cours relevé de 195 à 230 CHF.
  • Stellantis : Banca Akros passe de neutre à accumuler en visant 19 EUR.
  • Straumann : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 130 à 148 CHF. UBS passe de vendre à neutre en visant 126 CHF.
  • Unibail : Goldman Sachs passe de vendre à neutre en visant 68 EUR.
  • Viscofan : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 71 à 70 EUR.

En France

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Accor : dépasse les estimations de bénéfices grâce à une bonne fin d'année.
  • Arkema : le chimiste a dégagé un Ebitda record en 2022 mais anticipe un recul cette année.
  • AXA : le chiffre d'affaires est quasi-stable en 2022, mais le bénéfice baisse sous les attentes. L'assureur a toutefois relevé sa prévision de croissance moyenne du résultat par action sur la période 2020/2023, tout en annonçant un programme de rachat d'actions de 1,1 Md€.
  • Bouygues : prévoit une hausse de son ROC en 2023 en intégrant Equans sur l'ensemble de l'année. Les revenus seront stables.
  • Eramet : après des résultats records en 2022, la conjoncture sera moins favorable cette année mais l'Ebitda devrait atteindre 1,2 Md€.
  • EssilorLuxottica : les résultats 2022 sont en hausse, avec un dividende porté à 3,23 EUR par action. Le groupe a confirmé ses prévisions de moyen terme (2022/2026).

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Les Amis de la Terre France, Notre Affaire à Tous et Oxfam France assignent BNP Paribas pour non-respect de la loi sur le devoir de vigilance des multinationales, lui reprochant son soutien aux énergies fossiles.
  • TotalEnergies va plafonner les prix du diesel et de l'essence sous la barre des 1,99 EUR par litre en 2023.
  • EssilorLuxottica renouvelle son accord de licence sur Target Optical.
  • Eiffage remporte en groupement la réalisation du nouveau quartier général de la Défense à Bruxelles, pour un montant total de 499 M€.
  • Le projet de Xavier Niel éliminé de la procédure d'attribution de la fréquence TNT de M6 Métropole Télévision.
  • Orpea prolonge sa procédure de conciliation d'un mois, jusqu'au 25 mars, sans autre prolongation possible.
  • Solocal décale la publication de ses comptes, en précisant que l’EBITDA récurrent et la génération de flux de trésorerie opérationnel sur 2022 sont en ligne avec les objectifs annoncés.
  • Drone Volt signe une commande de 20 M€.
  • Quantum Genomics révoque son patron et abandonne le firibastat en cardiologie.
  • OSE Immuno obtient une publication des résultats de phase I avec OSE-127/S95011 dans The Journal of Immunology.
  • Vergnet modifie à nouveau son contrat d'OCABSA Negma.
  • Abivax lève 123 M€ à 6,50 EUR l'action auprès d'investisseurs menés par TCGX, pour étendre ses ressources d'un peu plus d'un an, jusqu'à la fin du second trimestre 2024. La finalisation du programme de phase III nécessitera de lever de nouveau fonds.
  • Ils ont publié aussi / ils sont sur l'agenda : Saint-Gobain, Bouygues, Seb, Alten, Getlink, Axway, Lisi, Fnac Darty, Jacques Bogart, Bureau Veritas, Ceram, Bourse Direct, Carmat, Sopra Steria, Colas, Nexity, Metabolic Explorer, Bilendi, Cerinnov, Ramsay Générale de Santé

Dans le monde

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • BAE Systems : le Britannique a affiché une hausse de 9,5% de ses bénéfices annuels et prévoit une nouvelle croissance cette année.
  • eBay : le titre perd plus de 5% hors séance après la publication des résultats trimestriels.
  • Eni : voit son bénéfice net doubler à 13,8 milliards d'euros en 2022.
  • Genmab : le Danois prévoit une hausse de son chiffre d'affaires et une baisse de son bénéfice d'exploitation en 2023.
  • Nvidia : le titre gagne 9% hors séance après la publication des résultats trimestriels.
  • Pirelli : vive croissance des résultats 2022. Le marché sera moins dynamique cette année.
  • Rolls-Royce : bat les prévisions avec une hausse de 57% de son bénéfice.
  • Telefonica : le bénéfice net 2022 dépasse les attentes du marché à 2 Mds€.
  • WPP : prévoit une croissance de 3 à 5% en 2023.

Annonces importantes (et moins importantes)

Lectures