"Plus Powell parle, plus les actions et les obligations montent". Ce commentaire, qui barre la une du site internet de Bloomberg ce matin, est bien trouvé et résume assez justement l'état d'esprit du moment. Hier soir, la banque centrale américaine a relevé son taux directeur de 25 points de base. C'est ce qui était prévu. Ce tour de vis intervient après quatre hausses de 75 points de base et une de 50 points de base. Le taux des "Fed Funds" se situe désormais dans la fourchette 4,50 à 4,75%. Il y a un an, il était proche de 0 (0,08% précisément en février). On mesure ainsi le chemin parcouru pour rendre l'argent plus cher et, c'était le plan, calmer la surchauffe des prix.

Ça, c'est pour la partie mathématique. En ce qui concerne la narration, les investisseurs s'attendaient à se faire un peu taper sur les doigts par le patron de la Fed, Grincheux Powell. Après tout, ils avaient cédé à leur penchant pour l'optimisme en revenant en masse sur les actifs à risques, en dépit des appels à la prudence des économistes et des banquiers centraux. Je pense même qu'ils étaient prêts à se laisser un peu tancer pour la forme. Au lieu de ça, ils ont eu droit à Guimauve Powell, c’est-à-dire une version plus sympa que ce qu'ils avaient imaginé. Et par sympa, j'entends un banquier central qui n'a pas utilisé les codes habituels de mise en garde et qui a semblé rendre les armes. Il y a eu quand même quelques avertissements, mais les financiers se sont focalisés sur deux éléments. D'abord, la Fed reconnaît que la baisse de l'inflation est enclenchée. Ensuite, elle n'a pas eu l'air particulièrement préoccupée par les prises de risques entrevues depuis le 1er janvier. Et quand Powell a un peu durci le ton, le marché ne l'a pas cru. Il n'a pas cru qu'il y aura encore deux hausses de taux dans le cycle actuel. Il n'a pas cru non plus qu'une baisse de taux est inenvisageable d'ici la fin de l'année.

Résultat des courses, Wall Street était en baisse après le communiqué publié par la Fed à 20h00, mais en vive hausse après les commentaires du chef de meute dans le cadre de la conférence de presse qui a démarré à 20h30. Le Nasdaq a ainsi repris 2,16% en fin de parcours. C'est la quatrième fois en dix séances que l'indice technologique américain gagne plus de 2%. Le S&P500 était lui en hausse de 1,05% à la clôture. Pénalisé par ses valeurs pétrolières et de santé, le Dow Jones a limité ses gains à 0,02%. S'il fallait résumer la séance, la Technologie a clignoté en vert fluo et l'énergie en rouge de mars. Plus tôt en Europe, l'attentisme dominait avant l'importante échéance monétaire. Le CAC40 a cédé 0,07% mais le DAX a progressé de 0,35%.

Aujourd'hui, l'actualité monétaire se déplace sur le Vieux Continent avec des décisions du côté de la Banque d'Angleterre et de la BCE. La première fait face à une inflation de 9,2% avec des taux directeurs à 3,5%. La seconde est confrontée à une inflation de 8,5% avec des taux à 2,50%. Les spécialistes s'attendent à un tour de vis de 50 points de base pour chacune des deux institutions. L'économie britannique apparaît actuellement bien plus fragilisée que celle des grands pays d'Europe continentale.

En parallèle, les publications de résultats d'entreprises continuent. Après plusieurs déceptions, Meta Platforms a délivré des chiffres qui ont rassuré les investisseurs cette nuit. L'ancien Facebook flambait de 20% hors séance, contribuant à redonner du carburant au rebond des valeurs technologiques. Plusieurs dizaines de grandes sociétés sont programmées aujourd'hui, jusqu'au trio Apple, Amazon, Alphabet ce soir après la clôture de Wall Street.

En Asie-Pacifique, les réactions sont mesurées ce matin. Le Nikkei 225 gagne 0,21% au Japon et l'ASX 200 un peu plus de 0,1% en Australie. En Chine, le CSI300 et le Hang Seng sont en léger repli en séance. La Corée du Sud garde le vent en poupe, propulsée par ses  valeurs technologiques : le KOSPI prend 1,1%. Le blues continue sur le marché indien ou plusieurs entreprises de la galaxie Adani Enterprises ont été suspendues après la poursuite de leur glissade boursière, consécutive à des craintes sur la solidité de l'édifice. Le SENSEX perd un peu de terrain. Les indicateurs avancés européens sont attendus en hausse.

Les temps forts économiques du jour

La Banque d'Angleterre (13h00) et la BCE (14h15) annonceront leurs décisions de politique monétaire. Parmi les statistiques du jour aux Etats-Unis, place à l'étude Challenger sur les licenciements (14h15), aux inscriptions hebdomadaires au chômage (14h30) et aux commandes de biens durables (16h00). Tout l'agenda ici. Ce matin, l'indice PMI manufacturier Caixin pour la Chine est ressorti inférieur aux attentes à 49,2 points, alors que le PMI "officiel" était en zone d'expansion.

L'euro est remonté à 1,10 USD. L'once d'or remonte à 1953 USD. Le pétrole a souffert hier, avec un Brent de Mer du Nord à 83,44 USD le baril et un brut léger américain WTI à 77,26 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans recule à 3,42%. Le bitcoin reste proche de 23 000 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Adecco : Goldman Sachs reste neutre avec un objectif de cours réduit de 34,50 à 33 CHF.
  • BBVA : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 5,80 à 6,80 EUR.
  • Billerud : Jefferies passe de sousperformance à conserver en visant 125 SEK.
  • Elior : AlphaValue passe d'alléger à acheter en visant 4,16 EUR.
  • Hugo Boss : Jefferies passe d'acheter à conserver en visant 69 EUR.
  • Husqvarna : DNB Markets passe de conserver à vendre en visant 82 SEK.
  • Illimity : Kepler Cheuvreux reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 13,10 à 9 EUR.
  • Kemira : Stifel démarre le suivi à l'achat en visant 21 EUR.
  • Logitech : Research Partners reste à l'achat avec un objectif réduit de 80 à 70 CHF.
  • Merck KGaA : Citigroup passe d'acheter à neutre en visant 200 EUR.
  • Nordnet : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 200 à 210 SEK.
  • Trifork : Berenberg démarre le suivi à l'achat en visant 200 DKK.
  • UBS : CFRA passe d'acheter à conserver en visant 21 CHF.
  • Unicredit : Société Générale passe de conserver à acheter en visant 19,60 EUR.

En France

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Dassault Systèmes : la croissance du chiffre d'affaires sera d'environ 5% en 2023. Les revenus du T4 étaient supérieurs aux attentes.
  • Neoen : révise à la hausse son EBITDA sur 2022.
  • Publicis : le publicitaire dépasse les attentes en 2022 et vise une hausse plus modérée de ses revenus en 2023.

Annonces importantes (et moins importantes)

Dans le monde

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • ABB : les entrées de commandes reculent au quatrième trimestre.
  • Banco Santander : le bénéfice net du T4 monte à 2,3 Mds€.
  • Deutsche Bank : le bénéfice net du T4 est un peu court par rapport aux attentes. Les revenus de l'année en cours devraient se situer entre 28 et 29 Mds€.
  • Infineon : la marge des segments devrait ressortir au T2 fiscal autour de 25%, contre 23,5% initialement projeté.
  • ING Groep : le bénéfice net du T4 ressort à 1,1 Md€, un peu plus que le consensus.
  • Meta Platforms : le titre gagne 20 % hors séance après la publication de ses trimestriels et l'annonce d'un gros rachat d'actions.
  • Nordea : le bénéfice net du T4 atteint 1,64 Md€.
  • Roche Holding : la croissance 2023 devrait ralentir.
  • Siemens Healthineers : le groupe enregistre une baisse de 28% du bénéfice d'exploitation du T4 à cause de la baisse des ventes de tests Covid et à des retards chez un fournisseur de son activité Varian.
  • Sony : le bénéfice opérationnel annuel devrait être légèrement supérieur à ce qui était attendu.

Annonces importantes (et moins importantes)

Lectures