Zurich (awp) - A un an du lancement en grande pompe de la cotation de certificats de dépôt (GDR) de sociétés chinoises à la Bourse suisse, il semble que cette option ait perdu de son attrait. Plusieurs entreprises ont officiellement renoncé à leurs projets de cotation secondaire sur SIX Swiss Exchange, pouvait-on lire lundi sur le site Nikkei, qui affirme en avoir identifié "au moins six".

Selon le média asiatique, ce recul intervient alors que l'appétit mondial pour les actions chinoises s'est émoussé en raison des inquiétudes autour de la vigueur de la reprise économique de l'Empire du milieu dans le sillage de la levée des restrictions sanitaires par Pékin.

Il reflète également les faibles volumes de transactions - aucune action de Ningbo Shanshan n'a changé de mains depuis son arrivée sur SIX l'année dernière, affirme Nikkei - ainsi que les nouvelles règles mises en place par le régulateur chinois (CSRC), qui ont rendu plus difficile l'introduction en Bourse (IPO) des entreprises à l'étranger.

Risque chinois et nouveauté

Sollicité par le média asiatique, l'opérateur boursier helvétique a reconnu le problème. "L'environnement de marché difficile et le faible appétit qui en résulte pour l'exposition au risque chinois, de même que la nouveauté des instruments GDR sur le marché suisse" se sont traduits par des volumes extrêmement faibles, a expliqué un porte-parole, ajoutant que ces difficultés n'étaient pas propres à SIX, Londres connaissant une situation similaire.

Le fabricant de modules solaires Aiko Solar Energy et le producteur de composants magnétiques Lingyi iTech Guangdong, cotés respectivement aux Bourses de Shanghai et de Shenzhen, ont récemment suspendu leurs projets de cotation en Suisse invoquant les changements qui agitent les marchés domestique et internationaux.

Selon l'avocat Li Shoushuang, du cabinet Dentons, qui conseille une entreprise chinoise en vue d'une cotation de GDR sur SIX, certaines de ces annulations pourraient être temporaires, certaines sociétés attendant de voir si elles seront en mesure d'accéder au marché américain. "Si elles veulent relancer leur projet, cela ne devrait pas être trop coûteux, la plupart des travaux préliminaires ayant été effectués", a déclaré M. Li.

Masse critique

Cet apparent désamour des entreprises chinoises pour une cotation secondaire sur SIX contraste avec les propos récemment tenus par l'ambassade de Chine en Suisse, qui avait indiqué à AWP il y a trois semaines que plusieurs entreprises préparaient "activement" leur entrée sur la place zurichoise dans le cadre du mécanisme Stock Connect lancé en juillet 2022.

Jusqu'ici, une quinzaine d'entreprises chinoises ont franchi le pas, mais il faudra encore "beaucoup de temps" avant que les émetteurs et les investisseurs se sentent à l'aise avec la cotation de sociétés chinoises en Suisse, a indiqué à Nikkei Richard Tang, stratégiste de Julius Bär en charge de la "Grande Chine", laissant entendre que le principal défi sera d'atteindre une masse critique.

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